Flash-Back

Réveillé par un mauvais cauchemar, Reagan observa sa chambre un long moment avant de comprendre qu'il venait de s'assoupir à une heure assez tardive. Lui qui n'aimait pas les siestes était donc servi. Il n'avait plus la notion du temps, de l'heure et se sentait horriblement nauséeux. Pour couronner le tout, son état second s'arrêta net lorsqu'il posa ses yeux sur la lune qui luisait dans le ciel. Une lune pleine, menaçante, surtout pour un être comme lui. Quelle heure était-il au juste ? Paniqué, Reagan observa la montre à son poignet. Il était presque vingt-trois heures. Il devait absolument se relaxer, reprendre ses esprits. Il commença donc à prendre une profonde inspiration, mais cette méthode ne semblait pas marcher.

Depuis quelques jours, Reagan ne se sentait pas bien. Le druide qui lui apprenait à se contrôler venait de mourir. Comment rester sain d'esprit dans ce genre de situation ? La déprime s'était installée. La tristesse. La colère. Tous les sentiments néfastes qui déclenchaient involontairement la lycanthropie. Reagan devait absolument sortir de son appartement, d'autant plus que son colocataire était ici. Qui sait ce qu'il se passerait si, une fois partiellement changé, Reagan venait à perdre le contrôle ? Il ne voulait pas blesser son ami ou pire, le tuer. Il sortit alors rapidement de sa chambre, veste en main, sans regarder ailleurs que devant lui. Il devait éviter Griffin, fuir. Le plus vite possible.


Présent

Voilà maintenant six mois que Reagan occupait une petite maison dans la forêt. Ici, il se sentait en sécurité et en harmonie avec la nature. Mieux encore, il pouvait sortir dès que les transformations difficiles menaçaient de lui faire oublier son coté humain lors des soirs de pleine lune. Et puis, que dire du calme ? Reagan pouvait peindre, photographier et même voir de magnifiques animaux qui osaient s'approcher de chez lui, sûrement car ils sentaient qu'il n'y avait rien de dangereux aux alentours. Ici, le lycan ne pouvait pas craindre d'être chassé. Personne ne pouvait le trouver, à moins d'être très futé ou obsessionnel.

Quelque part, la présence de Griffin troublait Reagan. Il avait tellement l'habitude de le voir, de déconner avec lui. Malheureusement, ce dernier s'était avéré être un chasseur. Il aurait pu même tuer Reagan, mais il ne l'avait pas fait. Devant sa page blanche, Reagan ne parvenait pas à dessiner les premiers traits de son dessin. Son esprit était trop préoccupait et l'orage qui grondait dehors ne l'aidait pas. La lumière grésillait parfois et le déstabilisait. Puis, quelque chose attira l'attention de Reagan. Quelque chose qui était à l'extérieur. Quelqu'un était ici. Il prit rapidement une arme qu'il gardait toujours près de lui, au cas où, et s'approcha de la porte, lentement, avant de l'ouvrir, sans attendre que quelqu'un toque ou qu'on entre de force.

Flash-Back

Ce sentiment d'épuisement mêlé à la satisfaction la plus brutale. La sensation de l'eau chaude sur sa peau. Le sang qui coulait jusqu'à disparaître et effacer les traces d'un acte aussi barbare que nécessaire. Un rituel exécuté chaque soir après une chasse, après un excès d'adrénaline, après une mission qui lui semblait naturelle. Griffin ferma les yeux, rejetant légèrement sa tête en arrière, alors que l'eau rendait sa peau pure. Son âme ne le serait jamais, rien ne pourrait la rendre pure ou effacer le sang qui l'avait éclaboussée depuis tout ce temps. Cet instant de pure relaxation lui faisait oublier les atrocités commises dans le monde, les atrocités qu'il rendait réelles avec ses armes et sa volonté de tuer tout être surnaturel croisant son chemin. Quand il ouvrait les yeux, la réalité reprenait sa place et Griffin réalisait qu'il était l'atrocité... mais ces êtres en étaient une, eux aussi. Il passa ses mains sur son visage puis sortit de la douche, faisant glisser une serviette sur son corps. Il avait trouvé son colocataire endormi lorsqu'il était rentré de sa chasse tardive, et avait pris soin de ne pas le réveiller.

Après avoir enfilé un débardeur et un jean, il sortit de la salle de bain sans bruit mais fut surpris de voir son colocataire passer près de lui, sans lui jeter le moindre regard. Il semblait pressé. Le chasseur jeta un coup d'oeil à son portable qui indiquait qu'il était presque vingt-trois heures. Ce n'était pas une bonne heure pour sortir, peut-être que sa sieste lui avait inspiré une envie précise? Griffin fronça les sourcils et croisa les bras en observant Reagan, appuyé contre le mur, non loin de la porte. « Dommage, je comptais préparer de quoi manger. Tu n'as pas l'air d'avoir bien dormi, tu as une tête affreuse. » Il sentit ses lèvres s'étirer en un léger rictus. De plus, Reagan ne pouvait pas sortir comme ça, surtout seul. C'était la pleine lune, et Griffin savait à quel point les lycans pouvaient être sauvages.

Présent

Trois mois. Cela faisait-il si peu de temps que Griffin était devenu ce qu'il redoutait le plus? Il croyait comprendre ce qu'il traquait depuis des années mais en réalité, il n'en savait rien. Il ne comprenait pas ce qu'il faisait, ce qu'il devenait, comment il devait agir. Il ignorait comment réagir devant son propre reflet. Une seule personne pouvait l'aider, la même personne qui l'avait fui car ils étaient dans des camps opposés, car Griffin avait failli le tuer pour ce qu'il était. Reagan. Ce simple nom lui faisait mal au coeur. Six mois depuis son départ, six mois à supporter son absence. Ils étaient devenus ennemis jurés, mais il était le seul qui pouvait l'aider, quelle ironie. Cette femme avait drôlement bien fait les choses. Griffin poussa un léger grognement en arrivant dans la forêt. Quelle idée de s'être installé ici. C'était sûrement confortable pour un lycan. Qu'est-ce qu'il pouvait en savoir? Il était encore débutant, au niveau chiot. Cette simple pensée aurait pu le faire rire, si seulement ses pensées ne l'agaçaient pas la majorité du temps dernièrement.

Il observa la maison d'un air sceptique. Les nains de Blanche-Neige allaient-ils en sortir en chantonnant? Des oiseaux faisaient-ils la cuisine de Reagan? Il n'eut pas le temps d'approfondir ses réflexions, la porte s'ouvrit, laissant apparaître dans son champ de vision Reagan. Il était armé en plus, ce couillon, c'était le monde à l'envers ! Griffin roula ses yeux puis braqua son regard sur son ancien colocataire. « Je t'ai manqué O'Leary? Sympa l'accueil, en tout cas. » Griffin ne bougea pas, restant exactement où il était. Cet idiot pourrait lui tirer dessus au moindre geste, autant rester sage pour le moment.

Flash-Back

« Dommage, je comptais préparer de quoi manger. Tu n'as pas l'air d'avoir bien dormi, tu as une tête affreuse. » Il avait fallu qu'il parle. Reagan poussa un profond soupir en observant le reflet de la lune qui éclairait une pièce de l'appartement plongée dans la pénombre. « J'ai fait une sieste qui n'était pas prévu. D'où ma tête affreuse. » Reagan était partagé entre son réveil brusque et ses symptômes de Lycan qui prenaient doucement le contrôle. Il referma alors ses poings, dans l'espoir de se protéger avec sa part d'humanité un peu plus longtemps avant que tout ne tourne au drame. Si son colocataire ne le laisser pas sortir d'ici rapidement... Reagan ne pouvait pas imaginer ce qui pourrait se passer.

« Et justement, je dois sortir en ville pour manger quelque chose. » Reagan avait sorti cette excuse pour ne pas être invité à rester pour le repas mais se rendit soudainement compte que Griffin était tout à fait capable de s'inviter, lui, à la sortie de Reagan. « Avec quelqu'un. Qui m'attend depuis quelques heures maintenant... » Reagan n'avait pas l'impression d'être convainquant. Personne ne l'appelait pour savoir où il se trouvait. La possible personne qui l'aurait attendu serait partie à l'heure qu'il est. Reagan ne savait pas réellement comment se sortir de ce cercle infernal et espérait que son colocataire soit crédule et ne pose aucune question.

Présent

Après avoir poussé la porte, Reagan fut à moitié surpris de voir qui se trouvait derrière. Griffin, son ancien colocataire. Le chasseur qui voulait sa peau, quelques mois auparavant. Que pouvait-il faire à part garder son arme pointée vers lui ? « Je t'ai manqué O'Leary? Sympa l'accueil, en tout cas. » Très drôle. Reagan n'eut aucune réaction et ne laissa pas Griffin bouger d'un pouce. Il se contentait de l'observer, d'analyser ses gestes et d'éviter de se faire tuer en deux secondes, sans s'en rendre compte. « Non, pas vraiment. D'ailleurs, je n'ai pas le souvenir de t'avoir invité ici. » Aucun sourire, aucun clin d’œil. Avant, Reagan ne cessait d'être taquin avec Griffin. Aujourd'hui, tout était beaucoup trop différent.

En parlant de différence... Reagan huma l'air. « Tu viens de tuer un loup ? » L'odeur de lycan était vraiment très présente dans l'air et Reagan était loin d'imaginer que Griffin en soit devenu un. Il s'approcha alors un peu plus, l'arme encore braquée sur son colocataire pour lui faire comprendre qu'il n'était pas le bienvenu s'il voulait se lancer dans une traque contre lui. « Qu'est-ce que tu fous ici ? »

Flash-Back

Il appelait ça une tête affreuse? Griffin aimerait bien lui ressembler au réveil. Mais il serait alors attiré par lui-même et cela serait très étrange, enfin passons. En observant plus attentivement son colocataire, il remarqua que Reagan avait refermé ses poings. Nerveux? Enervé? Affamé? Griffin plissa les yeux, quelque chose de bizarre arrivait à son colocataire et il ne le laisserait pas partir jusqu'à ce qu'il sache la raison de son comportement. A moins qu'il ait simplement la tête dans le cul. Néanmoins, ce qu'il disait n'avait pas de sens. Il devait manger avec quelqu'un qui l'attendait depuis quelques heures. Soit cette personne était idiote au point d'attendre bêtement durant tout ce temps soit Reagan était à chier concernant les mensonges, et Griffin optait pour la deuxième option sans aucune hésitation. « Soit tu me prends pour un con soit tu ignores ce que tu dis car tu te réveilles à peine soit tu me caches quelque chose. Qu'est-ce qui t'arrive Reagan? Tu as fait un mauvais rêve ou quoi? Tu sais, si tu fais tout ça pour éviter de goûter à ma cuisine, dis-le clairement, on peut commander un truc. » Griffin s'empara d'un couteau et chercha quoi préparer pour le dîner, mais il jouait pensivement avec son couteau. C'était la pleine lune, peut-être serait-il appelé à la chasse dans quelques heures. Et dire qu'il comptait passer une soirée pépère. La situation avec Reagan n'était pas ce qu'il pouvait appeler un début de soirée pépère. « Tu veux manger quoi? Tu comptes me mentir une nouvelle fois ou bien, tu vas me dire ce qui ne va pas? » Peut-être que Reagan ne voulait pas supporter la présence de Griffin, qui sait. Mais le jeune homme était méfiant depuis les réponses étranges de son colocataire. Quelque chose était en train de se passer et il était bien déterminé à savoir le fin mot de l'histoire.

Présent

Qu'est-ce que la vie solitaire en forêt pouvait rendre grognon une personne. Griffin comprenait pourquoi l'un des nains de Blanche-Neige était devenu grincheux. Il soupira et roula ses yeux, visiblement Reagan n'allait pas l'accueillir à bras ouverts mais il s'était attendu à cet accueil. Espérer autre chose aurait été bien con de sa part, surtout après leur dernière discussion à l'appartement. Mais le comité d'accueil prit rapidement fin, Reagan avait senti une odeur de loup dans l'air. C'était foiré côté discrétion, autant foncer dans le tas sans prendre de gants. « Putain, je sens le chien maintenant?! Et merde. Heureusement que je ne perds pas de poils, hein? Tu n'en perds pas non plus, non? Je ne me souviens pas d'avoir vu des poils de chien égarés à l'appartement, après tout. »

Griffin regarda Reagan droit dans les yeux. Il pouvait lui tirer dessus, lui dire de dégager mais il ne partirait pas sans qu'il ne lui aurait pas avoué ce qui se passait. Il ne s'attendait pas à ce que Reagan l'aide mais quelque part, il lui devait bien la vérité et il était le seul lycan qu'il connaissait véritablement. Son frère était un druide et Griffin avait un peu trop peur qu'il ne lui brûle les poils une fois qu'il serait transformé. « Tu vas peut-être avoir un fou rire ou me dire que c'est bien fait pour ma gueule... tu n'aurais pas tort... mais voilà, je suis comme toi. J'aboie, j'ai deux queues à la pleine lune, et je pousse un ahouuuuu assez bizarre d'ailleurs. Quelqu'un m'a maudit et maintenant, je suis dans la merde. J'ai trop de mal à m'adapter à cette connerie. Crois-moi, tu es la dernière personne à qui je voulais demander de l'aide mais j'imagine que je n'avais pas le choix. Je peux dégager, si tu veux, mais je voulais te prévenir. Et tu sais te servir de cette arme, au moins? »

Flash-Back

« Soit tu me prends pour un con soit tu ignores ce que tu dis car tu te réveilles à peine soit tu me caches quelque chose. » Reagan sentit son ventre et sa gorge se serrer. Il ne voulait pas que la situation dégénère et sentait les effets de la pleine une devenir de plus en plus imposants. Griffin était bien adorable de se préoccuper de lui, mais dans ce genre de situation, il devenait peu à peu gênant. Pourquoi retenir Reagan ? Le lycan pouvait partir où bon lui semblait, non ? Il pouvait mentir ? Apparemment pas. Il ne pouvait quand même pas lancer un "Je reviens, j'ai les crocs, je dois me métamorphoser dans la forêt pour pas blesser des gens, mais ne t'en fais pas je reviens vite !" « Qu'est-ce qui t'arrive Reagan? Tu as fait un mauvais rêve ou quoi? Tu sais, si tu fais tout ça pour éviter de goûter à ma cuisine, dis-le clairement, on peut commander un truc. » Reagan aurait dû rire. Il riait tout le temps lorsque Griffin faisait des commentaires de ce genre. Pas ce soir. D'un naturel toujours taquin et jovial, Reagan semblait différent ce soir. Il était clairement une autre personne et n'avait pas envie de plaisanter. « Non, tu cuisines bien, ce n'est pas le problème. »

Reagan cessa de parler lorsque Griffin prit un couteau de cuisine. Il ne savait pas pourquoi, mais cette vision lui faisait froid dans le dos. C'était comme si l'accessoire allait un peu trop bien à Griffin. Comme si... non, Reagan se faisait des idées. La pleine lune le faisait clairement délirer. Il devenait parano. « Tu veux manger quoi? Tu comptes me mentir une nouvelle fois ou bien, tu vas me dire ce qui ne va pas? » Reagan soupira bien fort. Trop fort. Il semblait détester son colocataire alors que tout allait très bien entre eux deux. D'habitude, Reagan passait son temps à flirter volontairement avec l'autre, et l'occasion s'y prêtait très bien ce soir. Pourtant... « Je ne sais pas pourquoi c'est si important pour toi que je reste, mais je dois partir, on m'attend. Je te l'ai dit. » Reagan se dirigea vers la porte, bien décidé à quitter cette pièce au plus vite.


Présent

Apparemment, Griffin n'avait pas lâché l'affaire depuis la découverte d'identité de chacun. Reagan gardait son arme pointée sur son ancien colocataire en espérant ne pas avoir à tirer. Quelque part, cette idée ne lui plaisait pas. Après tout, aucun des deux n'avait tué l'autre lorsque les masques étaient tombés. C'était certainement pour une bonne raison. « Putain, je sens le chien maintenant?! Et merde. Heureusement que je ne perds pas de poils, hein? Tu n'en perds pas non plus, non? Je ne me souviens pas d'avoir vu des poils de chien égarés à l'appartement, après tout. » Reagan fronça des sourcils avant de baisser les bras. Il avait l'impression que Griffin se foutait de lui, mais l'odeur était trop présente sur lui pour que ce soit une blague. « Qu'est-ce que tu racontes ? » Oui, l'histoire de la perte de poils, quand même. C'était ridicule, il fallait l'avouer. Comme si c'était un détail auquel il fallait prêter attention.

« Tu vas peut-être avoir un fou rire ou me dire que c'est bien fait pour ma gueule... tu n'aurais pas tort... mais voilà, je suis comme toi. » Reagan secoua la tête. D'habitude, ce genre de commentaire le faisait rire. « Non, sans déconner ? » Le lycan s'était permis cette réflexion mais était très curieux d'entendre la suite. « J'aboie, j'ai deux queues à la pleine lune, et je pousse un ahouuuuu assez bizarre d'ailleurs. » Du Griffin tout craché. Reagan eut un rire fin, qu'il remplaça bien vite par un air exaspéré. D'un coté, il était rassuré. Son colocataire n'avait pas beaucoup changé, malgré les apparences. « Quelle tragédie, vraiment. » Il pouvait se moquer de Griffin. Il le faisait tout le temps. Rappelez-vous, le Reagan taquin. Il n'avait pas entièrement disparu.

« Quelqu'un m'a maudit et maintenant, je suis dans la merde. J'ai trop de mal à m'adapter à cette connerie. Crois-moi, tu es la dernière personne à qui je voulais demander de l'aide mais j'imagine que je n'avais pas le choix. Je peux dégager, si tu veux, mais je voulais te prévenir. Et tu sais te servir de cette arme, au moins? » Reagan secoua la tête et rangea son arme sur la commode qui se trouvait à coté de lui. Au fond, il n'était pas content. Vexé, même, que Griffin n'ait plus eu envie de le voir après toute cette histoire. Mais il était là, quand même. Ce n'était pas rien. « Donc, si je résume bien, tu as tellement été étroit d'esprit en tuant un grand nombre d'être surnaturels sans te soucier de leur identité que maintenant, tu te retrouves maudit à ton tour ? J'ai vraiment envie de remercier la personne qui t'a fait ça. Au moins tu comprendras un peu mieux l'enfer que je traverse chaque jour ! » Reagan avait besoin de s'énerver après Griffin. Il avait été très proche de lui, à une époque, et tout était parti en fumée pour rien. Il lui en voulait encore, beaucoup. « Et maintenant, tu me demandes de l'aide parce que tu.. aboies bizarrement ? Ou c'est autre chose ? Parce que je n'ai pas de temps à perdre avec un chasseur. Tu en es toujours un, non ? Parce que si tu espères que je fasse disparaître ta lycanthropie, désolé mon pote, mais ce n'est pas possible. »

Flash-Back

Pas de plaisanterie? Pas de flirt? Quelque chose n'allait définitivement pas chez Reagan ce soir. Une simple observation sur sa cuisine, et rien de plus. Une incompréhension quant au fait que Griffin voulait que Reagan reste là ce soir. C'était quoi son problème? Il joua machinalement avec son couteau puis fronça les sourcils. La pleine lune allait bientôt être découverte par les nuages, et les loups se déchaîneraient dehors, dans leur état naturel. A y réfléchir, Reagan avait toujours quelque chose à faire durant la pleine lune, Griffin ne le voyait jamais. Il n'était jamais là lorsqu'il partait en patrouille, et il n'était toujours pas rentré lorsque Griffin revenait à l'appartement. Reagan lui donnait clairement l'impression qu'il l'emmerdait ce soir, et ce simple problème aurait suffi au chasseur mais pas ce soir, pas un soir de pleine lune. Il voulait protéger son beau petit cul d'éventuelles griffures mais Reagan semblait bien décidé à sortir, bien décidé à échapper à Griffin. Ce dernier ne l'entendait pas de cette oreille.

Griffin observa Reagan qui s'avançait vers la porte et s'approcha rapidement, enfonçait la lame du couteau dans la porte pour l'empêcher de sortir. Cette simple vision risquait d'effrayer Reagan, il ignorait tout de la véritable occupation de son colocataire, mais la pleine lune pouvait révéler bien des secrets, apparemment. « Tu vois, un autre soir, j'aurais avalé tes salades sans problème, Reagan, je te jure. Mais pas ce soir. Tu fous de ma gueule ou quoi? Pourquoi tu es si pressé de sortir, hm? Je ne pense pas qu'un meilleur coup que moi t'attende dehors ou alors... » Griffin plissa les yeux en voyant la silhouette de Reagan devenir un peu plus imposante, et la sueur couler sur sa peau. Oh putain de merde. Il s'avérait qu'il allait bien être de patrouille ce soir, contre son propre colocataire, son amant, son meilleur ami. Putain de merde, non. L'histoire se répétait, ce n'était pas possible. D'abord, son frère, et puis lui?! Non, que la vie aille se faire foutre. « ...dis-moi, cher Reagan, qui est ton Alpha? comment es-tu devenu à me cacher la vérité autant de temps? dommage que tu aies fait la sieste un peu trop tard, combien de temps aurais-je pu ne rien remarquer, hein? » Le ton de Griffin était devenu plus bas, et surtout menaçant. Il devait dissimuler ce qu'il ressentait, il devait faire son job.

Présent

Griffin n'avait aucune bonne raison de débarquer comme ça chez Reagan, pas après avoir tenté de le tuer avec un couteau de cuisine alors qu'il s'apprêtait à se transformer. Enfin, tenté de le tuer, c'était un bien grand mot. Il avait eu l'intention mais n'avait jamais fait le geste, il en avait été incapable, tout comme pour son frère. Quelle vie de merde, franchement. Et maintenant, il était comme lui, un fichu lycan, et il était la seule personne capable de l'aider. Alors, même si ça l'énervait, il le laissa faire du sarcasme en roulant ses yeux. Il n'était pas du tout amusé, il avait même envie de lui arracher la tête, mais il n'en fit rien, l'assassinant simplement du regard. Il n'était pas censé rire, certainement pas ! Il n'avait pas rigolé, lui, au moins. Bon ok, sa réaction avait été digne de celle d'un connard psychopathe mais il avait montré un peu de respect, il ne lui avait pas ri au nez, ou plutôt au museau. Au moins, Reagan avait décidé de ranger son arme, ce qui était un bon début.

Une envie de lui arracher la tête lui revint brutalement en écoutant son ancien colocataire. Il voulait presque remercier la putain de personne qui l'avait maudit?! Etait-il con ou simplement content de le voir subir ce sort? Reagan pensait que Griffin allait le comprendre, à présent, mais non, il ne le comprenait pas, il comprenait simplement la torture que chaque transformation lui infligeait, rien de plus, rien de moins. Ils n'étaient pas semblables sur un autre point. Et puis, depuis quand il était étroit d'esprit?! Il ne l'avait jamais été au lit, il ne pourrait pas dire le contraire ! Oh, comment leur performance se passerait-elle maintenant qu'ils pouvaient se conduire de façon bestiale au lit? Et merde, ce n'était pas le bon moment pour penser à ça. Qui sait, Reagan allait peut-être le castrer. « Ca y est, tu as fini?! Non je ne suis plus un chasseur, tout chasseur maudit doit rendre les armes et figure-toi que j'ai été chassé à mon tour. Vas-y, tu peux te foutre de ma gueule si ça t'amuse mais tu es le seul que je connaisse avec... avec ce problème ! J'aurais pu parler à mon frère, mais c'est un druide et... et je ne pense pas qu'il veuille me revoir de toute façon. Et je sais que tu ne voulais probablement pas me revoir mais me voilà quand même, et puis, je t'ai manqué, tu ne peux pas le nier. » Griffin soupira longuement, avant d'observer Reagan sans sourire, sans yeux pétillants, il avait un air sérieux sur le visage. « Je sais que cette connerie ne peut pas disparaître, enfin... tu ne peux pas le faire. Peut-être que ça serait possible si je retrouve celle qui m'a maudit mais pour l'instant, je suis dans une impasse et je dois bien me contrôler en attendant. Je ne peux rien gérer au boulot et... je veux savoir comment tu fais pour cacher tout ça, pour gérer la colère, l'envie de tuer et... les démangeaisons soudaines. Tu n'es pas obligé de m'aider, je le sais... mais je n'ai que toi. Voilà, tu es content? » Un air grincheux s'installa sur le visage de Griffin. Il espérait quand même que Reagan allait l'inviter à entrer car il commençait à faire froid et il mourrait de faim.

Flash-Back

La situation était de plus en plus complexe. Reagan savait d'avance qu'il n'allait pas pouvoir sortir avant un bon moment. Qu'est-que Griffin pouvait être têtu. Ou très intelligent. Trop intelligent. Armé d'un couteau, il n'hésita pas à s'en servir pour bloquer le passage à Reagan, qui soupira, forcé de s'arrêter dans sa lancé. Allait-il mourir des mains de celui qui était son amant d'occasion ? Son colocataire et meilleur ami ? Reagan déglutit en se tournant vers Griffin, qui semblait beaucoup plus sombre, plus menaçant, autant que lui pouvait l'être dans son état de transition entre l'homme et le loup. « Tu vois, un autre soir, j'aurais avalé tes salades sans problème, Reagan, je te jure. Mais pas ce soir. Tu fous de ma gueule ou quoi? Pourquoi tu es si pressé de sortir, hm? Je ne pense pas qu'un meilleur coup que moi t'attende dehors ou alors... » Ou alors ? Reagan leva les yeux vers lui, pratiquement dans le cosmos. Il ne se sentait pas bien. Mal à l'aise, ruisselant de sueur, il luttait pour ne pas faire sortir la bête. Il ne voulait pas, ne pouvait pas, attaquer Griffin. Qui qu'il soit.

« ...dis-moi, cher Reagan, qui est ton Alpha? comment es-tu devenu à me cacher la vérité autant de temps? dommage que tu aies fait la sieste un peu trop tard, combien de temps aurais-je pu ne rien remarquer, hein? » Le lycan commençait à changer de visage. Pas de façon surnaturelle, non. Son regard devenait plus sombre. Son air également. Il n'appréciait pas le ton que prenait son colocataire et se demandait s'il allait être capable de le tuer. Il avait bien compris, de toute façon. Il avait affaire à un chasseur. « Apparemment, tout ce temps. Et qu'est-ce que ça te fait de savoir que tu as couché avec un lycan sans le savoir ? Et que tu as aimé ça, en plus ? » Reagan eut un sourire. Il faisait son petit malin et provoquait volontairement le chasseur. S'ils allaient se battre ? C'était fort probable. Reagan était sur ses gardes. Il pouvait trouver un autre moyen de s'enfuir et comptait sur la réaction de Griffin pour se trouver une porte de sortie.


Présent


Reagan était vraiment furieux après Griffin. Il l'avait abandonné. Pourtant, ils n'entreraient pas une liaison exclusive, autrefois. Le chasseur n'avait été que son meilleur ami, avec quelques bénéfices, et rien de plus. Pourquoi réagissait-il comme s'il avait perdu quelqu'un de très important, dans ce cas ? Le coté meilleur ami, sans doute. Mais même les moments intimes lui avaient manqué. Sentir la chaleur de la peau du chasseur contre la sienne, voir son sourire avant, pendant et après leurs bons moments. C'était totalement stupide et Reagan avait lutté tous ces longs mois pour ne plus repenser à cette période, pour effacer Griffin de sa mémoire. Et il revenait. En lycan, cette fois-ci. Il n'était même plus chasseur et tant mieux ! Reagan n'aurait pas supporter une seconde confrontation, même s'il rêvait de cogner son ami, une dernière fois, pour lui faire ressentir la douleur qu'il avait ressenti tous ces jours séparé de lui. « Vas-y, tu peux te foutre de ma gueule si ça t'amuse mais tu es le seul que je connaisse avec... avec ce problème ! J'aurais pu parler à mon frère, mais c'est un druide et... et je ne pense pas qu'il veuille me revoir de toute façon. Et je sais que tu ne voulais probablement pas me revoir mais me voilà quand même, et puis, je t'ai manqué, tu ne peux pas le nier. » Reagan soupira. Griffin avait raison. Il lui avait manqué et il ne pouvait le nier. Seul son regard le trahissait.

« Je ne peux rien gérer au boulot et... je veux savoir comment tu fais pour cacher tout ça, pour gérer la colère, l'envie de tuer et... les démangeaisons soudaines. Tu n'es pas obligé de m'aider, je le sais... mais je n'ai que toi. Voilà, tu es content? » Le lycan hésita un instant avant d'observer les alentours, histoire d'être certain que personne n'avait suivi Griffin. Une fois rassuré, il fit entrer son ancien colocataire en le tirant par les vêtements, avant de le relâcher. « Je peux t'aider. Et oui, je suis assez content que tu te tournes vers moi finalement. Tu verras, tu vas apprécier ta condition de Lycan. Surtout au lit. » Reagan eut un large sourire. Il connaissait bien Griffin et son goût pour le sexe. « Mais tu te doutes bien que je ne vais pas pouvoir t'apprendre tout ça aujourd'hui ? Tu comptes faire quoi ? Rester un peu chez moi le temps que ça se calme ou faire des visites à l'improviste dès que tu as un soucis ? » Reagan soupira, trouvant la situation un peu improbable. « Tu sais... je suis encore en colère contre toi et je ne sais pas comment gérer ça. Comment réagir. Tu m'as abandonné et maintenant tu me supplies de t'aider. Mais est-ce que je t'ai au moins manqué ? »

Flash-Back

Très bien, Reagan optait pour la provocation concernant leurs histoires de cul. Chacun sa méthode mais elle marchait cruellement bien sur le chasseur. Griffin resserra sa prise sur le couteau de cuisine qu'il tenait, les yeux plissés, les dents serrées. Comment osait-il mêler le cul à ça? Ce n'était pas non plus du sexe surnaturel, ils ne le faisaient pas sur le plafond ou sur un lieu impossible à atteindre sans faculté surnaturelle, et le sexe avec un lycan ne lui donnait pas de crise cardiaque car il ne pouvait pas supporter sa force et sa bestialité. Oh oui, Griffin avait aimé ça, il en avait redemandé. Il devrait se détester maintenant, tout faire pour oublier son attirance envers Reagan, tout faire pour le tuer. Il avait une mission à accomplir et même s'il tenait énormément à son colocataire, une simple révélation leur avait ouvert les yeux. Ils étaient ennemis jurés, à présent, et rien ne changerait ça.

Griffin s'empara de Reagan par le col et le fit traîner jusqu'à le faire tomber assez brutalement sur la table basse. Les voisins allaient probablement entendre leur bordel et alerter la police mais d'ici qu'ils arrivent, la bagarre serait terminée et l'un d'eux serait mort, et l'autre aurait disparu. Fallait-il encore qu'ils aient la force de s'entretuer. Griffin joua avec son couteau, un sourire étirant ses lèvres. Pourtant, ses yeux ne montraient aucune joie. Il détestait cette situation mais s'il montrait un seul signe de faiblesse, Reagan allait en profiter et toute faiblesse rendrait un loup-garou encore plus redoutable, surtout en pleine lune. « Voyons si tu te bats aussi bien que tu baises, O'Leary. Après tout, c'est la pleine lune, tu peux faire mieux que ça, hm? » Griffin se rapprocha dangereusement de lui, le couteau pointé vers Reagan, et ce n'était pas le couteau qu'il aurait choisi dans une telle situation. « Oui, j'ai aimé ça mais je vais davantage aimer te tuer, Reagan, crois-moi. » Il méritait presque un Oscar pour sa prestation, putain.

Présent

Wow, Reagan l'avait fait entrer chez lui, c'était un bon signe, non? Ou alors il voulait le tuer sans alerter tous les animaux de la forêt qui seraient terrifiés. Il n'était pas une princesse Disney, alors les animaux ne viendraient certainement pas à sa rescousse. Quel dommage, un ours en manque de miel aurait très bien pu botter le cul de Reagan. Oh putain, Reagan était CONTENT?! Mais il allait vraiment lui arracher la tête. Et pourquoi ramenait-il TOUJOURS le cul à ce genre de discussion? Oui, Griffin adorait baiser Reagan de toutes les façons possibles mais ce n'était pas le moment d'y penser. La situation était sérieuse. Quel petit con, franchement. Et puis, il se doutait bien qu'il n'apprendrait pas tout d'un coup en un jour. Reagan n'était pas un magicien ou un génie, il était un lycan un peu plus expérimenté que lui, c'était tout. Griffin poussa un petit grognement pour montrer qu'il était furieux et croisa les bras dans un coin, en profitant pour observer le lieu dans lequel Reagan habitait. « Je ne sais pas ce que je vais faire, figure-toi. Les chasseurs me retrouveraient bien trop facilement à l'appartement, et j'ai toutes mes affaires dans la voiture. Je ne reste jamais au même endroit plus de trois jours. Je sais comment les fuir, les affronter mais... mais ce que je suis devenu est un putain de mystère, ok? Je sais que ça prendra du temps mais voilà... et je ne vais pas te demander de m'héberger, je t'en demande déjà trop ce soir, ok? Tu vois, je ne suis pas si con. »

Oh boo hoo, Reagan était encore en colère. Bah figurez-vous que Griffin l'était aussi ! Il n'allait pas décroiser les bras, lui faire un gros câlin, partager un repas avec lui et rire, ah certainement pas. Il y avait une confiance à reconstruire, la méfiance à dissiper, et il fallait qu'ils sachent ce qu'ils étaient l'un pour l'autre depuis tout ce temps. Un maître jedi lycan et un padawan lycan pour l'instant, c'est ce qu'ils étaient en tout cas. Reagan pensait que Griffin l'avait abandonné, quelle mignonne petite blagounette ! « Wow, je t'ai abandonné? Tout de suite les grands mots ! Non, je ne t'ai pas abandonné. Je n'avais pas le choix, ok? Tu es un lycan et moi, à l'époque, j'étais un chasseur. Etre chasseur m'a permis d'être pleinement accepté par ma famille adoptive. J'avais quelque chose en quoi croire, j'étais respecté, j'étais doué à quelque chose, ok?! Et maintenant, d'un coup, je suis devenu ma pire crainte ! Je ne t'ai pas abandonné, je faisais simplement mon job. Je n'ai pas pu te tuer, comme je n'ai pas pu tuer mon frère, j'ai été faible et j'ignore si je m'en veux, si j'aurais aimé finir le travail mais la situation est ainsi pour l'instant et tu dois m'aider. Et pour ta gouverne, tu m'as manqué mais là, tu me fais déjà chier. Il y a quelque chose à bouffer, au fait? » Griffin adressa un petit sourire en coin à Reagan, un sourire qui restait tout de même narquois, sa marque de fabrique.

Flash-Back

Avec ou sans son secret révélé, Reagan n'était pas bien différent. Toujours provoquant. Prêt à déclencher les foudres de son colocataire. Ce soir, tout pouvait très vite tourner au drame. Leur petite querelle n'allait pas bien se terminer et Reagan regrettait que ce ne soit pas aussi simple de changer les idées de Griffin. Il s'attendait donc à recevoir un coup de poing, ou de couteau, et fixait ce qui était désormais son adversaire en prenant garde au moindre signe trompeur. Les mains de Griffin bougèrent dans un tic nerveux. Reagan se prépara donc à passer un mauvais quart d'heure. Le chasseur s'empara sans plus attendre de son col pour le traîner jusqu'à la table basse, où il le laissa tomber. Reagan afficha une grimace tant la douleur dans son dos était forte. Mais ce n'était rien comparé à ce qu'il ressentait psychologiquement. « Voyons si tu te bats aussi bien que tu baises, O'Leary. Après tout, c'est la pleine lune, tu peux faire mieux que ça, hm? » Le lycan posa son regard sur le chasseur sans bouger. Il voulait le laisser approcher et jouer au prédateur un petit moment encore. Le temps de se préparer à attaquer en retour.

« Oui, j'ai aimé ça mais je vais davantage aimer te tuer, Reagan, crois-moi. » Le voilà, le signal. Cette simple phrase fit monter la colère de Reagan d'un cran. Il se releva de toute ses forces pour se ruer vers son colocataire, en prenant soin de le pousser contre le mur avec une telle force qu'il en lâcherait son couteau. La main gauche fermement appuyée contre le cou de Griffin, Reagan grogna en s'apprêtant à le griffer avec son autre main de libre. Il leva le bras, prit de l'élan... mais rien. À la dernière minute, le lycan s'était arrêté, à quelques centimètres du visage du chasseur. Il ne pouvait pas le tuer. Il devait juste fuir. La fenêtre était ouverte... sans plus attendre, Reagan bondit en arrière, puis sur ce qu'il restait de la table basse, et s'élança vers la fenêtre...


Présent

Reagan faisait son malin, pour mieux faire comprendre à son ancien colocataire qu'il avait encore du venin en réserve. Toutes ces journées, ces nuits, à penser qu'il le détestait... c'était assez douloureux en réalité. Autant lui faire comprendre. Ce n'est pas parce que monsieur le chasseur était devenu un Lycan qu'il avait le droit d'être pardonné de tous ses actes et de toutes ses vieilles paroles. Et puis, il fallait également que Reagan en sache davantage sur ses intentions. Allait-il rester ici ou non ? Parce que Reagan n'était pas vraiment certain de pouvoir faire grand chose si l'ancien chasseur disparaissait durant plusieurs jours avant de se ramener comme si de rien était. Reagan ignorait où se dernier vivait et ne comptait pas aller le chercher pour des séances padawan/maître Jedi tous les jours. Autant être clair. « J'ai toutes mes affaires dans la voiture. Je ne reste jamais au même endroit plus de trois jours. Et je ne vais pas te demander de m'héberger, je t'en demande déjà trop ce soir, ok? Tu vois, je ne suis pas si con. » Reagan arqua un sourcil, avant de soupirer. C'était facile de sortir cette phrase, après avoir fait un petit récapitulatif de son nouveau style de vie. « Je peux t'héberger, ici, personne ne vient. » Griffin pouvait rester, à lui de décider. Reagan n'allait pas le proposer deux fois.

La colère que ressentait le lycan au fond de lui grandissait de plus en plus. Il avait besoin que tout sorte, tant pis si Griffin n'avait pas envie d'entendre ses lamentations. Surtout après lui avoir proposé gentiment de l'héberger. Et, comme Reagan ne s'y attendait pas tellement, il commença à vider son sac en sortant des phrases qu'il n'aurait voulu garder que pour lui. L'abandon, tout ça. « Wow, je t'ai abandonné? Tout de suite les grands mots ! Non, je ne t'ai pas abandonné. Je n'avais pas le choix, ok? Tu es un lycan et moi, à l'époque, j'étais un chasseur. » Reagan eut franchement envie de rire, vraiment, mais il ne fit rien. Oui, l'excuse d'être un chasseur arrangeait tout, bien évidemment. Tuer des innocents, quel acte héroïque ! Reagan ne comprenait pas, jusqu'à ce que Griffin aille plus loin dans son explication. Une histoire de famille, pour les rendre fiers. Quel gâchis. Griffin méritait quand même mieux qu'une bande de chasseurs en guise de famille. Enfin, peut-être. Reagan devait continuer de bouder. Oui, c'était mieux ainsi. « Et pour ta gouverne, tu m'as manqué mais là, tu me fais déjà chier. Il y a quelque chose à bouffer, au fait? » Reagan ne répondit rien et approcha près de Griffin, l'observant un instant, hésitant, avant de finalement reculer et prendre quelque chose dans le frigo. Il avait des plats cuisinés excellents à faire réchauffer et des sandwich froids. « Tiens, sers-toi. Donc, maintenant, ta famille t'a laissé tomber j'imagine ? Si tu n'as plus que moi, en quelque sorte, tu devrais rester ici. Je peux t’entraîner... même si tu as déjà quelques capacités dans le combat. Mais avec tes nouvelles facultés, il va te falloir un peu d'exercice. Et si tu as des questions, c'est le moment. Mais ne m'en veut pas si... j'ai besoin de temps pour tout digérer. Pour m'habituer à... ça. À toi, qui revient... sans couteau pour me tuer. Parce que, si je me souviens bien, tes dernières paroles étaient quand même assez dures. Tu voulais me tuer. »