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 ces émotions qui ne sont tiennes ▬ Selden

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ces émotions qui ne sont tiennes ▬ Selden Vide
MessageSujet: ces émotions qui ne sont tiennes ▬ Selden   ces émotions qui ne sont tiennes ▬ Selden EmptySam 20 Sep - 10:16






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Type du sujet : [] Flash-Back [x] Présent
Date du rp : 19 septembre
Météo (approximative) : fin de l'hiver, une dizaine de degrés, pluvieux.
Matin, après-midi, soir : soir.
Statut du sujet : [] libre [x] privé
Statut du rp : [x] en cours [] terminé




Le 19 septembre, il y avait, exactement onze heures et cinquante-sept minutes d’absence de l’astre solaire dans le ciel. Cela représentait presque une demi-journée de nuit, qui baignait la grande ville de Perth dans une obscurité salvatrice, pour la créature que Klaus était devenue. Non pas qu’il soit un fan d’astrologie et de météorologie, mais sa nouvelle condition de vampire l’avait forcé à faire attention aux moments où il pouvait sortir. Avant, il n’avait jamais été un grand aventurier des rues, garçon de verre, casanier pour sa plus grande protection. Ça, c’était avant, quand son corps était sa propre prison. Maintenant, plus rien ne le retenait, à l’exception des brulures des rayons gammas et de la douleur que cela entrainait. Oh, la souffrance, il la supportait, il avait appris. Ce qu’il ne maitrisait pas, c’était cette soif, incurable, qui gonflait dans le fond de sa gorge et que le plongeait dans un état de semi-conscience, où il entrait dans cette transe avide, qui lui faisait perdre, partiellement, ces moyens de réflexions. Et Klaus n’aimait pas ça, perdre la tête, pour un besoin aussi primaire que celui de se nourrir.

Ainsi, parfois, il se forçait à aller contre sa nature, car il se l’était prouvé depuis sa plus jeune enfance, que la volonté et le rationnel pouvait surpasser l’appel du corps. Surtout quand celui-ci ne manquait pas de se briser au moindre coup de vent. Alors, il jouait avec cette soif qui le tourmentait et attendait, de voir, jusqu’à quand il ne contrôlait plus rien et qu’il se perdrait dans un besoin rouge sang. Aujourd’hui, ou plutôt, cette nuit, Klaus sentait la limite s’approcher, roder autour de ses pieds, avant qu’il ne se perde dans un élan incontrôlable et que d’une jugulaire perforée, ne s’échappe, en une fontaine salvatrice, son souffle de vie. La traque était un jeu intéressant, ne serait-ce que pour les sensations qu’elle provoquait chez Klaus. Ce sentiment de pouvoir et de puissance, qu’il n’avait jamais connu. Différente de la supériorité intellectuelle, c’était un cri primitif, qui résonnait dans toute sa cage thoracique et qui l’amplifiait d’une euphorie certaine. Il renouait avec l’essence fondamentale de la vie, celui de la survie et du jeu d’instinct, prédateur froid et méthodique.

Il n’y avait plus aucune lumière naturelle qui rôdait dans le ciel de Perth. Il n’y avait que ces néons, ces cathodes et autres créations électriques de l’ingéniosité de l’homme, qui fournissait à cette espèce l’idée d’un environnement protecteur. La lumière était faite pour ça : chasser les monstres qui rodaient dans le noir. Tout ceci était infondé et ceux faits, simplement, de chair et de sang, n’étaient jamais en sécurité. Klaus finit de s’assurer de la tranquillité des lieux en regardant à travers le soupirail de son loft, donnant sur la rue. Il enfila son pull à capuche, et sa veste en cuir chaude, qui donnerait l’illusion qu’il se protégeait du froid, alors qu’il laissait les fermetures éclaires ouvertes, laissant béant son torse recouvert d’un pauvre t-shirt gris, col en V. Klaus passa le pas de la porte et il frémit à l’air et aux odeurs qu’il contenait. Il cligna à plusieurs reprises des yeux, avant d’attraper la fragrance de la pluie, qui tomberait, sous peu. En attendant, les rues baignaient dans l’humidité de la précédente averse, donnant un aspect sale au quartier.

Le capuchon sur la tête, il se rendit dans le coin animé de Perth, là où les bars et les jeunes se pressaient aux coins des rues. Là où il ne serait pas bien difficile de trouver de quoi se mettre sous les crocs. L’allemand n’appréciait pas ceux trop alcoolisés. Ca laissait un goût dans le sang, qui restait sur sa langue et qui l’insupportait. Il préférait ceux à l’ivresse naissante, où il serait facile de mimer un accident, après l’avoir étourdi. C’était plus sûr, c’était la meilleure solution, aussi, aux yeux du vampire. Il ne se voulait pas un tueur sans fin. S’il n’éprouvait aucun scrupule à avoir gagné quelques grades dans la chaine alimentaire, il ne désirait pas attirer l’attention sur son espèce, et toutes les autres créatures fascinantes, qu’il lui tardait de découvrir plus en… profondeur.

Klaus arriva dans le quartier chaud de la ville en un rien de temps, poussé par ses jambes fortes, même s’il gardait sa canne à ses côtés, pour une précaution qu’il n’avait eu que trop d’usage à avoir. Et qu’il avait toujours une différence de quelques centimètres, entre sa jambe gauche et sa jambe droite. Il resta longtemps, à observer simplement les allées et venues des habitants, des habitués, des passants, des étrangers, appuyé contre un mur d’une enseigne à tabac, donc il attrapait les relents dans l’atmosphère, ce qui le forçait à plisser le nez, quand il sondait l’air avec un peu trop d’intensité. Au bout d’une heure de patience, alors qu’il sentait la faim lui tiraillé les veines, reconnaissant cet avide soif remonter le long de son gosier, il trouva la proie idéal, sac à sang appétissant. C’était une jeune femme, dans la trentaine. Elle devait avoir eu un rendez-vous galant, vu la délicate robe, blanche à fleurs orangées, qu’elle portait. Cependant, celui-ci c’était très certainement mal passé, en déduction des sillons noirs, maquillage coulé, des larmes qui marquaient ses joues. Klaus, pour la première fois de la soirée, sourit.

Nous passerons les détails de la mise en bouche, à proprement parlé. Ce qu’il faut retenir, une fois que Klaus eut attiré son charmant repas dans un coin reculé, sombre, discret, une fois qu’il eut planté ses crocs, dans une parcelle de peau, douce et lisse, là où le sang ne risquait pas de fuir à une vitesse trop grande, pour ne pas la vider de celui-ci, une fois qu’il commençait à retrouver ses forces, à proprement parler, Klaus reconnut autre chose, que cette satisfaction digne de son espèce. C’était une terreur, qui lui prit les entrailles et qui le secoua vivement. Il manqua de lâcher sa proie, ne comprenant pas d’où venait cette émotion. Il n’avait aucune raison d’avoir peur. Il lui fallut quelques secondes, où, finalement, il lâcha son étrangère, à moitié évanouie, pour identifier la source de cette peur tiraillant. Ce n’était pas lui. Mais elle. Ce n’était pas rationnel, c’était empathique.

Encore plus pâle que d’habitude, Klaus s’écarta, avant de se mettre à courir, ou à claudiquer rapidement, vers un point de fuite. Ce n’était pas son émotion. Elle ne lui appartenait pas. Il ne la voulait pas ! Mais il la sentait, logées entre ses organes, qu’il se serait ouvert lui-même, si cela avait fait partir cette sensation indésirable. Finalement, après quelques minutes de courses, essoufflé, non pas par l’effort, mais bien par cette tare émotionnelle qui ne voulait pas le lâcher, il s’arrêta devant l’enseigne d’un autre bar. Qu’il ne regarda pas. Il se rendit dans un coin du mur, en retrait de sa propre structure et Klaus se recroquevilla à son pieds, ses genoux pressés contre sa cage thoracique, ses bras entourés autour d’eux, serrant avec force ses propres membres, comme pour tenter de se donner une consistance, retrouver son calme émotionnel habituel. Mais la terreur était toujours là, ancrée sous sa peau.

Sa capuche tomba sur sa tête et Klaus enfuit son visage dans ses genoux, respirant difficilement. Il se moqua de l’eau qui mouilla son pantalon et son dos, alors que la pluie se remettait à tomber, crachin gris. Sa tête lui disait de se calmer, de se détacher de ce qui tournait dans le fond. Mais ce sentiment, qui ne lui appartenait pas, mais qui se comportait comme si Klaus lui-même était terrifié, restait. Ainsi, il espéra, fort, qu’en se cachant du monde, cette sensation finirait par partir, ou que lui, finirait par disparaitre.
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ces émotions qui ne sont tiennes ▬ Selden Vide
MessageSujet: Re: ces émotions qui ne sont tiennes ▬ Selden   ces émotions qui ne sont tiennes ▬ Selden EmptySam 20 Sep - 12:44


Les vacances de printemps étaient proches : encore une semaine et les étudiants jouiraient d'une quinzaine de jours de repos. Encore une semaine et Selden retournerait chez ses parents. Il était plutôt partagé par cette perspective. D'un côté sa famille lui manquait, naturellement. Et il voulait aussi en apprendre toujours plus à propos de sa nature, de ses pouvoirs et des créatures tapies dans les ombres auprès de sa mère. De l'autre, sa vie d'étudiant à Perth lui avait donné goût à une certaine liberté. Il sortait quand il le voulait, assistait à des festivals et d'autres spectacles assez régulièrement. Retourner dans une campagne perdue où il ne se passait pas grand chose serait dur. Cependant ça ne durerait pas si longtemps que ça et il serait très vite de nouveau en ville. Cette constatation ne l'empêcha pas de sauter sur la première occasion de sortie à se présenter. Il avait besoin de se changer les idées : s'il passait une autre soirée entière penché sur l'anatomie, il allait faire une crise nerveuse. Il y avait une limite au bourrage de crâne qu'un garçon de dix-neuf ans pouvait subir. Aussi c'est avec empressement qu'il accepta de retrouver un groupe d'amis dans le quartier animé de la ville, même si la proposition arrivait un peu au dernier moment. Selden s'empressa de mettre la vaisselle de son repas à tremper dans l'évier et sauta dans la douche. Dix minutes plus tard, il quittait son appartement après avoir enfilé un jean, une chemise rouge et son trench. Ce n'est qu'une fois arrivé dans la rue qu'il se rendit compte qu'il pleuvait. Il hésité un moment avant de remonter attraper son parapluie : le trajet lui prendrait une vingtaine de minutes et il ne comptait pas attraper un rhume aujourd'hui.

Comme prévu, il retrouva ses camarades dans un petit bar où ils avaient pris leurs habitudes depuis le début de l'année scolaire. La soirée se passa sans ennuies, en discussions plus ou moins sérieuses autour de quelques verres. Ils étaient plus nombreux que prévu : celle-ci avait ramené son nouveau petit ami, celui-ci son colocataire, et ainsi de suite. C'était rare qu'ils réussissent ainsi à tous se rassembler sans qu'une dispute ne vienne à éclater. Selden en profita d'autant plus. Puis, l'heure avançant, le groupe se fit de plus en plus réduit. Ceux qui travaillait furent les premiers à partir, puis vinrent ceux qui devaient attraper les derniers bus. Enfin ils ne furent plus que trois. Bien conscient qu'il était spectateur inutile et indésiré d'un rapprochement sentimental fort prévisible entre deux de ses plus proches amis, le brun marmonna une excuse sans sens pour s'éclipser à son tour. Le porte monnaie allégé et les oreilles encore bourdonnantes de la musique trop forte, il accueillit avec plaisir l'air frais et le calme relatif de la rue. Malgré l'heure avancée, les gens se pressaient dans un sens comme dans l'autre. Il étudia un instant les bandes alcoolisées, les amoureux et les célibataires en quête de compagnie avant de sourire. Il aimait la ville, il aimait voir les gens vivre autour de lui. Il aimait un peu moins la pluie insistante qui le força à sortir de nouveau son parapluie. Il allait rentrer chez lui sans plus de cérémonie quand une forme dans l'ombre du mur retint son attention.

C'était étrange qu'il n'ait pas remarqué l'individu plus tôt vu le peu de distance entre lui et la sortie du bar. Recroquevillé sur lui-même, exposé à la pluie et déjà bien trempé, l'homme -à en juger par ses vêtements- ne paraissaient pas en grande forme. Ça n'aurait pas dû interpeller Selden, ça ne le regardait pas après tout. Mais l'étudiant était de ces gens incapables de fermer les yeux aux malheurs des autres, peut importe s'ils étaient des proches ou des inconnus. Puis, n'était-ce pas le propre des druides d'aider ceux dans le besoin ? Sans même y penser, il s'approcha. « Monsieur ? Vous allez bien ? » Sait-on jamais. Peut être était-il simplement trop saoul pour tenir debout, auquel cas le Conneely aurait juste à prévenir le personnel du bar et les laisser gérer. Ils avaient plus l'habitude que lui de ce genre de cas. En attendant une réponse, il s'accroupit de façon à ce que le parapluie couvre leurs deux corps. « Il ne faut pas rester comme ça sous cette pluie, vous allez finir par tomber malade. » Son manque de prudence aurait désespéré sa mère, mais ce qu'elle ignorait ne pouvait pas lui faire de mal. Hors lui savait parfaitement que s'il s'était contenté de passer son chemin, il se serait demandé toute la nuit ce qui avait bien pu arriver à cet homme.
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ces émotions qui ne sont tiennes ▬ Selden Vide
MessageSujet: Re: ces émotions qui ne sont tiennes ▬ Selden   ces émotions qui ne sont tiennes ▬ Selden EmptyDim 21 Sep - 21:43


Il se sentait être la proie, l’insecte prêt à se faire écraser par la semelle de la chaussure, le microbe sur le point de se faire éradiquer. Il se sentait sans défense, incapable de combattre, ou même de plier l’échine. Figé et perturbé. Catatonie illusoire. Klaus arrivait au point de non-retour, à ce tournant qui faisait que l’intellectuel ne serait plus suffisant pour combler le choc de l’émotionnel fictif. Il savait, pourtant, précisément, qu’il était le prédateur parfait, qu’il ne souffrait aucun ennemi. Et pourtant, il se sentait traqué et faible. Faible au possible. Comme si la moindre goutte d’eau l’achèverait, si elle avait le malheur de se loger sur son point faible. Et bientôt, entre deux passants alcoolisés, il oublia tout ceci, que cette terreur n’était que dans sa tête, qu’un effet chimique rencontré par ses synapses. Il oublia l’analyse logique et théorique, oublia même ses souvenirs, rassurants, qui lui prouvaient que la faiblesse, il la connaissait, celle de son propre cœur, qui se serait effondré sur lui-même. Klaus avait cette chance terrible, de revivre un effroi parfait, comme si c’était la première fois.

Klaus tremblait. Ce n’était pas à cause du froid, car il ne le sentait pas. Ce n’était pas à cause de l’humidité, car elle ne le dérangeait pas. Il tremblait, de cette contraction musculaire, visant à le rassurer, d’une quelconque manière. Il tremblait, parce qu’il avait peur d’un idéal. Peur de se faire prendre par ses propres crocs. Klaus, à cet instant, aurait craint son propre reflet, car il lui aurait inspiré l’élément de frayeur ultime. Avec son regard terne et fixe, son air blafard, et cette assurance, qui baignait dans ses traits. Pour l’heure, il n’y avait plus rien de tout ceci. Il avait les cheveux en bataille, sous son capuchon et son regard était fuyard, les pupilles dilatées par cette peur qui lui tiraillait les viscères. « Monsieur ? Vous allez bien ? » La voix l’interpella et Klaus prit un certain temps, à comprendre que c’était à lui, qu’on s’adressait. Il n’était pas devenu invisible ? Ah. Il avait du mal à respirer, c’est là qu’il comprit, qu’il était à la limite de faire une crise de panique. Il avait perdu la notion du temps et il comprit, à l’état de ses vêtements, que ça faisait un petit moment qu’il s’était posé au pied de ce mur en apparence salvateur. Il s’agit un peu, décolla son front de ses genoux. Il bougea un peu les bras, s’étira, tout en restant sur la défensive, craintif qu’il se fasse attaquer. Par quoi ? Par rien, simplement.

Klaus remonta la manche de son bras droit, observant l’heure qui tournait, sur les aiguilles de sa montre en argent. Une heure deux, du matin. Il se força à inspirer, l’air lui brulant la gorge et la trachée. Il fronça des yeux, garda la bouche ouverte, encore soumis aux tremblements intempestifs de son propre corps. « Il ne faut pas rester comme ça sous cette pluie, vous allez finir par tomber malade. » Klaus leva les yeux vers le ciel, constatant qu’il ne pleuvait plus. Ou plutôt, qu’il ne pleuvait plus sur lui. Il rencontra le vert clair d’un parapluie et il cligna à plusieurs reprises des yeux, réalisant ce qu’il se passait. Il y avait quelqu’un. Prudemment, ses iris verts suivirent le manche du parapluie, avant de rencontrer le regard, d’un jeune garçon, consterné. C’est à ce moment que le vampire comprit que c’était à lui, que l’on s’était adressé. Que la considération, qu’il avait captée, était dirigée vers lui. Il sursauta un peu et se colla un peu plus au mur, dans un mouvement de recul. Il attrapa les restants d’un parfum de shampooing, d’alcool et de cigarette. Au-delà, il ressentait le goût du sang, qui se faufilait dans les veines de son étrange sauveur.

Klaus respira un peu plus par la bouche, avant de reprendre ses faux esprits, se rappeler qu’il avait peur, pour une raison qu’il ignorait, ne parvenant plus à attraper le fil de ses souvenirs, pour les dernières heures. Il se souvenait être sorti, avoir commencé sa traque. Et puis. Plus rien. Qu’un élan bleu, vif, qui lui avait transpercé le cœur, et qui lui avait plaqué, brutalement, les esquisses de sentiments. De ce qu’un humain, normalement constitué, devait ressentir, dans un mélange d’une biochimie complexe. Il secoua la tête, tentant de remettre ses pensées en places. Les quelques taches de sang qui imprégnaient le col de son t-shirt indiquait qu’il s’était nourri. Il ne pouvait pas être blessé. Mais il n’arrivait plus. Il eut une grimace et porta la main à sa tête. Son capuchon tomba et ses mèches humides glissèrent au-dessus de ses yeux. Ça le chatouilla, il n’y prêta pas attention. Depuis de longues secondes, il avait évité son inconnu de regard, perdant son attention sur les mouvements, qui se profilaient derrière, particulièrement sur ses gardes, en alerte, prêt à fuir, au moindre signe de danger. Finalement, Klaus osa une œillade timide vers le jeune garçon. « Où… Où je suis ? » Son faible accent allemand roula sur sa langue. Il avait la bouche pâteuse et douloureuse, d’avoir été serrée trop longtemps. Un éclat, sincèrement inquiet, traversa son regard. « Vous êtes qui ? Je vous ai rien fait ? » Le vampire sous entendait une réalité beaucoup plus grave, que ce que le noiraud pouvait comprendre. Mais Klaus avait besoin de savoir, il se devait de comprendre.
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MessageSujet: Re: ces émotions qui ne sont tiennes ▬ Selden   ces émotions qui ne sont tiennes ▬ Selden EmptyDim 21 Sep - 22:56


L'homme tremblait. Ce n'était pas franchement étonnant : la nuit était plutôt froide pour les standards australiens et ses vêtements étaient vraiment bien imprégnés par la pluie. Il s'agita soudainement, comme sortant d'une espèce de transe. Le coup d'oeil qu'il jeta tout de suite à sa montre semblait confirmer cette idée. Selden fronça les sourcils et se rapprocha doucement, inquiet. Ça semblait être bien plus grave qu'un excès d'alcool. Il y avait même du sang sur le T-shirt blanc de l'inconnu ! Dieu savait ce qui avait pu arriver à ce pauvre homme. En tout cas il ne serait pas dit que le druide aurait laissé tomber quelqu'un qui avait visiblement besoin d'aide, tout ça parce que le quelqu'un en question ne répondait pas à son appel. Le brun avait beau être épuisé et souhaitait retrouver son lit douillet, il y avait plus important. Il fit une nouvelle tentative pour établir le contact, abritant la pauvre âme de son parapluie. Le succès fut mitigé. D'accord, l'autre jeune homme leva les yeux et croisa son regard. Cependant Selden n'avait pas du tout prévu qu'il puisse l'effrayer. A vrai dire, l'idée même était risible. Mais passons. Le fait est que son inconnu eut un mouvement instinctif de recul précipité. Une fois encore, le Conneely se demanda ce qu'il s'était passé pour le mettre dans un tel état de panique. résistant à l'envie de poser une main sur son épaule -le druide avait appris à force d'aider les autres qu'un contact physique était en fait rarement le bienvenue-, il se contenta de tendre le bras pour que le parapluie abrite toujours l'inconnu. Tant pis si quelques gouttes attaquaient déjà son crâne à lui, il n'allait pas fondre. Immobile, il attendit patiemment pendant que la pauvre âme essayait visiblement de reprendre ces esprits.

« Où… Où je suis ? » C'était définitivement plus grave que ce qu'il pensait. Si le blond -maintenant que le capuchon était tombé, il voyait enfin un peu plus de l'homme en question- ne savait pas où il était ni comment il avait atterrit là, les choses se compliqueraient certainement. « Vous êtes qui ? Je vous ai rien fait ? » Si les premières questions avaient surpris Selden, ce n'était rien par rapport à la dernière. D'autant plus qu'elle proférée avec une inquiétude évidente. Il s'empressa de lever les craintes de l'autre. « Non, non. Absolument rien. A vrai dire on ne se connait pas, j'ai juste pensé que peut être un peu d'aide serait la bienvenue. » Il prit le temps d'adresser un léger sourire confiant à l'homme. Il avait constaté que c'était important d'avoir l'air sur de soi. Surtout quand on essayait d'éviter à un autre une crise de panique. Il avait beau ignorer ce qui avait causé une telle peur, le druide savait qu'à l'instant présent l'homme était hors de danger. Il ne laisserait rien lui arriver. « Je m'appelle Selden et vous êtes dans l'hyper centre de Perth. Est-ce que vous vous rappelez de comment vous êtes arrivé là ? » C'était toujours un début. Si des souvenirs remontaient, ce serait plus simple de déterminer ce qui devait être fait par la suite. En parlant de quoi... « Vous avez le numéro de quelqu'un qui pourrait vous aider à rentrer chez vous peut être ? » C'est qu'il ne tenait pas à le voir s'éloigner dans les rues seul. Pas alors qu'il avait l'air d'avoir vécu un sacré choc. Au pire, Selden l'aiderait à retourner jusque chez lui. Une voix sonnant étrangement comme celle de sa mère lui fit une leçon de prudence à cette pensée. D'accord, il retournerait dans le bar prévenir ses amis de ses projets puis raccompagnerait le jeune homme. Uniquement si personne ne pouvait venir chercher celui-ci, bien évidemment.
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MessageSujet: Re: ces émotions qui ne sont tiennes ▬ Selden   ces émotions qui ne sont tiennes ▬ Selden EmptySam 27 Sep - 17:59


Klaus inspira, l’odeur de la ville arrivant dans sa bouche, ses papilles identifiant les différentes molécules olfactives, retrouvant la pluie, qui couvrait tout, et dissimulait les relents de transpirations, de cigarette, de divers parfums. Il huma, un peu plus longtemps, un peu plus fort, retrouvant la trace de sang, celle-là même qui recouvrait son t-shirt. Cela le réconforta dans son observation : il avait bel et bien chassé, il y avait peu. Sa mémoire n’aurait pas dû souffrir une telle amnésie, pour un espace d’une heure, tout au plus. Il n’avait jamais expérimenté une telle sensation et la peur qui lui rongeait les veines l’empêchait de réaliser que c’était à cause de cette crainte, viscérale, qu’il était dans cet état, et qu’il était incapable de raisonner comme il le faisait, si placidement, habituellement. Il commençait à prendre ses repères. Klaus reconnaissait une des enseignes, d’un des bars. Plus loin, il remarqua une plaque de taxi, qu’il avait déjà mémorisé. Bien. Il était à Perth. Si ce n’était pas l’endroit le plus familier où il aurait voulu se trouver, cela faisait deux ans, qu’il était ici. Il avait fait de la ville son chez lui, son territoire.

Klaus sursauta à cette pensée instinctive, et enfuit, à nouveau, sa tête entre ses jambes, les frissons reprenant légèrement. Il ferma les yeux, fort, fort, pour que la peur parte. Mais elle restait là, comme un animal assoupi, qui attendait la marque de faiblesse pour rappeler, de manière spectaculaire, sa présence. « Non, non. Absolument rien. » Avec courage, il retourna son attention sur le jeune homme au parapluie, que le vampire avait réussi à oublier, un instant, enfermé dans ses illusions stériles. Ses iris se contractèrent légèrement, tandis qu’il analysait de la tête aux pieds l’inconnu, s’assurant que ses paroles étaient bel et bien la vérité. Mais oui, il n’y avait pas de trace de blessure, ou de morsure. Il était en un seul morceau, avec tout son sang dans ses veines. Klaus soupira, presque soulagé. « A vrai dire on ne se connait pas, j'ai juste pensé que peut être un peu d'aide serait la bienvenue. » A présent, ce fut de la surprise, qui brilla, dans les recoins du regard émeraude de l’allemand. Il n’avait que trop rarement eut droit à de tel geste altruiste. Pourtant, ce n’était pas le manque d’occasion qu’il avait eu dans sa vie. Certes, les allemands étaient connus pour être stricts, parfois froid. Mais la coutume voulaient qu’ils se serrent les coudes. Klaus n’obéissait pas à cette règle, recalé physiquement sur l’épreuve de l’humanité.

Alors, à présent qu’il avait perdu tout semblant biologique d’une existence à vingt-trois paires de chromosomes et qu’il expérimentait une situation guidé, purement, par un mélange chimique incontrôlable, il se retrouvait confronter à la bonté. Il fut pris de cours et Klaus fut sans voix, sans mot, pour exprimer une idée. Parce qu’il n’en avait aucune. Il n’y avait que la peur, qui parcourait son cerveau. Peur, qui, goutte après goutte, se diluait dans son système, pour bientôt disparaitre ce celui-ci. « Je m'appelle Selden. » Klaus leva les yeux vers ce garçon, plantant son regard, égaré, dans celui de son sauveur. « Selden » murmura-t-il, pour enregistrer le nom, comme un ancrage dans cet instant, craignant que sa mémoire ne se volatilise à nouveau. Mais Klaus n’avait plus rien à craindre. Il ne perdrait plus vraiment la tête pour ce soir. « Vous êtes dans l'hyper centre de Perth. Est-ce que vous vous rappelez de comment vous êtes arrivé là ? » L’enfant de verre leva les yeux vers le ciel, s’écartant du parapluie, pour capturer la forme des hauts bâtiments, qui grappillaient le ciel. Il hocha la tête, comme disant ‘oui, nous y sommes bien’. Bien vite, il se retrouva à se mordre le bout de sa langue. Il passa une main dans ses cheveux, ses mouvements redevenant, brièvement, nerveux. C’était là, toute la question. C’était là, tout le vide, le trou noir. Alors il regarda le sol, chien en peine. « Non, je ne me rappelle pas. » Sa voix était encore faible, mais elle ne frémissait plus. Ca ressemblait à un murmure maladif, mais ça s’approchait de sa tonalité habituelle. Il secoua ses cheveux humides, chassant quelques gouttes d’eau, qui se faufilaient dans son cou. « Je suis venu à pieds, mais je ne sais pas depuis combien de temps je suis ici. » Il plissa les yeux, tentant de forcer le passage de sa mémoire, pour se confronter à une douleur passagère. Il claqua sa langue, agacée, échappant une insulte germanique.

« Vous avez le numéro de quelqu'un qui pourrait vous aider à rentrer chez vous peut être ? » Ce fut presque de l’innocence, dans son regard. Ca ne lui ressemblait pas, il aurait dû être plus vif, plus acerbe, plus précautionneux. Mais Klaus n’était plus lui-même, ce soir, ouvert à l’univers des sentiments et de leur complexité. Ce qui faisait son charme, son esprit d’analyse, sa prétention à l’excellence, n’était plus là. Il se roulait dans l’eau de pluie, appuyé contre un mur, taché de sang. Loin de la rigueur qui l’avait fait grandir. C’était comme ça qu’il se sentait, pour le moment, fragile. Il se serait effrité au moindre coup de vent, aurait fondu sous la pluie. Mais il y avait ce jeune homme, Selden, qui était là, avec son parapluie. Quelque part, il savait qu’il aurait pu se méfier du noiraud. La crainte l’empêchait de vraiment remarquer un quelconque danger dans la situation. Au contraire, Klaus ne pouvait pas vraiment se détourner de la main proposée, parce qu’il avait peur d’être seul, au risque d’être confronté à lui-même. « Non. Il n’y a… personne. » Oh, il y aurait bien eu le druide qui l’avait transformé, mais celui-ci aurait pris trop de temps à venir, et Klaus en aurait entendu parler pendant des jours, de son empathie qui partait en vrille. Il préférait tenter de rentrer seul chez lui, même s’il aurait eu peur de son ombre. Dans sa cave, il se sentirait à l’abri, entre l’odeur de désinfectant et du froid. Klaus fit donc mine de se redresser, s’accrochant du mieux qu’il lui put au mur, pour en faire un point d’appui, tandis qu’il récupérait sa canne, qui jonchait le sol. Il grimaça aux quelques centimètres de différentes entre ses jambes, qui le força à tituber, en plus de la douleur de ses muscles, peu habitués à un tel exercice. « Je... vous remercie pour l’attention. Je vais rentrer chez moi. » Il regarda à gauche, à droite. Hésitant, il osa tout de même demander : « Par où se trouve la rue Wilston ? » Le pauvre était encore déboussolé, mais il finirait bien par trouver son chemin, non ?

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MessageSujet: Re: ces émotions qui ne sont tiennes ▬ Selden   ces émotions qui ne sont tiennes ▬ Selden EmptyDim 28 Sep - 16:37


« Non, je ne me rappelle pas. » C'était bien ce que Selden avait craint. D'un côté ça aidait aussi à expliquer la panique évidente de l'inconnu. Il n'osait même pas imaginer quelle aurait été sa propre réaction en se retrouvant perdu au milieu de la foule nocturne sans aucune idée de comment il s'était retrouvé là. Cependant il y avait autre chose, de ça il était convaincu. Cette terreur qui semblait paralyser le blond devait bien avoir une explication. Tout comme la tâche de sang qui ornait son pull. Mais ça ne concernait pas Selden. Lui, tout ce qu'il pouvait faire, c'était s'assurer que le jeune homme ne risquait plus rien et regagnait son logement en toute sécurité. Puis discuter un peu avec lui, s'il souhaitait une oreille pour confier ses troubles. Il ne voulait pas qu'un peu de curiosité mal placée fasse fuir cette pauvre âme vers de nouveaux ennuis. « Je suis venu à pieds, mais je ne sais pas depuis combien de temps je suis ici. » Le brun hocha doucement la tête, comme pour encourager l'autre à continuer sur sa lancée. Seulement rien de plus ne semblait vouloir lui revenir. « A en juger par vos vêtements, ça doit faire un petit moment. Le plus urgent c'est de vous mettre au sec et de vous réchauffer. » Il ne manquerait plus que toute cette histoire finisse à l'hôpital. C'est donc en suivant cette course de pensées que le druide demanda si une quelconque relation pouvait venir s'occuper de l'inconnu. Personne. Voilà qui alluma une pointe de compassion dans la poitrine du Coneely. Créature foncièrement sociable, il ne s'imaginait pas la vie sans amis de confiance. Après tout, ses relations aux autres représentaient tout dans sa vie.

Il fut brusquement rappelé à la réalité de la situation quand le blond entreprit de se relever. Maladroitement, il fit de même tout en se reculant pour lui laisser l'espace nécessaire. Comme il faisait en même temps un effort pour allonger le bras et garder l'homme abrité de la froide caresse de la pluie, il avait l'air d'un charmant épouvantail aux cheveux dégoulinants. Il se fit un reproche mental quand son inconnu récupéra la canne restée à terre. Il aurait dû remarquer ce détail et se montrer plus prévenant. Seulement il s'était laissé totalement absorbé par la détresse évidente de l'homme sans faire plus attention à ce qui l'entourait. De temps en temps -le plus souvent, en fait-, il ne voyait vraiment pas plus loin que le bout de son nez. « Je... vous remercie pour l’attention. Je vais rentrer chez moi. » Selden fronça les sourcils à ces paroles. Ce n'était vraiment pas prudent, il ne pouvait pas s'en aller seul à cette heure et dans cet état. Il ouvrit la bouche pour faire part de ses réserves à son aîné quand ce dernier le coupa, lui demandant la direction. Avec un léger sourire, le brun secoua la tête. « Pourquoi je ne vous raccompagnerai pas, plutôt ? Comme ça vous pourrez vous abriter sous mon parapluie et moi je serai sur que vous êtes rentré sans soucis. » Sans vraiment attendre une réponse, il sortit son portable pour mettre ses amis au courant de ses tribulations nocturnes. Après réflexion il préférait ne pas remettre les pieds dans le bar : d'une, il ne voulait pas que le blond s'en aille seul et, de deux, il ne souhaitait surtout pas interrompre les deux tourtereaux. Il envoya un texto, quelque chose de simple suivant les lignes de "si je ne réapparais pas demain, commencez les recherches rue wilston, j'y raccompagne quelqu'un".

Ce petit détail -majoritairement consacré à calmer l'inquiétude excessive de ses proches quant à ses élans incontrôlé d'altruisme- réglé, il se tourna de nouveau vers son inconnu. Avec un signe de tête vers la droite, il l'invita à ouvrir le chemin. « La rue Wilston est dans cette direction. On y va ? »
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MessageSujet: Re: ces émotions qui ne sont tiennes ▬ Selden   ces émotions qui ne sont tiennes ▬ Selden EmptyMar 30 Sep - 13:51


Klaus n’arrivait pas à enlever ce goût de la bouche, qu’importe combien il pouvait inspirer le plus d’air dans ses poumons, se concentrer sur une autre saveur, il n’y avait que la prédominance du fer, associée au sang, qui recouvrait sa langue, ses dents, son palais, sa gorge. Normalement, il aurait été grisé de cette sensation, de pouvoir, presque, découper l’hémoglobine de son oxygène. Ce soir, ça ne lui inspirait qu’un profond malaise, un sentiment de dissonance, comme s’il réalisait la part du monstre qui était en lui, celle qui faisait que l’humanité qu’il aurait dû avoir, n’avait jamais pris place dans ses veines. Car le verre est trop froid pour abriter des sentiments. Car la nuit n’était pas un environnement sain pour les émotions. Ce soir, il subissait un cours de rattrapage intensif. Quand Klaus retrouverait ses esprits, reconstruirait son analyse cartésienne, il se trouverait pitoyable et pleurerait sur l’inutilité flagrante des comportements primaires qui fabriquaient la peur. Pour l’heure, subissant encore les conséquences d’une empathie incontrôlable, il n’avait qu’une idée, qu’un désir en tête : rentrer chez lui.

Ses tremblements s’effaçaient lentement, laissant place à la douleur de ses muscles, qui le tiraillaient plus que nécessaire. A cela, Klaus avait l’habitude –ce n’était pas nouveau, ça ne le prenait pas au dépourvu- et pouvait surpasser la sensation. Il avait oublié la pluie, grâce à la prévention de ce jeune homme. Selden. C’était ça. Klaus le regarda, intrigué, quand celui-ci suivit ses propres mouvements, continuant de le protéger, à ses dépens. Il aurait fait une proie si facile. La pensée, originaire de son statut, lui arracha une grimace. Il manqua de défaillir, s’appuyant sur sa jambe la plus faible, s’agrippant au mur de justesse, avant de reprendre appui sur sa canne et d’assurer son équilibre. Il porta la main à son crâne, en une légère grimace. Sa nouvelle nature était bien plus puissante qu’une crise d’empathie, mais le peu de son intellectuel influencé par la crainte faisait un mauvais mélange. Il avait peur de lui-même, de ses propres pensés. « Pourquoi je ne vous raccompagnerai pas, plutôt ? » et Selden, jeune inconnu aux cheveux noirs, l’écarta de ses réflexions maladives, le prenant, une fois encore, par surprise. L’expression tourna dans son regard de longues secondes. Il aurait dû refuser. Klaus, normalement, l’aurait poliment détourné de sa quête d’un soir. Parce que, normalement, il se méfiait de l’homme, comme il l’avait toujours fait, depuis qu’il s’était incarné dans son corps malade. Mais le Klaus de cet instant avait besoin de plus qu’une idée de prévention. Il avait besoin d’aide. Alors, timidement, le vampire hocha la tête.

Presque sagement, en équilibre sur ses jambes de tailles inégales, il attendit que Selden finisse de jouer avec son téléphone. Klaus aurait esquissé un sourire, en prenant compte de la prévenance dont faisait preuve le noiraud. Même si ça ne lui aurait pas été d’un grand secours, si le médecin avait été en chasse. Il claque à nouveau sa langue contre son palais, un son strident lui vrillant le crâne, quelques secondes. L’empathie s’effaçait, dissolvant ses traces dans l’organisme perturbé du vampire. Il n’en resterait qu’un mauvais souvenir. Pour l’heure, il était encore faible, mentalement, et finalement, il ne pouvait pas vraiment faire la fine bouche sur l’acharnement de Selden à l’accompagner. « La rue Wilston est dans cette direction. On y va ? » Klaus eut un mouvement de tête, marquant son approbation, ouvrant la marche, de son pas lent et claudiquant. De manière évidente, il était habitué à marcher avec sa canne, qui accompagnait dans un mouvement parfait sa marche. Ce qui ne lui permettait pas de combler des distances phénoménales, à une vitesse importante. Il avait appris à prendre son temps, et forcerait bien involontairement son accompagnateur impromptu de suivre son rythme.

La pluie continuait de tomber, et Klaus était forcé de s’abriter sous le textile vert pomme. Cependant, il forçait une distance entre lui et le noiraud, vieux réflexes. Son épaule n’était pas protégée de l’averse, même si ça ne changeait rien à l’état trempé de ses vêtements. Ainsi, il évitait soigneusement de cogner son bras avec celui de Selden, ou tout autre contact. Il ne restait plus de se casser, mais les souvenirs étaient là, inscris dans les fissures qui marquaient ses os. Il n’était pas fait pour la proximité, l’allemand. Il préférait le rapport avec les morts et le calme. A bien y réfléchir, c’était la première fois depuis longtemps, qu’il n’avait pas eu un tel rapport ‘humain’ avec une personne. Il ne sourit pas, mais fut soudainement apaisé par la constatation. Au fur et à mesure que les mètres se succédaient, Klaus reprenait ses traces, reconnaissant les enseignes, les noms des rues. Ils étaient sur la bonne route, au moins. Puis, il constata le silence, présent, sans être lourd. Qu’aurait-il pu dire, lui qui avait perdu toute notion de temps, de lieu. Au moins se souvenait-il de qui il était, même si, profondément, il était perdu. Que faire ? … un brin de politesse, peut-être ? « Hm. » Il se racla la gorge. « C’est généreux de votre part… » Bien, c’était un bon début. Il était évident qu’il était rouillé dans les civilités, mais qui lui en tiendrait compte ? « Peu de gens se seraient arrêtés. » Était-ce un peu de rancune dans ses propos ? Il le remarqua, sursauta presque, et s’adoucit, presque aussitôt… ou tenta de s’adoucir. « Donc, merci. » C’aurait presque été agréable, sans la rigidité de son accent.
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MessageSujet: Re: ces émotions qui ne sont tiennes ▬ Selden   ces émotions qui ne sont tiennes ▬ Selden EmptyJeu 2 Oct - 14:23


Un instant, Selden avait eu peur que son inconnu soit de ces gens qui refusent purement et simplement toute offre d'aide. Ça arrivait souvent au druide, ce genre de mésaventure, que ce soit parce que la personne en question était trop fière pour le laisser se rendre utile ou qu'elle se méprenne sur ses intentions. En général il insistait selon la gravité du problème et, des fois, se permettait même de rendre des coups de main en douce, sans que personne ne l'apprenne jamais. Il était comme ça, c'était plus fort que lui : s'il y avait la moindre chose qu'il pouvait faire pour faciliter la vie à un être humain, vous pouviez être sur qu'il se démènerait pour l'accomplir. Tout ça pour dire qu'il était soulagé de voir que le blond ne s'opposait pas à sa proposition, attendant même au contraire qu'il finisse d'envoyer son message. Ils se mirent donc en route, ensembles sous le parapluie vert clair de Selden. Bien évidemment, l'homme n'avançait pas très vite, mais on ne sentait pas non plus d'hésitation dans sa marche. De toute évidence et quoiqu'il se soit passé le soir même, le pire était bel et bien derrière lui. Cette simple constatation arracha un léger sourire à l'étudiant. Inconsciemment, il accorda son allure à celle de son compagnon, s'assurant toujours de le couvrir au mieux de la pluie, même s'il ne pouvait pas faire grand chose pour ses vêtements détrempés.

Arpentant les rues en silence, Selden retint un bâillement. Il se faisait tard et le Conneely n'aurait rien contre l'agréable étreinte du sommeil. La plupart des gens qu'ils croisaient maintenant qu'ils avaient quitté les rues les plus fréquentées de nuit rentraient de toute évidence chez eux. Il y avait ceux qui se pressaient pour s'abriter de la pluie, ceux qui échangeaient des regards lourds de sens et, inévitablement, les groupes d'étudiants qui hurlaient ou chantaient des inepties. Une ambiance somme toute normale dans ce quartier animé. Pour autant qu'il aimait la vie citadine, le druide s'estimait bien heureux de vivre dans un quartier beaucoup plus tranquille, où seul le bruit des camions poubelles lui donnait une excuse pour râler. Ça et le chat errant qu'il avait pris l'habitude de nourrir et qui miaulait de temps en temps à sa fenêtre, cependant ce problème là était uniquement de son fait. Le raclement de gorge du jeune homme à ses côtés lui fit tourner la tête. Il faut dire que l'individu était pour le moins discret : Selden n'avait pas senti le moindre contact entre eux deux alors que ça faisait un petit moment qu'ils marchaient de conserve en se partageant le même parapluie. Mais apparemment le blond était décidé à briser le silence agréable dans lequel ils étaient enveloppés.

Des remerciements. Ce n'était pas si rare que ça pour Selden, mais ça le prenait toujours par surprise. Il eut un nouveau sourire, accompagné d'un haussement d'épaules désinvolte. « De rien, c'est naturel. » Quoi de plus vrai pour un druide ? Leur vocation était après tout d'aider leurs prochains. Du moins c'était la façon de voir les choses du jeune brun. « Ça aurait tendance à me rendre malade, d'ignorer quelqu'un que je peux aider. » Il prononça les paroles sur le ton de la plaisanterie, se remémorant sans mal toutes les blagues idiotes que ses amis faisaient sur son caractère de bon samaritain et tous les problèmes dans lesquels ça l'attirait. Mais bon, il retirait suffisamment de joie à la simple idée de faciliter la vie à un autre être humain pour que ça vaille le coup. Il leva le nez à une intersection, à temps pour se repérer et tourna à droite pour se retrouver finalement dans la rue Wilston. « Et nous voilà arrivés à destination, sains et saufs ! »
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MessageSujet: Re: ces émotions qui ne sont tiennes ▬ Selden   ces émotions qui ne sont tiennes ▬ Selden EmptyJeu 9 Oct - 10:40


Son corps lui faisait mal. C’était un fait, une observation. Même ses muscles n’étaient pas habitués à être emplis de sentiments. Cela devenait une réaction physique, contre son état mental. C’était si fatiguant, de ressentir, d’être la proie. Klaus faisait un très mauvais hôte pour la peur, pour la gentillesse, pour l’innocence. Même s’il le remarquait à peine. Ca l’aurait rendu malade, s’il n’était pas un vampire. A la place, il se contentait de claudiquer en compagnie de Selden, chevalier servant d’un soir. Ah. Il en aurait ri, tellement, s’il était dans son état normal, l’allemand. Toutes ces années passées à se surpasser, pour ne dépendre de personne. Klaus s’était renfermé sur lui-même pour pouvoir survivre, seul et indépendant. Parce qu’il n’avait pas besoin des autres, puisque les autres ne voulaient pas de lui. Avait-il fallu qu’il soit transformé en créature de la nuit pour, finalement, ne pouvoir s’en sortir sans l’aide d’une âme charitable. Douce ironie. Ca y est, c’était ça, le contrôle, la logique, le cynisme, qui lui revenait. Il tremblait encore, de cette fatigue, non plus de cette peur. Au fur et à mesure qu’ils se rapprochaient de son loft, qu’il reconnaissait les lieux, récupérait ses points de repères, c’était comme si l’enfant de verre se retrouvait, glacial et logique, comme il se plaisait à lui-même.

Pourtant, ce n’était pas encore tout à fait ça. Surement aurait-il prié le garçon de partir, de le laisser chez lui, tranquille, pour pouvoir se recentrer sur lui-même. Mais il avait envie de remercier comme il se devait Selden, en lui offrant une tasse de café, ou une boisson semblable… en lui espérant qu’il lui restait de quoi faire une boisson chaude… ça ne devrait pas être un problème, Klaus avait encore ses armoires pleines de ces produits qui ne périmaient pas. Ou pas trop vite. L’allemand avait une dette, à laquelle il avait, sincèrement, envie de s’acquitter. Son intellect aurait dû s’inquiéter de ce trait, qui ne lui ressemblait pas, mais l’empathie était encore là, substituant la crainte à la charité… « Et nous voilà arrivés à destination, sains et saufs ! » Klaus eut un petit sourire, à la notion de ‘sains et saufs’. Pour l’heure, il était le plus éloigné de l’état ‘sains’, mais il tut sa remarque, se contentant d’un hochement de tête, alors qu’il continuait à marcher, cette fois-ci menant le chemin. Ils n’étaient pas loin et Klaus s’arrêta devant la troisième maison de la rue, regroupement d’appartements et de lofts en tous genres. Il sorti les clés de sa poche, retrouvant le contact familier du métal froid, qui ne lui arracha guère un frisson. Il les regarda un instant, avant de lever ses yeux verts sur Selden, agréable compagnie d’un soir. « Vous voulez rentrer ? » Il ne songea pas, ou à peine, que c’était l’une des rares fois où il invitait quelqu’un chez lui. C’était son antre, son trou à rat, son abri fait de mousse et de bords arrondis. « Pour vous offrir à boire, en remerciement. » Car il n’aimait pas la notion de dette, Klaus. Dans son monde parfait, il ne devait rien à personne, pour ne dépendre de personne. Si c’était suivant cette notion là qu’il aurait initialement fonctionné, ici, ce n’était que son besoin de se montrer redevable envers le noiraud.

Mais en fait, Klaus ne lui laissa à peine le temps de réfléchir, de se trouver une excuse pour refuser l’offre. Il ouvrit la porte, en faisant tourner sa clé dans la serrure, entrant chez lui, laissant le passage ouvert. « Faites comme chez vous. Je vais vite me changer. » Parce qu’il n’avait rien contre les vêtements humides, le froid ne l’incombait pas. Mais être tremper jusqu’aux os n’était pas très confortable. Alors, marchant prudemment dans sa demeure, il alluma les lumières, plissant les yeux quand l’éclairage se mit en route. Il enleva sa veste de cuir, qu’il plaça sur le portemanteau, à l’entrée, retirant par la même occasion ses chaussures, faisant preuve d’un peu d’équilibrisme quand il enleva ses chaussettes, elles-aussi parfaitement humides. Il resta quelques secondes, devant le tas trempe, se demandant combien de temps il avait pu rester sous la pluie, passant une main dans ses cheveux mouillés, sans que rien ne lui revienne, à l’exception de ce mal de crâne sourd.

Alors, furieux envers lui-même, de cette faiblesse qu’il se reconnaissait, qu’il n’aurait jamais voulu revivre, Klaus s’éclipsa à pas lent jusque sa chambre, enlevant ses vêtements petit à petit sur le chemin, se battant contre le textile qui s’accrochait à sa peau. Il prit environ trois minutes, à enfiler son pantalon de pyjama, tout en se séchant brièvement, gardant sa serviette sur les épaules, torse nu –pudeur, où es-tu ? Il avait observé, dans le miroir de sa salle de bain, ses yeux, voyant sans mal qu’il s’était bien nourri. Une fois encore, il se força à se souvenir, à remonter le fil de cette amnésie, sans qu’aucune preuve de ce qui lui était arrivé ne lui revienne. Agacé, il balança son t-shirt taché de sang dans la manne à linge, revenant dans la pièce principale où se trouvait son invité. Klaus ne faisait plus vraiment attention à son environnement, mais il savait que, pour une personne qui se voulait observatrice, il ne serait pas difficile de deviner quelques détails à son propos. Il n’y avait qu’à voir les représentations anatomiques qui étaient accrochées au mur, en souvenir de son métier, les quelques notes qui trainaient, sur diverses observations biologiques, les médicaments posés dans un coin. Même s’il n’en avait plus besoin, Klaus n’avait jamais eu à cœur de les jeter, ne voulant pas oublier tout ce qu’il avait vécu, pour lui permettre de savourer, encore plus, sa nouvelle condition.

Il avait abandonné sa canne dans sa chambre, son boitement à présent évident, alors qu’il s’approchait, toujours à cette même vitesse, de son invité. « Qu’est-ce que je peux vous offrir ? » Eh oui, c’était bien un mince sourire sur ses lèvres pâles.
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MessageSujet: Re: ces émotions qui ne sont tiennes ▬ Selden   ces émotions qui ne sont tiennes ▬ Selden EmptyDim 12 Oct - 15:15


N'ayant aucune indication quant à l'adresse précise de l'homme qu'il raccompagnait, Selden se contenta de le suivre docilement jusqu'à ce qu'il s'arrête devant la troisième maison. Rassuré de l'avoir escorté jusque chez lui sans ennuis et pas vraiment fâché à l'idée de rentrer à son appartement pour enfiler un pyjama sec et chaud et pour ensuite se mettre au lit, le brun s'apprêtait à prendre congés de l'inconnu quand ce dernier le prit au dépourvu. Il n'avait aucune raison de rentrer chez cette personne, et encore moins à une telle heure. C'était quelque chose qui ne lui serait jamais venu à l'esprit. Cependant, il pouvait difficilement nier l'attrait d'une boisson chaude alors que ses cheveux trempés collaient à son crâne et sa nuque, conséquence inévitable des efforts qu'il avait fait pour abriter l'autre de la pluie à ses propres dépends. Ils devaient être beaux, tous les deux trempés devant la porte d'entrée. Il n'eut pas le temps d'hésiter plus que la porte s'ouvrait devant lui et que le blond s'enfonçait dans la bâtiment. Ses maigres résistances vaincues, il lui emboîta le pas. Du moins jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'on le menait au sous-sol. Il prit une profonde inspiration, essayant de maîtriser l'appréhension qui se glissait dans ses veines. Ce n'était pas parce qu'il se rendait dans un sous-sol qu'il allait obligatoirement faire une crise de claustrophobie. Après tout, il y avait peut être une bonne hauteur sous plafond et même des fenêtres hautes. Vraiment, il ne pouvait pas le savoir avant d'y mettre les pieds. Il repoussa donc fermement son angoisse et suivit son hôte jusque dans l'entrée.

Il eut le temps de noter avec amusement les représentations anatomiques présageant d'au moins quelques points communs entre les deux hommes avant que l'absence de fenêtres ne lui saute aux yeux. Il était coincé et, comme un monstre blotti au fond de sa poitrine qui se réveillait lentement, la terreur s'emparait de lui. Le blond était apparemment trop préoccupé par ses vêtements trempés pour remarquer le malaise de Selden, lequel était plutôt efficacement cloué sur place par sa peur. Comme il s'en fit la réflexion un peu trop tard, il n'aurait pas dû présumer de sa résistance à sa phobie et faire part immédiatement à l'homme de son problème. Seulement il détestait reconnaître sa propre faiblesse et en parler lui donnait une réalité bien trop tangible à son goût. Son souffle se coinçait dans sa gorge et il avait l'horrible sensation de manquer de place, de suffoquer. Même l'air semblait vouloir l'étouffer. Et sur ce point là, il n'avait pas vraiment tort. Sans qu'il en ait conscience, sa panique réveillait ses pouvoirs de druide et, perdu dans sa frayeur, il rendait lui-même l'air qui l'entourait plus dense, presque trop pour ses poumons. Echappant à tout contrôle, son don transposait dans la réalité le délire de son esprit malade. Affaibli par ce manque d'oxygène, il s'appuya sur le mur derrière lui pour soulager ses jambes tremblantes et essayer de chasser le vertige qui s'emparait de lui. Ah, il était beau le sauveur du soir à lutter contre l'évanouissement. Il se recroquevilla au sol dans une position qui n'était pas sans rappeler celle dans laquelle il avait trouvé son aîné plus tôt dans la soirée. Que la vie savait se montrer ironique.

« Qu’est-ce que je peux vous offrir ? » Les mots lui parurent lointain, trop pour sa pauvre tête qui lui donnait l'impression que le monde tournait et lui avec, poupée de chiffon qui finirait écrasée par l'univers. Ils furent cependant suffisants pour lui arracher une réaction, même si ce ne fut pas grand chose de plus qu'un murmure qui franchit ses lèvres tremblantes. « De l'air. » Il fit une nouvelle tentative pour s'expliquer, pour que l'autre l'aide à mettre un terme à son cauchemar. « J'ai... J'ai besoin d'air. » Et l'air qui n'en finissait pas de devenir plus étouffant, plus dense, plus irrespirable. Et les points noirs qui dansaient devant ses yeux, signe que l'inconscience le guettait.
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MessageSujet: Re: ces émotions qui ne sont tiennes ▬ Selden   ces émotions qui ne sont tiennes ▬ Selden EmptySam 18 Oct - 12:16


Il n’y avait plus aucune trace de crainte dans l’organisme de Klaus, à présent qu’il avait retrouvé sa demeure, et qu’il s’était rendu compte que Selden n’était vraiment pas un mauvais garçon. Il n’y avait plus que l’engourdissement de ses sens, qui se remettaient de l’empathie qu’ils avaient subi, alors que le mal de crâne restait là, en arrière-plan de ses réflexions. S’il avait été en pleine possession de ses capacités, il aurait remarqué l’état du noiraud, avant qu’il ne soit qu’à une dizaine de mètres de lui. Il aurait entendu les battements affolés de son cœur et la respiration qui se bloquait dans les poumons du jeune homme. Ce ne fut que quand celui-ci lutta pour parler que Klaus fronça les sourcils, devinant qu’il y avait un problème, et qu’il n’en était pas à l’origine. Ou plutôt, pas directement. Le vampire claudiqua un peu plus vite vers Selden, sachant qu’il devait l’aider. En temps normal, il aurait pris son temps, pour analyser s’il n’aurait pas été plus ingénieux de laisser le garçon s’évanouir. Ça lui aurait fait une réserve de sang supplémentaire, en prévision de sa prochaine traque. Mais il lui était reconnaissant, et il ne pouvait pas le laisser suffoquer sans rien faire.

Alors, Klaus l’attrapa par le bras, surpassant son aversion pour le contact avec les autres. Il y avait une urgence plus grande que de respecter ses principes sur l’espace personnel. Il décolla le garçon du mur, humant l’air, qui lui semblait lourd, reconnaissant sans mal l’odeur de l’ozone. Il fronça les sourcils, jetant un coup d’œil vers Selden, dont les preuves d’engourdissement se faisaient de plus en plus significatives. Il lutta pour ne pas perdre l’équilibre, s’appuyant sur sa jambe forte pour rester droit sur ses pieds, tout en commençant par avancer. Franchement, était-ce le bon moment pour faire une crise de panique ? Klaus avait prouvé qu’il ne mordait pas… ou plus pour ce soir. « Okay, Selden, reste avec moi. » Il assura sa prise sur le jeune homme, passant son bras autour de la taille du noiraud, le portant du mieux qu’il le pouvait, alors qu’il commençait, lui-même, à avoir la sensation de manquer d’air. Voilà pourquoi il préférait garder ses distances avec les autres. Soit. L’allemand se dirigea à pas lent vers la porte qui menait vers le jardin, et qui les éviterait de se retrouver dans un couloir qui laisserait à Selden une plus grande impression de claustrophobie.

Malgré sa force de créature surnaturelle, Klaus ne put s’empêcher de grimacer face à poids de Selden, qui n’arrivait pas à tenir sur ses pieds et il le secoua, pour le ramener un peu sur terre. « Tu fais une crise de panique. » Il avait la voix serrée sous l’effort, et sous l’oxygène, qui commençait à lui manquer, aussi. Scheisse, mais c’était quoi ce gamin ? Klaus avait du mal à considérer les personnes qui, normalement en pleine santé, trouvaient toujours un moyen de se rendre malade, suite à un simple traumatisme mental. Est-ce qu’il craignait de sortir dehors parce qu’il se cassait les bras ? Non. Est-ce qu’il craignait la nuit parce qu’il avait été transformé en vampire ? non. Ah, l’humain lambda était tellement médiocre. Heureusement, ce genre de pensées ne le traversa qu’une seconde, alors qu’il continuait d’avancer, arrivant finalement jusque la dite porte. Par contre, il ne considérait absolument pas l’option de porter Selden jusqu’au-dessus des escaliers, ils risqueraient tous deux la commotion cérébrale. « Mais l’air est bel et bien autour de toi. Alors, tu vas me faire le plaisir de fermer tes yeux. » Si celui-ci n’était toujours pas évanoui, dans lequel cas Klaus parlait simplement à lui-même. « Et tu vas inspirer profondément pour te calmer. »

Finalement, il arriva jusque la porte et posa sans grâce Selden sur le sol, lui laissant le plaisir de s’appuyer contre le mur, tandis que l’enfant de verre ouvrait la porte d’un geste, la laissant grande ouverte, pour laisser l’air frais rentrer. Klaus poussa un long soupir, se posant lui aussi sur le sol, profitant de la fraicheur du sol, tournant se tête vers Selden. « Ce n’est pas parce que tu ne sens pas l’oxygène qu’il n’est pas là, d’accord ? » Il posa sa main sur le visage du noiraud, relevant les paupières de ce dernier à l’aide de ses doigts, étudiant la dilatation des pupilles. Il n’hésita pas une seule seconde à donner une claque à son sauveur d’un soir, pour le recentrer parfaitement sur la situation. « Maintenant, tu respires. » C’était un ordre, parce qu’il savait que les gens, dans leur égarement, suivaient plus facilement les directives des autres. Même si ce détail était pratique, Klaus préférait quand même travailler avec les morts. Aux moins ceux-ci ne risquaient pas de tourner de l’œil à tout moment.

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MessageSujet: Re: ces émotions qui ne sont tiennes ▬ Selden   ces émotions qui ne sont tiennes ▬ Selden EmptyMar 28 Oct - 22:35


Il n'arrivait plus à respirer. Les points noirs emplissaient son champ de vision, son monde se réduisait à ses poumons en feu et la terreur incontrôlable qui le rongeait était sa seule réalité. Puis une poigne solide se referma sur son bras et le hissa ver le haut. Incapable de commander à ses jambes, focalisé sur le seul objectif de trouver un peu d'oxygène alors qu'il employait inconsciemment son pouvoir à l'en priver, il n'opposa aucune résistance. Pas plus qu'il ne fournit d'aide. Il n'était à vrai dire pas en mesure de réagir. « Okay, Selden, reste avec moi. » C'est ce qu'il essayait de faire oui. Cependant c'était loin d'être facile. La voix du blond lui parvenait brouillée, masquée par un bourdonnement dont il était incapable de déterminer la provenance. A aucun moment l'idée que c'était son propre sang qui bouillonnait dans ses oreilles ne le traversa. Heureusement, ça n'aurait fait qu'accentuer son malaise. Une crise de panique, hein ? Comme s'il n'avait pas reconnu les symptômes tout seul. Contrairement à ce que cet homme semblait penser, savoir ce qui lui arrivait ne lui était d'absolument aucune aide. Selden peina à se rendre compte qu'ils traversaient l'appartement, sa vision trop floue pour qu'ils puissent se concentrer sur autre chose que ses pieds. Il se sentit vaciller comme son compagnon s'arrêtait un instant pour prendre une meilleur prise avant de continuer son chemin, le traînant comme la poupée inerte qu'il était momentanément devenue. Il aurait aimé pouvoir l'aider, il aurait aimé pouvoir soutenir ne serait-ce qu'un peu son propre poids sur ses jambes. Plus que tout, il aurait aimé ne pas être sujet à cette peur aussi stupide qu'implacable.

« Mais l’air est bel et bien autour de toi. Alors, tu vas me faire le plaisir de fermer tes yeux. » Quelle blague. L'air n'était pas là, c'était bel et bien le problème, même si aucun d'entre eux n'en avait conscience en cet instant. Pourtant le brun ferma docilement les paupières, essayant d'ignorer son coeur qui battait à lui en faire mal aux côtes. Klaus avait fait le bon choix de mots : faire plaisir aux autres était plus qu'une vocation chez lui, c'était une priorité, un mécanisme bien ancré qui définissait sa façon de réagir. Peut importe la situation, ça prenait le pas sur le reste, même sur la panique. C'était le genre de constatation qui aurait dû effrayer n'importe qui, mais sur le moment c'était bien utile. « Et tu vas inspirer profondément pour te calmer. » Il essayait, il ne faisait que ça. Il le jurait. Si seulement il pouvait arriver à prendre une goulée d'air frais, il se calmerait. Il lui fallait juste un peu d'oxygène, juste un peu d'espace. Il ouvrit la bouche pour prendre une inspiration plus profonde que les autres, ne réussit qu'à s'étouffer un peu plus. Son souffle se coinçait dans sa gorge, ne lui laissant aucune chance d'échapper à cette torture que son esprit malade combiné à ses pouvoirs indomptés lui infligeait. Il se retrouva de nouveau sur le sol sans comprendre comment. Sans y prêter la moindre attention. Il essayait toujours de retrouver sa respiration. De faire quelque chose pour convaincre ses poumons de reprendre leur fonctionnement normal. Vraiment, quelque chose, n'importe quoi, s'il vous plait...

La gifle qu'il reçut réussit efficacement à le recentrer, à lui faire prendre conscience de ce qui l'entourait et, surtout, de l'air frais qui soufflait doucement sur son visage. « Maintenant, tu respires. » Il n'avait pas besoin de se l'entendre dire. Reconnaissant du soutient physique que le mur lui apportait, Selden ne se concentra sur rien d'autre que sur sa respiration. De l'air, enfin ! Il ne sait combien de temps qu'il passa ainsi, assis sans rien faire d'autres que de prendre de profondes inspirations. Toujours est-il qu'il finit éventuellement par réussir à se calmer. Il resta encore un instant de plus silencieux, un peu embarrassé maintenant qu'il prenait pleine conscience de ce qui venait juste de se passer. Les joues légèrement rougies par la honte, il se racla la gorge. « Désolé pour... ça. Et merci de m'avoir aidé. C'est rare que mes crises se finissent aussi bien. » A savoir que ça se terminait généralement quand il tombait dans les pommes. Mais ça, c'était parce qu'il détestait demander l'aide de quiconque, stupide bonhomme ne voulant jamais déranger personne. Il adressa un faible sourire hésitant à son aîné, espérant ne pas lui avoir causé trop d'ennuis avec ce démon personnel.
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MessageSujet: Re: ces émotions qui ne sont tiennes ▬ Selden   ces émotions qui ne sont tiennes ▬ Selden EmptyDim 2 Nov - 11:38


La gorge de Klaus était en feu, pleurant à chaque goulée d’air qui agressait sa glotte, son larynx, ses poumons. Plus que tout, il était terriblement essoufflé, après l’effort qu’il venait de produire. Il aurait été, mille fois, plus facile, de laisser Selden mourir chez lui. Vraiment, un repas de plus. Quel vampire aurait-il été s’il s’était détourné d’une telle opportunité ? C’était ironique. Klaus n’était pas un homme de parole. Il n’avait aucun orgueil, vis-à-vis de l’espèce humaine. Il n’estimait pas leur être redevable et les notions se rapprochant de l’altruisme ne l’intéressait guère. Et voilà qu’il avait sauvé une vie. Il aurait eu un bref sourire, si la situation l’avait vraiment amusé. Il n’en était rien, et son expression resta figée dans la douleur de l’effort, s’appuyant sur la porte ouverte, qui laissait enter l’air salvateur pour le jeune homme. Promis, c’était la première et dernière fois qu’il sauvait Selden. L’allemand n’avait pas envie d’y prendre goût et il était hors de question que ça devienne une sorte d’habitude. Eh oui, l’on aurait pu croire que, aider une personne dans le besoin, l’emplisse d’un sentiment relativement gratifiant. C’était tout le contraire pour le blond, qui était empli d’un malaise grandissant, alors qu’il souhaitait que Selden disparaisse de sa vue. Malheureusement pour lui, il n’avait guère assez de force pour mettre le noiraud à la porte. Selden devrait sortir tout seul, de chez lui.

Ce qui n’était pas chose gagnée, puisqu’il semblait aussi fatigué que Klaus sur le moment. Si pas plus, ce qui était parfaitement légitime. « Désolé pour... ça. » Le vampire fit un geste, signifiant que ce n’était rien. Vraiment. La créature de la nuit n’avait pas envie de s’attarder sur des remerciements et autres. Tout ce qu’il voulait, à présent, c’était de claudiquer jusque son lit, parfaitement épuisé par les évènements de sa soirée. Comme si sa fatigue mentale, d’avoir subi une empathie dérangeante, n’avait pas suffi, à présent, se joignait la fatigue physique. Klaus étendit ses jambes, tandis qu’il posait sa tête contre la porte, songeant qu’il faisait un bien piètre vampire, aux yeux du reste de sa communauté. Bah, il ne voulait pas faire ami-ami avec ces derniers. Il était très bien comme il l’avait été, solitaire d’une vie. « Et merci de m'avoir aidé. C'est rare que mes crises se finissent aussi bien. » Klaus finissait de retrouver son souffle, essuyant son front humidifié par l’effort. Le sang fraichement acquis était bien là, renforçant sa condition générale, revitalisant déjà les muscles qui se plaignaient. Notamment celui de sa jambe la plus faible, que Klaus commença à masser consciencieusement. Il leva un instant son regard bleu, lointain, sur Selden, n’esquissant pas un seul sourire, retrouvant sa froideur cadavérique, celle qui lui convenait tant. « Tu en fais souvent ? » Immédiatement, il se mordit la langue, le vampire. Ce n’était pas ce qu’il avait voulu dire. Klaus, initialement, l’aurait vaguement sermonné, sur la nécessité qu’il apprenne à contrôler ses peurs. Toutes les faiblesses de l’homme reposaient dans son cerveau et tout n’était qu’une question de contrôle sur soi. Il n’y avait rien de plus fort que la volonté humaine, quand le corps ne décidait pas de lâcher son propriétaire.

Alors, contre lui-même, Klaus fronça les sourcils, tout en continuant de soigner sa propre jambe, faisant pression sur les nœuds qui roulaient sous sa chair, chassant les tensions qui lui tiraient les muscles. Les gestes étaient précis, coutumiers. L’enfant de verre connaissait parfaitement son corps faible. Lui-même, il pouvait se gérer. Mais il ne pouvait pas gérer une nouvelle crise, chez Selden. Alors, il laissa passer sa première question, se moquant que le noiraud y réponde, et prévoyant de ne pas s’attarder sur la réponse de ce dernier. Sa voix, marquée par l’accent de son pays, s’éleva à nouveau, le même ton calme et tranchant qu’auparavant. « Tu n’as pas un totem, ou un catalyser ? Pour te focaliser sur ce qu’il se passe réellement ? » Il eut un petit mouvement de tête, Klaus. « Dans ton cas, qu’il y a encore de l’air, autour de toi. » Même si, pendant quelques secondes, l’allemand avait douté de la présence de l’oxygène, qu’il avait placé sur de l’empathie latente, ignorant bien ce sur quoi il passait à côté.

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MessageSujet: Re: ces émotions qui ne sont tiennes ▬ Selden   ces émotions qui ne sont tiennes ▬ Selden EmptyVen 5 Déc - 15:14


Si les poumons de Selden n'étaient plus en feu, ils continuaient de fonctionner à pleine puissance, drainant le maximum d'oxygène dans son sang. Le pire était passé, mais le brun était encore faible. Il lui était presque impossible d'obtenir une réponse adéquate de ses membres, lesquels tremblaient toujours un peu sans qu'ils le sentent vraiment. Son front luisait de sueur et son épuisement se trahissait par une sensation de vertiges ; résultat de sa panique ou de l'utilisation prolongée de ses pouvoirs ? Il ne pouvait le dire, inconscient de la dernière partie du problème. Inconscient du danger qu'il représentait, pour lui comme pour les autres. Qui sait ce qui aurait pu arriver à Klaus s'il n'avait pas réussi à le sortir de son état de crise... Selden savait qu'il ne maîtrisait pas ses pouvoirs. Seulement, il assumait à tort qu'il était incapable de s'en servir et n'avait aucune idée qu'ils se déclenchaient sous le coup de ses émotions. C'est quelque chose qu'il devrait apprendre sur le tas. Et avec sa tendance à ne pas prêter attention voire à refouler ses propres états d'esprit, ça se ferait sûrement à la dure.

Essayant de focaliser ses pensées sur autre chose que son corps épuisé et son esprit affolé, le jeune homme reporta son attention sur son sauveur. Sauveur qu'il avait lui-même sauvé plus tôt... Drôle de soirée, donc, pour ces deux énergumènes qui n'appréciaient pas vraiment de bénéficier de l'aide d'un autre. Il sera les lèvres en voyant son compagnon masser sa jambe faible avec expertise. Quel incapable de druide il faisait ! Le pauvre blond l'avait gentiment invité pour le remercier et voilà que, à cause de lui, il se retrouvait de nouveau à souffrir. Comme si les événements de la soirée n'avait pas été déjà assez éprouvant pour lui. « Tu en fais souvent ? » Perdu dans ses auto-réprimandes, Selden mit un moment à analyser le sens de la question. Quand les neurones se connectèrent enfin dans son petit crâne, il haussa les épaules avec désinvolture. « Pas vraiment. J'habitais à la campagne, dans une grande maison alors ce n'était pas l'espace qui manque. Et depuis que je suis en ville, je m'arrange pour éviter les situations qui risquent d'en déclencher. » Heureusement, celles-ci restaient plutôt rares. En général, son plan se limitait à utiliser les escaliers plutôt que les ascenseurs. C'était pour ça qu'il avait présumé de ses forces et accepter de suivre son aîné, ce qui c'était révélé une terrible erreur. Tant pis, il devait considérer ça comme une piqûre de rappel.

Un totem ? Ce n'était pas une chose à laquelle Selden avait pensé. A vrai dire, il considérait presque sa phobie comme un fait naturel, inévitable. Il n'en souffrait pas assez fréquemment pour la trouver handicapante. Bien sur, il avait déjà réfléchi à des moyens de la surmonter, mais la méthode la plus populaire -à savoir l'affronter jusqu'à la vaincre- ne le séduisait pas franchement. « Pour te focaliser sur ce qu'il se passe vraiment ? Dans ton cas, qu’il y a encore de l’air, autour de toi. » La formulation de la chose lui arracha une réflexion amusée. « Je devrais pourtant être bien placé pour sentir l'air. » Son sourire se figea légèrement quand il comprit qu'il avait dit ça à voix haute. Même si lui voyait difficilement ce qu'un inconnu pourrait tirer de se charabia, sa mère lui aurait bien remonté les bretelles, de se montrer aussi imprudent. Il décida donc de ne pas s'attarder sur ce qu'il venait de dire et de plutôt rebondir sur cette solution avec un enthousiasme un brin forcé. « Mais c'est une super idée ! Il faudrait que je trouve quelque chose de significatif pour que ça marche, non ? »
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