Ellanora dormait profondément, ce matin. Elle n'entendait même pas le réveil qui sonnait de plus en plus fort. C'est l'un de ses chiens, Cookie, qui se décida à la sortir du sommeil, sûrement pour lui réclamer ensuite la sortie qu'il attendait tant. Ellanora ouvrit alors un œil, puis deux, avant de donner un coup à son réveil pour qu'il cesse de faire aboyer son autre chien qui en avait peur. « Désolée, la prochaine fois, je me réveille. Promis » Ellanora avait l'habitude de parler à ses animaux. Puisqu'elle vivait seule, sans ses parents, il lui fallait bien un peu de compagnie. Même s'ils ne répondaient pas, ses animaux la fixait lorsqu'elle s'exprimait, et comprenaient parfois. Comme lorsqu'elle disait "on sort", ce qui déclenchait l'hystérie de ses chiens et des quelques chats qui avaient passé la nuit chez elle. Ou encore, le mot "gamelle" qui ne les laissait pas indifférents.

Rapidement, après s'être levée de son lit, Ellanora reçut un appel du refuge où elle travaillait. Ils avaient besoin d'elle pour récupérer un animal chez une jeune femme. Puisque la détention de certains animaux était interdite, il était du devoir des soigneurs de venir récupérer les blessés au domicile de ceux qui les trouvaient. Heureusement, beaucoup appelaient le refuge, alors que certains essayaient de jouer aux apprentis médecins et causaient plus de mal encore, en pensant rendre service. Au pire, ils se faisaient piquer ou mordre, et finissaient à l’hôpital. Ellanora espérait donc tomber sur une personne compréhensive qui n'avait pas perdu un bras ou une jambe dans sa bonne action.

Arrivée devant le logement de la personne qui avait appelé le refuge, Ellanora consulta un mail qu'on lui avait envoyé avec quelques informations supplémentaires. L'animal était une ninoxe rousse, apparemment blessée à l'aile. Pas plus d'informations. La jeune femme observa la porte devant laquelle elle était postée, s'assura d'être au bon endroit, puis sonna deux coups.

En attendant qu'on lui ouvre la porte, Ellanora se perdit dans ses pensées. Elle avait envie de partir en voyage, de se détendre pour une fois. Mais elle n'avait pas le temps. Personne pour l'accompagner, bien que ce ne soit pas une obligation. Ellanora savait très bien se débrouiller seule. Seulement voilà, à force de croiser des couples tous les jours, on devient un peu envieux du bonheur des autres. Ellanora poussa un fin soupir. Elle pouvait bien être heureuse seule, avec ses animaux et ses amis, non ? La porte s'ouvrit alors, tirant d'un coup sec le phénix de ses pensées. « Bonjour ! Vous êtes la personne qui vient pour l’oiseau que j’ai récupéré ! » Reprenant un peu contenance, Ellanora hocha la tête et afficha un large sourire. « Oui, Ellanora McAdams, enchantée. » La jeune femme tendit la main pour se présenter convenablement et entra lorsque la porte s'ouvrit un peu plus, signe qu'elle était invité à franchir le pas.

L'oiseau dont-elle était venu s'occuper se trouvait sur le canapé de la jeune femme, enroulé dans un vêtement. Ellanora eut un sourire en voyant qu'elle avait affaire à quelqu’un de très prudent, qui avait pris soin de l'animal avant qu'un professionnel ne vienne prendre le relais. C'était rare. Parfois, les gens paniquaient en laissant les pauvres bêtes blessées dans une pièce isolée où elles pouvaient se faire encore plus de mal. « Si ça ne vous dérange pas, j'ai besoin de quelques informations, pour être sûre que d'autres animaux ne soient pas en danger, par exemple. » Les questions de routine allaient commencer, pendant que Ellanora prenait soin de prendre le petit animal dans sa main en retirant doucement le vêtement de l'autre. Elle devait au moins pratiquer les premiers soins. Ce pauvre animal était endormi et devait souffrir. « Avez-vous l'accident ? Où avez-vous trouvé l'oiseau ? J'ai besoin d'absolument tous les renseignements que vous pourrez me donner. » La soigneuse offrit un nouveau sourire à la jeune femme, car elle ne voulait pas paraître trop froide dans cet entretien. Lorsqu'elle était concentrée, Ellanora avait tendance à ne plus sourire et à ne laisser passer aucune émotion.

«Non je n’ai rien vue, l’oiseau était déjà au sol quand je l’ai trouvé. » Ellanora hocha de nouveau la tête tout en observant l'animal. Il était absolument magnifique et très propre. Trop propre. C'était comme s'il appartenait à quelqu'un, or, c'était interdit. À moins que l'oiseau soit très maniaque, ce qui était plutôt rare. «Je l’ai trouvé dans la zone boisé à 12 kilomètre d’ici, c’est une sorte de petit parc, l’oiseau était seul, j’ai regardé au niveau de l’arbre pas de nid. Il ne me semble pas avoir vue de bête qui aurait pu en vouloir à sa vie. » Dans un petit parc ? Ellanora trouvait le cas de plus en plus étrange mais préférait penser que l'animal prenait soin de lui. Elle exécuta alors les premiers soins en caressant doucement les plumes du petit être qui était endormi.

Ellanora avait également retenu que l'oiseau n'avait pas été trouvé à proximité de son nid et qu'aucun animal ne l'avait menacé. Peut-être un vol raté ou une blessure infligée par un humain. Ou un autre oiseau, ce qui pouvait arriver pendant les confrontations entre mâles, ce qu'était la ninoxe. «J’espère que vous pourrez la soigner ! c'est tout ce que je peux vous donner comme renseignements. » Rapidement, Ellanora offrir un autre sourire réconfortant à la demoiselle. « Ne vous en faites pas, ça va surtout m'aider à savoir si d'autres ninoxes ne risquaient rien. Mais apparemment, notre cher ami était seul. » Ayant réussi à prodiguer les premiers secours au petit oiseau, Ellanora se leva et sortit quelques papiers de son sac. « Voilà, je vais vous demander de bien vouloir remplir le petit formulaire. » Un formulaire qui demandait les coordonnées au cas où la personne désirait avoir des nouvelles de l'animal qu'elle trouvait et au cas où il y aurait d'autres soucis après une analyse plus approfondie. Pendant ce temps, Ellanora comptait mettre l'oiseau dans une petite cage mais fut étonnée de ne pas trouver la ninoxe sur le canapé. S'était-il réveillé et enfuit ?

Observant la demoiselle chez qui elle était, Ellanora se demandait si elle pouvait partir à la recherche de l'oiseau. Oh et puis, zut. Doucement, elle se mit à marcher à travers la pièce en jetant un regard à tous les recoins, mais nulle trace de l'oiseau. C'est alors qu'un bruit attira son attention. Un bruit d'ailes... dans la salle de bain ! Ni une ni deux, Ellanora se dirigea rapidement vers la petite pièce et ouvrit la porte, certaine d'y trouver l'oiseau. En réalité, elle était bien face à un oiseau, mais pas celui qu'elle espérait. Il y avait un homme... nu dans la pièce. « Oh mon dieu.... désolée... je... » Aussitôt, Ellanora ferma la porte et se tourna vers la jeune femme chez qui elle était. Mais... pourquoi était-elle partie en exploration sans demander l'autorisation !? Ellanora se sentait rouge de honte et retourna au salon, prête à s'excuser alors que l'homme qu'elle venait de voir était un métamorphe et donc, la ninoxe qu'elle venait de soigner. « Je suis vraiment désolée, je viens de voir votre petit ami dans la salle de bain et je pensais que c'était l'oiseau... qui a disparu. Mais en fait, non. Je ne sais pas où est l'animal que vous avez trouvé et... et je suis vraiment désolée, je ne voulais pas voir... ça... » La journée commençait bien...

«Quoi mais de quoi vous parlez, je n’ai pas de petit copain, à part vous et moi il n’y a normalement personne d’autre ici ! » L'esprit d'Ellanora était à mille à l'heure. Pas de petit ami ? Personne ici à part elle ? Mais cet homme... Quel genre de tordu s'introduisait chez de parfaits inconnus, totalement nu ? Ayant un peu peur d'être piégée avec un pervers, Ellanora s'assura que son portable était bien éclairé, au cas où. Si elle devait appeler quelqu'un d'urgence, au moins, elle ne perdait pas de temps. Curieuse tout de même, la jeune femme lança un regard vers la salle de bain où se dirigeait son hôte. Peut-être qu'une connaissance à elle s'était invitée sans qu'elle ne s'en rende compte. Oui, cette hypothèse était rassurante. Mais pas fiable. Ellanora paniquait, intérieurement.

L'hôte des lieux ne connaissait apparemment pas la personne qui se trouvait à faire du nudisme dans sa salle de bain, à en juger par son geste brusque. Elle n'avait même pas fermé totalement la porte. On pouvait voir dans ses yeux qu'elle ne comprenait pas ce qu'il se passait et Ellanora ressentait de plus en plus un malaise au fond d'elle. «Mais qu’est-ce que c’est que ça hein ! Enfin non je voie bien que c’est un homme mais qu’est ce qu’il fiche dans ma salle de bain ! » Totalement interdite, ayant secrètement envie de fuir comme une petite souris, Ellanora secoua la tête en bafouillant des sons inaudibles, incapable de parler. C'est alors que miss Deucalion s'adressa à l'homme nu, en lui demandant de se cacher avec une serviette.

«Dites moi que vous n’avez rien à voir avec tout cela ?! » Qu'est-ce que... « Quoi !? » Abasourdie, Ellanora garda la bouche bée un moment, tout en cherchant quelque chose à répliquer. « Pourquoi vous m'accusez du fait qu'un homme nu se trouve dans votre salle de bain ? Je suis arrivée seule, vous m'avez bien vu entrer chez vous ! Je n'ai rien avoir avec ce... type, dérangé ! » Ellanora n'en croyait pas ses oreilles. Comment pouvait-elle être dans le coup, alors qu'elle était ici pour soigner un pauvre animal blessé. Décidément, les gens étaient étranges. « Désolé de vous avoir fait peur » Ellanora sursauta, puis se tourna vers l'homme qui était sorti de la salle de bain, serviette autour de la taille. Il n'était pas moche, mais quand même ! Se promener nu devant des inconnues... « Je suis... l'oiseau que vous avez soigné. Je ne suis pas un pervers dérangé qui se balade nu chez les gens sans raisons, croyez-moi. » Ellanora avait l'impression d'être dans une émission de caméra cachée. Pourtant, le type avait bel et bien des plumes collées à son corps. Comme s'il avait changé tout à coup d'apparence... Le phénix en elle voulait bien le croire. Après tout, elle était elle-même surnaturelle. En revanche, elle ne savait pas bien comment réagirait la femme qui se trouvait à ses cotés et lui lança un regard.

Ellanora ne savait plus où se mettre. Elle avait la sensation de ne pas être à sa place. Comme si elle assistait à une dispute de famille qui n'était pas la sienne. Spectatrice malgré elle, la jeune femme se contenta de regarder tout le monde en se faisant le plus petite possible. Surtout depuis que cet homme se disait être l'oiseau qu'elle avait soigné. Un sentiment de malaise parcourait Ellanora qui craignait d'être impliqué dans cette histoire. Comme si, soudain, il était écrit sur son front qu'elle était différente. Mais comment pourraient-ils le savoir ? Elle n'avait qu'à jouer l'étonnée face à cet inconnu surnaturel. «Un oiseau à moitié pervers on aura tout vue ! Rester sous votre forme animale aurait sans doute évite ce genre de situation un peu étrange non ! » Le métamorphe et Ellanora lancèrent un regard vers la jeune femme qui venait de parler. Elle n'avait pas tord. Il aurait pu garder sa forme animale au lieu de s'exhiber. «Vous, vous rendez compte que vous auriez pu vous faire tuer » Encore une fois, Ellanora et l'inconnu observèrent les battes en même temps, comme s'ils étaient parfaitement synchronisés. Apparemment, l'hôte des lieux était capable de tuer quelqu'un d'un coup de batte. Ce n'était pas très rassurant. Ellanora n'avait qu'une envie, fuir.

Malheureusement, le phénix ne pouvait pas partir. La jeune femme face à elle planta son regard dans le sien. «Vous ne semblez pas vraiment perturbé par tout cela ! Vous aussi vous êtes un oiseau ? Ou je ne sais trop quoi! » Ellanora était de plus en plus mal à l'aise, d'autant plus que le mot oiseau avait été évoqué. Normal, avec cet énergumène métamorphe. Pourtant, Ellanora se sentait vraiment concernée, puisqu'elle était effectivement un oiseau, elle aussi. « Je.. Je ne... » De plus en plus stressée, Ellanora ne remarquait pas que ses mains étaient en train de fumer et de devenir rouges. Un feu se déclencha même sur les compresses qu'elle avait utilisé pour l'oiseau qu'elle avait soigné, mais elle ne s'en rendait pas compte. Tout se passait derrière elle. « Je ne vois pas pourquoi je serais un oiseau, enfin... ça n'a pas de sens... » L'inconnu arqua un sourcil en voyant le feu devenir un peu plus important. Heureusement, ce n'était pas un incendie important. Seules les compresses se consumaient. « Et vous, donc, vous ne semblez pas plus perturbée non plus. Vous êtes quoi ? » L'inconnu s'adressait à l'hôte des lieux.

L'impression d'être victime d'une caméra cachée était de plus en plus forte. Ellanora n'avait pas le temps de comprendre ce qu'il lui arrivait. Pourquoi elle ? Pourquoi était-elle témoin de ce genre de scène ? Elle qui n'avait rien demandé et qui était venue pour soigner un petit oiseau qui n'en était finalement pas un. Toute cette histoire était de plus en plus difficile à ingérer. Surtout depuis que les pouvoirs de l'un et de l'autre se mêlaient à la situation. Sous l'effet du stress, Ellanora avait éclairé un feu, sans s'en rendre compte. Heureusement, rien de bien grave, mais l'homme-oiseau semblait heureux. Il n'était pas le seul être surnaturel de la pièce et n'avait donc rien à craindre quant à son secret et sa sécurité. D'après lui, l'hôte des lieux était également différente. Et il ne semblait pas avoir tord. Ellanora observa attentivement la jeune femme qui s'était placée à coté d'elle. Pas une seule fois elle n'avait été choquée de voir un oiseau changé en homme. Au contraire, la nudité de l'homme et sa présence dans son logement avaient été ses priorités. Normalement, face à ce genre de situation, on oubli tous les détails. On ne retient que ce qui nous semble le plus incohérent. Ellanora attendit donc sagement de savoir ce qu'était cette femme.

S'attendant à une métamorphose ou à une démonstration de magie, le phénix fut surprise en voyant les yeux de l'inconnue changer de couleur. « Je pense que cela répond à votre question ! » En réalité, pas vraiment. Ellanora se demandait encore ce qu'elle était. Un phénix comme elle ? Un métamorphe ? Une sorcière ? « Cependant je ne suis pas sûr que mettre le feu à mon appartement soit une bonne idée. Tout va bien , enfin si on peut dire ça comme ça . No stress » Le phénix se sentit rougir. L'incendie n'avait pas été volontaire et elle s'en voulait encore. « Je suis vraiment désolée mais je ne maîtrise pas encore mes capacités. Je ne voulais même pas... vous montrez.. ça. » Ellanora tremblait. Elle n'avait encore jamais été dans ce genre de situation, face à des inconnus, en plein débat sur qui est quoi.

« Il est temps pour moi de partir. Mais j'ai été ravi de faire votre connaissance. » L'inconnu s'en alla rapidement, avec sa serviette autour de la taille, comme si de rien était. Ellanora secoua la tête, la bouche bée, puis repris ses esprits et reporta son attention sur l'hôte. « Je ne sais pas s'il a bien fait de partir dans cette tenue. Il va avoir des ennuis. » La jeune femme eut un premier sourire, puis décida qu'il était temps d'en savoir plus sur celle qui pouvait changer ses yeux de couleurs. « Je ne connais même pas votre nom, dans tout ça. Et... je ne suis pas sûre d'avoir compris ce que vous étiez... » Au fond d'elle, Ellanora espérait rencontrer un autre phénix, mais ce n'était pas pour aujourd'hui.

«Ne vous en fait pas, ça peut arriver, je suis bien placer pour savoir que parfois ça peux vous échapper ! Les dégâts sont minimes, enfin si l’on peut appeler ça des dégâts. Je comprends, c’est bien la dernière chose que l’on souhaite. » Ellanora semblait être un petit animal qui voulait se cacher - ce qui était à moitié vrai, en plus. Même si on lui affirmait que ses faits n'étaient pas graves, avoir exposé ses pouvoirs face à des inconnus, qui auraient pu être des humains aux mauvaises intentions, était dangereux. Ellanora devait apprendre à se contrôler, pour éviter de se retrouver à mettre le feu dans un lieu public, avec plus de deux témoins autour d'elle.

L'un des deux témoins était d'ailleurs en train de prendre la poudre d'escampette. Au moins, il n'avait pas froid aux yeux, dans sa petite serviette. Ellanora fit tout de même un commentaire, s'inquiétant légèrement pour cet homme qui allait sûrement rencontrer des ennuis avec son exhibitionnisme involontaire. Puis, contre toute attente, le phénix fut curieux. Elle voulait connaître le nom de celle qui pouvait changer ses yeux de couleur, en ajoutant qu'elle ne comprenait pas ce qu'elle était, malgré la petite représentation quelques minutes plus tôt. « Je m’appelle Scarlett ! Et vous ? » Enfin, elle pouvait mettre un nom sur ce visage. « Ellanora. » Un très léger sourire apparut sur les lèvres du phénix qui attendait de connaître l'identité surnaturelle de Scarlett.

«Je suis … heum un loup, enfin un loup garou, vous savez avec les griffes, les crocs, le grognement qui fait peur et tout le tremblement ! » Loup-garou... Ellanora fut surprise. Elle ne connaissait pas encore toutes les espèces existantes de ce monde et s'imaginait déjà la jeune femme face à elle en mode loup-garou. Ce devait être quelque chose. «Je ne vous force pas, dites moi ce que vous êtes si vous le désirez et seulement si vous le désirez. » Ellanora tordait ses doigts. Elle était nerveuse et ne savait pas si son espèce était menacée ou non. Est-ce que les loups-garous étaient amis avec les phénix ? Et si jamais ils étaient leurs prédateurs ? Ellanora déglutit à cette pensée. Il était temps qu'elle prenne un bestiaire en main et qu'elle se documente. « Je pense être un phénix. J'allume des feux et je suis orpheline, alors. » Née dans les flammes, Ellanora avait été adoptée par un couple qui se trouvait non loin du lieu de sa résurrection. « Moi qui était venue pour récupérer un oiseau blessé... » Elle secoua la tête, encore un peu secouée par toute l'histoire. « Vous connaissez d'autres.. êtres surnaturels ? »

«Effectivement, la situation à un peu tourner en grand n’importe quoi sur les bords, enfin c’est étrange comme situation, alors qu’elle aurait dû être le plus banal du monde ! » C'était bien vrai. Ellanora pouvait désormais se préparer à de telles situations. Et elle aurait dû le faire depuis longtemps. Un être surnaturel ne pouvait pas prétendre être seul sur terre, c'était évident. Alors, à moins de penser venir d'une autre planète - mais là encore, seul, ce serait improbable - Ellanora aurait dû réfléchir à ce genre d'événement bien avant que ça lui tombe sous le nez. Elle fit un petit sourire à la jeune femme face à elle, reprenant un peu mieux ses esprits qu'au départ, tout en observant rapidement le chantier qu'avait mis l'homme-oiseau. Il y avait des plumes de partout.

Curieuse de savoir si Scarlett était au courant de tout ce monde, Ellanora lui posa une question. Simple et efficace. Elle voulait connaître les secrets de son univers, savoir si d'autres créatures habitaient la même terre qu'elle. Jamais encore elle n'avait vu d'information à ce sujet, nulle part. Même pas dans un journal télévisé. Heureusement, d'ailleurs. Que pensez le gouvernement ? Ellanora commençait à se poser de drôles de questions. Bon, elle était quand même prudente depuis de nombreuses années, mais quand même. Ses parents adoptifs lui avaient appris à se contrôler, même si ce n'était pas suffisant. Ils ne connaissaient pas l'univers des êtres surnaturels par cœur et avaient fait tout leur possible pour aider leur enfant.

«Pour dire la vérité j’ai pas mal de lacunes la dessus ! Je ne suis sans doute pas la meilleur personne pour t'aider avec ça ,malheureusement la personne qui me l’enseignait n'est plus a mes côtes aujourd'hui. Désolée. » Ellanora sembla désolée aussi. Elle ignorait les circonstances qui faisaient que Scarlett n'est plus cette fameuse personne à ses cotés et ne souhaitait pas lui faire revivre un souvenir peut-être douloureux. « Oh, euh, ne t'en fais pas. Je suis désolée aussi. Du coup... j'imagine que tu ne diras rien à personne sur moi ? Parce que, moi, je ne compte rien dire à personne à ton sujet. Enfin, peut-être mes parents, ils sont sorciers... mais, ton secret sera bien gardé et si tu préfères que je ne parle pas, je coudrais ma bouche. Enfin, façon de parler... je ne vais pas vraiment la coudre. » Ellanora s'étonnait elle-même. Elle parlait beaucoup, sûrement l'après-coup. « Je vais malheureusement devoir retourner travailler. Mais... on peut se revoir, si vous... euh, si tu veux ? » Le phénix n'était pas douée pour se faire des amis, ni pour proposer des rendez-vous amicaux sans paraître bizarre. Après tout, elle ne connaissait pas vraiment cette jeune femme, mais parler à quelqu'un de surnaturel... c'était assez réconfortant. Surtout un lycan !