bienvenue dans la nuit ▬ Coleen

Sujet: bienvenue dans la nuit ▬ Coleen Dim 28 Sep - 20:25

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Type du sujet : [] Flash-Back [x] Présent
Date du rp : samedi 20 septembre
Météo (approximative) : Ciel couvert, légèrement venteux, la pluie s'est arrêtée il y a une heure.
Matin, après-midi, soir : avancé dans la soirée
Statut du sujet : [] libre [x] privé
Statut du rp : [x] en cours [] terminé

Malone sortit du parking couvert où il s’était abrité lors de l’averse. Il aimait bien la pluie, mais il ne supportait pas de finir trempé, surtout quand il était bon pour se balader avec ses vêtements humides toute la nuit, pour qu’ils sèchent d’eux-mêmes. Il avait beau être un phœnix, il préférait rester au sec. C’était plus confortable, déjà. Et il ne risquait pas de se faire engueuler par Sue, si elle découvrait qu’il avait passé sa soirée à patauger dans ses vêtements. Bref, c’était mieux comme ça. Il avait les cheveux encore un peu humide, et les genoux douloureux d’être resté assis trop longtemps à ne rien faire. Enfin, il n’était pas resté inactif. Il s’était amusé à taillé dans le bois des reliefs qui rappelaient les masques aborigènes, qu’il pourrait vendre pour quelques dollars, demain. Mais il préférait marcher dans la ville, exploré ses coins inconnues, vagabonder, comme il le faisait si bien, tagguer un mur. Malheureusement, ce soir, les structures de bétons étaient trop humides pour que la peinture ne sèche, il serait obligé de contenir ses élans artistiques. Heureusement qu’il n’y avait pas une urgence surnaturelle, sinon, il aurait été bien embêté.

Il ne savait pas où il allait passer la nuit. Eventuellement, il irait se trouver un coin à l’abri du vent, sur une terrasse oubliée, aménagée de quelques cartons, pour plus de confort sur le sol. Malone n’avait pas particulièrement envie de rendre visite à Eevee ce soir, se sentant l’esprit libre pour la nuit. Ainsi, il errait, le pas lent, perdant son regard à la contemplation silencieuse des constructions que l’homme s’acharnait à bâtir. Son gros sac sur l’épaule, il se promenait, saluant les quelques visages qu’il connaissait. Il s’arrêta même, devant un portique où trainait un ensemble de personnes qui n’avaient pas un air particulièrement rassurant. Pourtant, Malone s’adressait à eux avec un grand sourire. Il n’y avait rien d’étonnant. C’était un groupe de loup-garous en pleine période rebelles. Mais avant tout, ils formaient le bras armé d’une meute, qui était installée à Perth depuis quelques générations. Ainsi, ce n’était pas qu’une visite de courtoisie à laquelle Malone s’adonnait, mais bien à un échange d’informations tout ce qu’il y a le plus anodin. C’était qu’il fallait se tenir au courant de ce qui bougeait, dans ce monde. Et puisqu’il n’accordait pas beaucoup de confiance aux appareils électroniques – le sien tombait souvent en panne, la batterie vide d’énergie – il préférait une bonne discussion à l’ancienne, avec la personne face à lui. C’était plus facile pour cerner les gens, et ça préservait le contact.

Bref, après avoir discuté avec ces charmants lycanthropes, qui lui offrirent même un café rehaussé d’un peu d’alcool, pour lui tenir chaud – charmants, je vous l’avais dit – il se remit à errer dans le centre économique de la ville, marchand sur de longs kilomètres, perdant la notion du temps à la moitié de sa balade, quand il se retrouva non loin d’un quartier résidentiel. C’est là qu’entre les quelques piétons du soir, il reconnut, au loin, la figure de Coleen. C’était une gentille femme, qui acceptait toujours ses petites pièces contre un café et qui ne le regardait pas comme s’il était une vermine, ou qui ne le niait pas. Une personne avec un cœur, ce qui manquait cruellement à cette époque. C’est pour cette raison qu’il ne put s’empêcher d’aller vers elle, ne serait-ce que pour la saluer. C’est là, à quelques mètres, qu’il reconnut qu’elle n’était pas dans son état normal. La chaleureuse Coleen semblait parfaitement inquiète. Malone devint inquiet et il finit de combler la distance entre eux. « Coleen, tout va bien ? » Il évitait de mettre les pieds dans le plat tout de suite, même si c’était évident que sa question n’aurait pas une réponse positive.

Et merde. La soirée avait si bien commencé pourtant. Coleen avait tout prévu depuis la matinée, elle devait retrouver Jude après sa longue journée de travail, le chercher à l'école et marcher un peu avec lui en ville avant de rentrer et de commander une pizza. Son colocataire l'avait prévenue qu'il risquait de rentrer très tard à cause d'une recherche intensive sur des fossiles récemment trouvés. Elle n'en voulait pas à Christopher, et puis, une soirée avec son fils, cela n'avait pas de prix. Sa journée de travail s'était bien passée, même si ce n'était pas son travail rêvé, la voie qu'elle avait voulu tracer, son travail lui convenait. Sa présence aidait quelques clients à passer une meilleure journée, le cadre de travail était agréable et ses horaires de travail lui permettaient de pouvoir passer du temps avec son fils. Elle était très protectrice envers Jude, elle l'était davantage depuis la mort de son compagnon. Coleen avait craint la réaction de son fils, comment réagirait-il face à la disparition de son père? Malgré des moments très difficiles et un long silence, les choses s'étaient arrangées et le dialogue était revenu entre la mère et le fils, au grand soulagement de Coleen. Etre mère célibataire était un combat quotidien mais elle refusait de baisser les bras.

Jude lui avait raconté sa journée, alors qu'ils marchaient dans le quartier pour rentrer à l'appartement dans lequel ils vivaient avec Christopher, le meilleur ami de Coleen. Tout se passait très bien, et Coleen avait décidé d'appeler directement la pizzeria avant qu'ils ne rentrent pour que la pizza arrive plus rapidement que prévu. Elle avait détourné le regard cinq secondes pour chercher ses clés dans son sac alors qu'elle était au téléphone, cinq petites secondes. Mais ces dernières avaient suffi. Le pire était arrivé, son fils avait disparu. Elle avait entendu un bruit sourd suivi d'un grognement, et puis, le silence s'était installé. Un silence bien lourd qui laissait présager le pire à Coleen. Les ruelles se situant près de son immeuble ne l'avaient jamais rassurée, elle les évitait soigneusement à chaque fois qu'elle rentrait chez elle mais cette fois, elle savait qu'elle ne pourrait plus les éviter. Elle ferait tout pour retrouver son fils. Peut-être était-elle parano, peut-être était-il rentré, mais le gardien de l'immeuble lui confirma que Jude n'était pas passé par là. Avait-il été kidnappé par la même personne qui avait tué son compagnon? Pourquoi avait-elle ce genre de pensées? Coleen tenta de prendre une profonde inspiration et écarquilla les yeux lorsque les personnes passant près d'elle la regardaient étrangement. Sa détresse les repoussait, et aucun d'eux ne proposait de l'aide. Qu'ils aillent se foutre.

Alors qu'elle regardait autour d'elle comme si elle espérait que son fils allait réapparaître, une voix retentit près d'elle, lui faisant rater quelques battements de coeur. Elle était bien trop nerveuse pour son propre bien. Cependant, une pointe de soulagement apaisa son coeur quelques secondes, il s'agissait de Malone, un client régulier du café. Le seul qui s'inquiétait pour elle. Elle ouvrit la bouche pour répondre mais elle semblait être à bout de souffle, totalement paniquée. Elle passa ses mains sur son visage puis sentit sa gorge serrer. Elle se sentait irresponsable et idiote, et surtout désespérée. « Mon... mon fils a disparu. J'étais au téléphone, je jure que j'ai simplement détourné le regard cinq secondes, je prenais mes putain de clés et il avait disparu ! Comme ça ! Tu crois qu'il a fugué? Je pense à tout. Je ne retrouve pas son sac, donc il l'a encore avec lui. Et j'ai entendu un grognement, il y a sûrement des chiens qui rôdent dans le coin. Je... je ne sais pas quoi faire. Je n'ai même pas appelé la police. Oh que je suis conne, je devrais l'appeler ! Ca devrait être mon premier geste ! » Coleen voulait se frapper la tête contre le mur, crier de rage et réduire son téléphone en bouillie mais elle n'en fit rien. Cela ne l'aiderait pas, et rester plantée là l'aiderait encore moins. « Je vais aller voir dans cette ruelle... peut-être qu'il a vu un chat et a voulu le récupérer, ce n'est pas la première fois qu'il fait ça. Je... je panique juste, depuis que son père est mort. Désolée, je dois t'embêter avec mes problèmes... je m'excuse. Je... tu es simplement le seul qui s'est arrêté pour savoir si j'allais bien, et... merci pour ça. » Mais un nouveau grognement retentit dans la ruelle et Coleen s'agrippa au bras de Malone. C'était quoi ce bordel? Un chien mal léché ou un vieux qui venait de se réveiller? Cela ne pouvait pas être autre chose... non? Autre chose, ça n'existait pas, pas dans le monde de Coleen.

Malone faisait partie de cette vieille école qui encourageait les individus à se soutenir dans les moments difficiles. Le phœnix, pour faire simple, ne pouvait pas détourner le regard d’une personne dans le besoin, au bord du gouffre émotionnel. Rajouté à cela qu’il connaissait bien Coleen et qu’il l’appréciait, il ne pouvait pas passer à côté d’elle comme si elle n’existait pas. Car il savait que chaque personne avait son importance dans cette ville, et que, surtout, la serveuse avait grand besoin d’aide, il le sentait dans ses tripes. Alors, quand il s’approcha d’elle et qu’il remarqua combien elle était essoufflée, il se demanda après quoi, elle avait couru. Sans la presser, il attendit qu’elle récupère un semblant de calme, suffisamment pour qu’elle puisse lui expliquer la situation. Male était inquiet, bien évidemment, reconnaissant qu’il fallait plus qu’un simple bobo pour mettre Coleen dans cet état. C’était une femme avec un fort caractère et qui ne se laissait pas marcher sur les pieds. « Mon... mon fils a disparu. » Une expression effarée passa sur le visage de Malone, alors qu’elle lui expliquait les derniers évènements, de manière erratique. Il s’était approché d’elle, posant une main sur son épaule, pour l’encourager à continuer, passant au-dessus des autocritiques que la femme se lançait. Il allait pour la rassurer, vraiment, lui dire qu’il ne pouvait pas être loin. Mais. « Et j'ai entendu un grognement, il y a sûrement des chiens qui rôdent dans le coin. » Il pinça les lèvres. Malheureusement, il n’y avait pas que des chiens qui rodaient, ici, à Perth.

Malone secoua sa main aux remerciements de Coleen. « De rien, c’est normal. Il faut juste que tu te calmes. Je vais t’aider à le retrouver, d’acc- » Sa proposition mourut dans sa gorge quand il entendit les fameux grognements, bien familiers pour qu’il ne les confonde avec n’importe quel canin des rues. Il baissa son regard sur Coleen, qui, aussi surprise que lui, et effrayée, s’était accrochée à son bras. Le phoenix eut un mince sourire désolé, en devinant ce qu’il se passait. Franchement, qui était assez affamé pour s’en prendre à un gosse ? Instinctivement, il leva les yeux vers la lune, cachée par les nuages de la nuit, grimaça. Elle n’était pas pleine, mais sur le chemin de l’être. Puis, sans perdre une seconde, en libérant son bras de l’emprise de Coleen, qu’il passa pardessus ses épaules, pour lui donner une vague impression de sécurité – il doutait que quiconque se sente rassuré dans pareille situation- il s’approcha de la ruelle que Coleen et lui n’avaient pas lâchés des yeux. Prudemment, mais sans perdre de temps, il se faufila entre les cartons et les poubelles à moitié remplies, remarquant, à quelques dizaines de mètre de là, deux silhouettes imposantes, les muscles gonflés par la force de la Lune et la colère qui devait courir dans leurs veines.

Une personne normalement constitué aurait envisagé de prendre la fuite, face à ses créatures, qui, se retournant vers les intrus, détachèrent leur attention de la boule assise à leurs pieds- un petit garçon- , dévoilant crocs et yeux luisants aux deux adultes. Malone, inconsciemment, resserra sa prise sur l’épaule de Coleen, lui empêchant de faire des gestes brusques, qui risqueraient de mettre ces lycans encore plus en colère que ce qu’ils étaient. Lui, n’avait pas peur. Oui, il était sur ses gardes, et si son sang battait dans ses oreilles, c’était grâce à cette adrénaline qui commençait à monter en lui. Mais il ne craignait pas les conséquences de ses actes, parce qu’il savait exactement ce qu’il devait faire – ça ne serait pas la première fois qu’il était confronté à des loups de mauvais poils. Il s’approcha, ne lâchant pas les créatures des yeux, l’assurance brillant dans le fond de son regard. « Qu’est-ce que vous foutez là ?! » Il avait crié ses paroles, étant sûr de bien se faire entendre, de se donner une image d’autorité. « Vous voulez attirer l’attention des premiers chasseurs qui passent, c’est ça ? » Il lâcha, lentement, Coleen, se tournant brièvement vers elle, lui adressant un mince sourire, l’invitant à rester derrière lui, lui offrant sa main, au besoin. Il ne voulait pas prendre risques inutiles.

Ensuite, il fixa à nouveau son intention sur les loups-garou, qui s’étaient rapprochés, grognant un peu plus, dans l’espoir d’intimider Malone. « Ouais, c’est ça, grogne ! En attendant, si je retrouve votre alpha, je m’assurerai qu’il vous dresse. » Il y avait toujours deux mots, qui fonctionnaient à tous les coups, avec les esprits embrumés de lycans : chasseur et alpha. C’était, généralement, suffisant, pour attirer leur conscience à la surface et les faire réaliser qu’ils faisaient des conneries. Il attendit quelques secondes, sans défaillir, jusqu’à ce que le premier lycan fasse mine d’hésiter, avant de perdre ses crocs, les yeux toujours luisant d’une certaine défiance, en reculant de plusieurs pas, prenant avec lui son partenaire. Ils partirent bientôt et Malone s’autorisa à échappa un soupir de soulagement. Puis, il laissa le passage libre, vers l’enfant qui avait été l’objet des attentions de ces mauvaises créatures, laissant à Coleen la joie de retrouver son petit garçon, rassuré qu’il soit toujours en un seul morceau, vu de loin.

Un simple événement pouvait entièrement bouleverser la vie d'une personne, bouleverser sa façon de penser, son comportement, son quotidien. Tout ce en quoi une personne croyait pouvait changer, et le monde ne serait plus jamais le même à ses yeux. C'était exactement ce qui arrivait à Coleen. Elle avait froncé ses sourcils en sentant Malone passer son bras autour de ses épaules, mais elle décida de se détendre, elle était un peu trop sur la défensive dernièrement. Après tout, il cherchait simplement à la rassurer et à l'aider pour retrouver Jude. Oh, Jude. Où était-il? Que lui était-il arrivé? Deux silhouettes imposantes apparurent dans son champ de vision, Coleen fit un pas en arrière, par simple réflexe. Que se passait-il dans cette ruelle? Pourquoi Malone semblait-il être si calme face à cette situation? Comment faisait-il pour conserver un tel self-control? Il resserra sa prise sur son épaule, ce qui la surprit, mais elle ne pouvait pas bouger de toute façon. Elle était paralysée par la peur. Et si quelque chose d'horrible était arrivé à son fils? Qui étaient ces personnes non loin d'eux? Coleen voulut ouvrir la bouche, pour leur ordonner de lui ramener son fils, pour leur dire de les laisser tranquilles, mais aucun son ne pouvait en sortir. En revanche, Malone prit la parole et ce qu'il dit changea à jamais la vie de Coleen tout en lui ouvrant la porte d'un monde totalement différent. La normalité de ce monde avait éclaté sous ses yeux.

Chasseurs? De quoi parlait-il? Ils n'étaient pas dans une forêt ou dans un champ, les chasseurs ne risquaient pas de s'aventurer dans une ruelle à une heure si tardive. Malone lâcha Coleen, lui adressant un sourire qui se voulait rassurant mais elle se sentait incapable de lui rendre ce sourire, ni même de prendre la main qu'il lui offrait. Elle restait paralysée, et mille et une pensées traversaient son esprit. Ces grognements n'avaient rien d'humain et elle avait le pressentiment que les chasseurs évoqués par Malone n'aimaient pas chasser les fesses d'un canard ou d'une pauvre poule. Les silhouettes s'approchèrent davantage en grognant, et Coleen, penchant légèrement la tête, aperçut Jude. Sa peur s'était concentrée sur les silhouettes, elle remarquait à peine celle du petit garçon, de son trésor. Elle voulut s'avancer mais les silhouettes lui donnaient envie de fuir, et ses jambes tremblaient un peu trop pour lui permettre de courir convenablement. Malone évoqua alors un Alpha, et ce simple mot fit éviter l'une des silhouettes. Un Alpha? Il parlait d'eux comme s'il s'agissait de... non, non, non. Ce n'était pas... possible. Coleen leva lentement la tête et déglutit difficilement en observant la lune. Une pleine lune était prévenue pour la nuit, comme dans... dans les films de loups-garous. Non, non, elle ne pouvait pas y croire. C'était une mauvaise blague, n'est-ce pas? Halloween allait se dérouler dans un peu plus d'un mois, était-ce un entraînement sournois? Mais le ton sérieux de Malone et le comportement des chasseurs lui montraient clairement qu'il ne s'agissait pas d'une mauvaise blague. C'était la vérité, aussi difficile soit-elle à accepter.

Les silhouettes décidèrent enfin de partir, alors que le passage était enfin libre pour Jude. Ce dernier hésita avant de courir pour serrer les jambes de sa mère, rassuré et également très curieux. Il leva sa petite tête pour observer Coleen et Malone. « Maman, c'était un loup-garou ! Même deux ! Tu les as vus, hein? C'était bien ça ! Ils avaient des yeux luisants et des crocs, j'ai eu peur mais je n'aurais jamais cru que j'en verrais pour de vrai un jour, hein maman? Bonsoir monsieur Malone ! Vous avez vu les loups-garous aussi? » Coleen fut secouée par un haut-le-coeur mais elle passa son bras autour de Jude pour le cacher derrière elle avant de fixer Malone. Les larmes coulaient sur ses joues, elle ne pouvait pas s'en empêcher. Elle était à la fois rassurée de retrouver son Jude sain et sauf, mais elle était également terrifiée. « Ces... ces choses... ils étaient bien... ce que je pense? Comment es-tu au courant de ça? Tu es comme eux? Qu'est-ce qui se passe dans cette putain de ville?! » Et merde, elle avait dit un gros mot devant Jude, mais elle n'était pas d'humeur à s'en soucier, pas quand des créatures se promenaient librement dans la ville et menaçaient la sûreté de son fils. « Il y en a d'autres comme ça? Tu as intérêt à me dire la vérité... parce que... maintenant, je... j'ignore ce que je suis censée croire. » Coleen serra davantage Jude contre elle. Et s'il voulait en voir d'autres? Et s'il partait à leur recherche? Et les chasseurs étaient-ils nombreux dans la ville? Une guerre se déroulait-elle en ville, dans ces mêmes ruelles? Non, ce n'était pas possible. Coleen ignorait ce qui était possible, là, tout de suite, mais elle espérait que ses jambes n'allaient pas flancher, car elle n'aurait jamais la force de se relever dans ce cas.

Malone expira, libérant le peu d’anxiété qui s’était creusé dans son estomac. Oui, il n’avait pas eu peur, il savait qu’il ne devait pas craindre ce genre de créature, ça aurait été leur donner un avantage, que le Phoenix ne voulait pas leur céder. S’il ne les craignait pas, ça ne voulait pas dire qu’il avait craint les conséquences de cette rencontre. Parfois, les loups-garous réagissaient très mal à l’autorité, si elle ne venait pas de leur chef immédiat. Mais il fallait être extrêmement jeune pour s’en prendre à une victime innocente. Vraiment, Male ferait tout ce qui était en son pouvoir pour retrouver ces lycans et leur inculquer un peu de bon sens, dans leurs instincts primaires. La Lune ne pardonnait pas tout, loin de là. Une boule brune se leva du mur et vint se loger dans les jambes de Coleen. Le sans-abri eut un mince sourire, tandis que Jude s’exprimait avec vitesse et une certaine joie. Heureusement, il n’avait pas totalement réalisé la situation dans laquelle il se trouvait, et les risques qu’il avait encourus. Ce qui n’était pas le cas de Coleen, qui protégea un peu plus Jude, en faisant barrage face à Malone. Le poulet de feu sourit tristement, réalisant dans quoi Coleen venait de plonger. « Bonsoir monsieur Malone ! Vous avez vu les loups-garous aussi? » Autant jouer le jeu de l’idiot du village, c’était ce qui fonctionnait le mieux, et qui n’inquiéterait pas Jude. Même si celui-ci semblait plus que bien prendre la nouvelle. Les jeunes, de nos jours…

Malone s’agenouilla, pour être au niveau du petit garçon, prenant son sourire calme. « Oui, j’ai vu ça. Il était gros, non ? Tu n’as pas eu peur. Ils ne t’ont pas fait de mal ? » Autant s’en assurer, avant qu’il ne soit trop tard, même si Jude semblait bien se porter. Il ne fallait pas risquer d’avoir de mauvaises surprises, quand bien les Blackwell devaient en avoir eu leur lot pour la soirée. « Ces... ces choses... ils étaient bien... ce que je pense? » Malone leva les yeux vers Coleen, son sang se glaçant dans ses veines. Elle pleurait ? Il se gratta la tête, se redressant. Ca n’avait rien d’embêtant, ni d’étonnant. Malone se rendrait tout juste compte de l’effet que ça avait dû faire à la jeune femme, de se rendre compte que son monde n’était peut-être pas aussi simple que ce qu’il n’y paraissait. « Comment es-tu au courant de ça? Tu es comme eux? Qu'est-ce qui se passe dans cette putain de ville?! » Il se redressa lentement, faisant signe à Coleen de se calmer, avec l’air de ses mains, qu’il releva, en signe d’apaisement. « Ca va Coleen, c’est passé. Tu peux te calmer. » Il fallait qu’il se calme, tout irait mieux si elle reprenait son souffle. Et qu’allait penser le petit Jude s’il voyait sa maman dans ses états. « Regarde, Jude va bien. Tu ne veux pas l’inquiéter, non ? » Il n’était pas réticent à dire la vérité à Coleen, loin de là. Elle était en droit de savoir, surtout qu’elle venait d’être projetée dans la part fantastique de ce monde, sans qu’elle n’y soit préparée. Mais le phœnix savait, d’expérience, qu’apporter tout en un bloc n’était jamais la solution idéale.

« Il y en a d'autres comme ça? Tu as intérêt à me dire la vérité... parce que... maintenant, je... j'ignore ce que je suis censée croire. » Son sourire s’effaça petit à petit. Il prit une brève inspiration, repositionnant son sac sur son épaule, comme il le fallait. « Oui, ils étaient bien ce que tu crois… et non, je ne suis pas un lycan. » Ce n’était que retarder l’échéance. Male avait conscience qu’il ne devait pas bousculer Coleen avec tout ce qu’il savait, ni avec ce qu’il était. « Tu peux croire ce que tu veux, Coleen. Je ne suis pas là pour prendre la décision à ta place. Mais oui, il n’y a définitivement pas que des humains à Perth. » Son ton était relativement calme et il gardait sa patience légendaire. Il ne voulait pas la stresser plus qu’elle ne l’était déjà.

Se calmer. Elle devait se calmer. Etait-ce une mauvaise plaisanterie? Comment était-elle censée se calmer lorsque... ça... se produisait juste sous ses yeux?! Comment était-elle censée se calmer lorsque deux loups sauvages mal léchés avaient probablement voulu utiliser Jude pour un petit barbecue, histoire de se soulager en pleine lune?! Oui, Jude allait bien. Non, elle ne voulait pas l'inquiéter. Le mal était déjà fait, de toute façon. Jude allait parcourir tous les livres parlant de ces choses-là à la bibliothèque, il allait emprunter son ordinateur lorsqu'elle aurait le dos tourné et chercher plein de conneries sur internet. Rien ne lui ferait oublier ce qu'il avait vu et il n'avait même pas peur. Jude, qui avait failli devenir la proie de deux loups-garous et qui serait probablement en petits morceaux sans l'intervention de Malone, était fasciné et non effrayé. Entre Jude excité comme une puce sur le point de sautiller tant il était content et Malone aussi calme que s'il assistait à un cours de yoga, Coleen ne savait pas quoi faire, quoi penser, quoi dire. Partir en courant en hurlant comme une hystérique? Se rouler sur le sol en pleurant? Se goinfrer? Donner un coup dans le mur pour se soulager? Alerter la police? Non, elle ne pouvait pas faire ça. Pouvait-elle quand même taper sa tête contre le mur, en espérant que tout ce qu'elle avait vu et entendu disparaîtrait? Non, ça, ce n'était pas possible non plus. Si le surnaturel existait, elle pouvait bien les oublier, non? Tout était possible, après tout ! Vive le progrès et l'évolution, woo hoo !

Oh, Malone n'était donc pas un lycan? Mais quel soulagement. Coleen ne se calme pas pour autant, toujours furieuse et bouleversée. Ce n'était pas le cas de Jude qui observait Malone avec de grands yeux émerveillés. D'ailleurs, il se mit véritablement à sautiller mais cela n'avait aucun rapport avec le surnaturel, bien au contraire. « Maman, maman, regarde ! Le livreur de pizza est là ! » Il passa ses petits mains dans les poches de sa mère pour prendre un billet et se mit à courir pour aller voir le livreur et payer leur commande. La peur affamait le petit garçon, mais Coleen n'avait plus aucun appétit pour le moment. Elle surveilla son fils du coin de l'oeil avant de reporter son attention sur Malone. « Qu'est-ce que tu es? Ok, tu n'es pas un lycan, ça j'ai compris mais tu dois être quelque chose, non? Ou alors tu es un humain qui sait beaucoup de choses sur tout ce qui se passe autour. Et qu'est-ce qu'il y a d'autre? Je veux être préparée à défendre mon fils en cas de connerie nocturne comme ça. Depuis quand ça arrive, d'ailleurs?! Ils n'ont pas un coin spécial pour la pleine lune?! Ils ont des puces? Car si c'est le cas, Jude va passer au moins deux heures dans son bain pour que je vérifie s'il n'en a pas du coup ! Je suis peut-être parano mais au moins, je suis une bonne mère ! » Une bonne mère paniquée et perplexe, surtout.

Un souvenir lui revint alors à l'esprit : les blessures sur le corps de son compagnon, des griffures profondes qui l'avaient égorgé et des morceaux de peau arrachés. L'autopsie avait conclu qu'il s'agissait probablement d'un animal sauvage qui s'était échappé du zoo ou qui vagabondait dans le coin. Coleen avait cru cette histoire... jusqu'à ce soir. « Lorsque je me suis rendue à la morgue pour identifier le corps du père de Jude, j'ai... j'ai remarqué des griffures assez profondes pour le vider de son sang rapidement et... et des morceaux de sang arrachés. J'ai cru au résultat de l'autopsie mais maintenant... maintenant que je sais ce qui se promène en pleine ville, je... il est possible qu'il ait été tué par une créature, hein? Il a servi de repas, hm? » Pourtant, il n'avait pas été tué durant un soir de pleine lune mais Coleen ignorait même qui était son compagnon, un chasseur détesté et réputé à Perth depuis des années. Les créatures avaient simplement voulu se venger et survivre. Mais si Coleen apprenait cette vérité, sa tête allait véritablement exploser. Elle ne pouvait pas encaisser un autre bouleversement, pas ce soir.

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