C'était une observation silencieuse, une contemplation dénuée d'intérêt, mais surtout, un souffle d'ennui masquant une impatience avec subtilité. Riley attendait sans bouger, les mains croisées sur son torse, tandis que ses iris fixaient l'horizon sans réellement le voir. Sous ce dernier, quelques passants, jouant avec le temps et se délestant d'une longue journée de labeur accomplis, ou non.

Des enfants rieurs et des parents attentifs, des couples discrets et des amis, un esprit de joie comblé par la présence d'un soleil offrant ses derniers rayons de chaleur. Mais surtout, des sentiers qui se remplissaient doucement, avant que le jour ne s'estompe. Une fin d'après-midi sans accroche pour le dhampire, qui patientait contre un arbre, se fondant dans l'ombre de ce dernier avec aisance. Accrochant un objet volant dans sa direction, ses iris le suivirent un instant, avant de s'échouer à quelques pas de Riley. S'accroupissant pour le ramasser, le propriétaire du bien le héla et il se retourna. « — Ce frisbee est à toi ? »

S'armant d'un sourire avenant, c'était avec sympathie qu'il s'adressait à l'enfant, âgé tout au plus d'une dizaine année, selon lui. « — Euh... ouais, merci de l'avoir ramassé.» L'embarras se lisait sur le visage du garçon et le barman n'attendit pas pour remettre le jouet entre les mains de ce dernier. Il fut remercié rapidement et de nouveau seul. Soupirant faiblement, Riley jeta un regard blasé à son portable. Pourquoi était-il venu aussi tôt déjà ? L'impatience, n'est-ce pas... Grognant, ses pas le menèrent à en vendeur ambulant et il y commanda deux cappuccinos. Délaissant rapidement le vendeur, qui tentait vainement de converser avec lui, il chercha des yeux un banc à l'ombre, malgré le soleil déclinant.

Déposant le deuxième gobelet sur le banc, Riley entreprit de siroter gentiment le sien, regrettant d'être parti autant en avance. La circulation avait été, étonnement tranquille et il avait pu slalomer entre les voitures et arriver en moins d'un quart d'heure. C'est-à-dire, avec plus de vingt minutes d'avance. Avalant une énième gorgée de son café, tripotant de sa main libre sa boucle d'oreille, le musicien aperçu au loin la silhouette, si reconnaissable de celle qu'il attendait. Sans empressement, avec un détachement qu'il feignait pour une fois, il vint à la rencontre de la demoiselle. Esquissant un maigre sourire, il tendit le gobelet plein à la rouquine. « — Casey, ça fait plaisir de te voir. »

Jetant son propre verre dans une poubelle, ses mains vinrent automatiquement se rendre dans ses poches, fixant les nuages qui masquaient l'astre solaire. « — On marche, un peu ? » Entrainant son interlocutrice, se mordillant machinalement les lèvres, Riley entama avec une pointe d'humour, retrouvant ses habitudes envers Casey. « — Quelles sont les nouvelles ? Ne lésine pas sur les détails, t'écouter me réchauffera. » Le barman faisait allusion au fait que sa camarade se laissait aisément entrainer par ses ardeurs quelques fois, mais il ne le voyait point comme un défaut. Au contraire.

Trottinant prestement sur le trottoir, je boutonne mon manteau de laine mis rapidement. Un coup d'œil à ma montre me confirme que j'ai seulement quelques minutes pour traverser la moitié de la ville et arriver au point de rendez-vous. Quelle idée de s'endormir en même temps.
La fraîcheur du début de soirée me donne la chair de poule. Je sors donc de grosses moufles bleu électrique de mes poches et les enfile tout en slalomant dans la foule. Ainsi, j'obtiens un magnifique contraste entre mes gants et ma chevelure de feu.
Le soleil est de sortie, et malgré la température hivernale, la rue est bondée de personnes de tout âge. Les gens me dévisagent. Je n'aime pas le froid, aussi, dès que les températures chutent je sors toute une panoplie d'esquimau, que voulez-vous. Ce n'est pas ma faute si j'apprécie le feu et non la glace. Donc la tâche grise avec le bonnet péruvien qui court à travers la rue, c'est moi.

Deux minutes après l'heure de notre accord, j'arrive à la Matilda Bay. Cherchant à travers mon rideau de mèches mon ami Dhampire, je le trouve assis à l'ombre d'un arbre. Il ne changera jamais. Toujours à fuir la luminosité. J'enroule mon écharpe et m'approche de lui, le sourire aux lèvres.

— « Riley ! Comment vas-tu ? » J'attrape le gobelet qu'il me tend avec plaisir. « Tu me sauves la vie. Je vais finir frigorifiée par ce temps. » Je bois une gorgée du cappuccino, manquant de le laisser tomber à cause des moufles.

Entraînée par Riley, j'observe les sentiers alentours, remplis de promeneurs profitant des derniers rayons solaires. Après plusieurs goulées du liquide, mon verre se retrouve vide et je le lance paresseusement vers la poubelle la plus proche.

— « Ha. Tu as toujours ton ironique humour, mon cher. » J'attrape son bras dans un élan d'infanterie. « Les nouvelles dis-tu ? La routine quoi. Je travaille tous les jours et le week-end, j'en profite pour faire la grasse matinée et m'occuper de mes amours de chat. D'ailleurs, comment va Ash depuis que tu l'as récupéré ? Si tu as le moindre souci, n'hésites pas ! Je pourrais même essayer de te faire une réduction selon l'humeur du patron. »

D'un sourire amical, une note d'amusement vint s'installer. Le plaisir de retrouver son amie était réel, ancré jusqu'à ses prunelles, reflet de son âme. Alors, naturellement, il se laisse emporter dans cette ambiance de joie naissante, avec un entrain que peu lui connaisse. « Ton affinité avec le froid n'a pas changé dis-moi. » Sans précipitation, ils marchent au gré des feuilles du printemps, virevoltant. L'odeur des fleurs venait picoter ses narines, tandis qu'il humait avec délice, les différents parfums. Néanmoins, le Dhampire observait avec attention son acolyte et les citadins environnants, les gardant à l'œil par habitude. La prudence était devenue sa monnaie, son fil conducteur.

« — Bien évidemment, j'y tiens. » Un clin d'œil, un ton léger et enclin à l'humour. Riley tel qu'il aurait pu être, si la noirceur et les émotions ne l'étreignaient pas aussi aisément, amenant à ses côtés, remords et douleurs.

Attentif à son interlocutrice enjouée, se laissant entrainer bras dessus, bras dessous, la proximité ne l'embarrassa pas. Détail important, bien que peu utile, mais généralement, c'était un homme distant, peu tactile et facilement mal à l'aise lors de rapprochement, surtout soudain comme celui-ci. Inspirant une bouffée d'air frais, il se délecta de cette sensation de vivacité dans ses poumons. Dans son aspiration, une impulsion lui vint et d'un mouvement fluide, presque imperceptible, il embarque sa compagne dans un début de gestuels enfantins et puériles. Tel, une danse où brille une fouge ardente, de celui qui veut s'évader et sourire. Simplement, vivre et oublier pour une fois.

À peine eut-elle terminé ses paroles, que l'Artiste fait tournoyer doucement la rouquine, la surprenant sans doute par la même occasion. Son geste resta toutefois protecteur et ferme, mais presque caressant. Visualisant qu'ils étaient à présent le centre d'intérêt des passants, que des enfants s'amusaient à les pointer du doigt, gonflant pour certains leurs joues en souhaitant réaliser pareilles prouesses, car cela semblait amusant. L'éclat charmant de ses iris, sembla rire de ce spectacle gratuit, qu'ils venaient d'offrir contre le gré de la jeune femme.

« — Toi et tes chats, c'est une histoire d'amour qui perdure. » Oui, une réponse était toujours la bienvenue lorsqu'on posait une interrogation. « — Ash se porte comme un charme. Il passe la plupart de son temps sur mes genoux, et tient compagnie à Swing, mais il a encore dû mal à accepter d'être seul. » Comment évoquer une guitare par un doux nom et passer pour une demeuré ? Demandait à Riley, il saura vous répondre... Reprenant son chemin plus calmement, ne relâchant pas le bras de sa compagne du moment, l'ébauche d'un sourire qui se veut inquiet apparut. « — Je t'amènerais Ash pour un contrôle, si tu veux bien ? »

Peu à peu, le Dhampire se fit la remarque que Halloween était bien ancré à Perth et tous les ans, il s'étonnait encore des décorations, des activités et des déguisements des gens. Pourtant, cela faisant déjà quelques années qu'il était arrivé. « — Ils y vont fort cette année... » Scrutant une banderole, son excellente vue lui permit de lire les informations. « — Une fête, et même... Une chasse à la citrouille ? Quelle horreur, il doit y avoir du monde partout. »