On the road

Car, j'étais sur la route toute la sainte journée...

Doucement, sans vouloir émettre un changement, le sol se gorgeait toujours plus d'eau, ravivant la nature. C'était à l'image de ce paysage morne et embrumé que la journée se déroulait. Horriblement lentement et incroyablement ennuyeuse. L'unique avantage qui se démarquait de ce temps aux yeux de cet homme, c'était la possibilité de sortir sans craindre le soleil. Ce qu'il n'allait pas tarder à faire, car la monotonie de la matinée pesait sur ses épaules.

Soupirant faiblement, Riley s'étira, jetant un dernier regard par la fenêtre. On ne l'attendait pas au bar ce soir et aucun coup de fil, lui annonçant que sa présence était demandée pour jouer, semblait vouloir tomber. Peu à peu, la contrariété était apparue sur son visage, remplaçant l'indifférence et le flegme que l'on rencontrait généralement. Sans se presser, d'un geste mesuré, ses clés furent attrapées, alors qu'il enfilait la veste en cuir qui avait patiemment attendu sur le dossier d'une chaise.

Lorsque le musicien descendit dans la rue, s'engouffrant dans le parking souterrain, un casque se trouvait dans ses mains gantées. Quelques passants lui jetèrent un regard curieux, mais se soucier de l'image renvoyée, n'avait jamais été l'un de ses intérêts. Pourquoi s'en préoccuper ? Riley était clairement différent et ceci, depuis toujours. Ce n'était donc point son style vestimentaire qui changerait la donne. « — Où devrais-je filer ? ... » S'interrogeant à voix haute, il opta finalement pour sortir de Perth. Rapidement, le contact fut mis, enclenchant le vrombissement d'une moto sportive à la fois puissante et discrète.

L'air humide lui parvenait à travers son casque, mais loin d'être désagréable, le barman laissait ses sens dérivaient, appréciant la solitude et l'impression éphémère de liberté. Chaque nuance du paysage embrumait sa perception, les entremêlant avec soin. Malgré tout, sa concentration sur la route restait indemne. Après avoir slalomé entre les voitures, sortant enfin de la ville, le véhicule s'esquiva sur une route de campagne.

Relevant sa visière, ses iris azur détaillèrent l'horizon, tandis qu'un fin sourire égaillait son expression blasée. S'échapper un moment de son quotidien faisait partie des joies de la moto et c'était sans se soucier de la vitesse ou du danger, qu'il accéléra sur cette route peu fréquentée. Combien de temps passa-t-il à rouler, oubliant ce qui l'entourait ? Riley n'aurait pas pu le dire. Une seule certitude était présente. Pour une fois, c'était une sensation de bien-être qui l'enveloppait.

Tranquillement, la vitesse diminua et l'ébauche d'une silhouette apparut au loin. Scrutant attentivement celle-ci, curieux de croiser quelqu'un marchant sur une telle route. Être Dhampire était une malédiction, mais il avait au moins la chance de posséder des sens beaucoup plus aiguisés. Dont celui de la vue. Ralentissant à hauteur de la personne, ses yeux s'écarquillèrent sous la surprise. Serait-ce ? ... L'impression était la même. Une aura identique, la même odeur, cela lui suffit pour se garer sur le bord de la chaussée.

Enlevant son casque, Riley attendit patiemment que la jeune femme vienne à sa rencontre. D'apparence calme, son cerveau avait enclenché le mode souvenir. Sans paraitre impoli ou étrange, sa voix s'éleva. « — Bonjour... Il est plutôt rare de croiser quelqu'un sous la pluie ici. Avez-vous besoin d'aide ? »

Nulle indiscrétion, simplement une interrogation, tandis qu'il masquait son malaise. Cette personne était sans aucun doute, Johany. Que faisait-elle ici ? Optant pour la méfiance, l'artiste offrit un sourire courtois. « — Excusez-moi, j'en viens à oublier la politesse. Riley Cunningham. » Finit-il par prononcer, inclinant brièvement la tête.

Un bip-bip incessant la ramena à la réalité. La tranquillité de ce lieu haut perché disparue, remplacé par l’insistance d’un message en attente. Rien de mieux, qu’une routine hurlante pour vous rappeler la banalité d’une vie. Quoi que ? A la lecture du message, la routine sans saveur s’avéra d’un seul coup, d’un intérêt certain.

Quelques gestes de la main suffis à avoir un taxi juste avant qu’une bande de bourgeoise pompeuse ne tourne dans sa rue, telle des gazelles en pleine mer, cerné par de nombreux requins. La question étant, que vienne t’elle faire dans un quartier où leur présence en font des cibles idéale pour toute sorte de rustre, malotru, n’ayant pas de noble intention. Et n’ayant en vision en les regardant que d’imposant dollar vert prêt à être cueillit.

Le trajet en taxi fut plus rapide que ce à quoi elle s’attendais. Même si en ce lapse de temps si réduit, elle est en mesure d’énumérer le nom des membres d’une famille jusque là inconnu, sur trois générations. Son chauffeur est plus bavard qu’une ménagère dans une banlieue chic. Mais il n’en est pas pour autant désagréable.

Arrivé au lieu voulut, elle sentit une montée d’adrénaline envahir son corps, quand elle franchit le seuil de la porte. L’équipe de choc de la police était déjà sur place, quoi que très peut nombreux, à aller et venir dans la maison, sans se rendre compte de son arrivé. Comme d’habitude ! Pourquoi prendre le soin de l’appeler, si sa présence ne fait pas plus d’effet de cela. Sans s’en formaliser elle fit le tour des lieux, analysant au mieux la situation. Quand elle finit enfin par croiser le lieutenant bon chic, bon genre, elle fut couper en plein milieu de sa phrase, le bon lieutenant de voulant pas de reproche public. Il s’avère que l’affaire n’avait rien de bien compliqué, que donc ces services n’étaient point nécessaires. Justement, la moitié d’entre eux était déjà partit. Ne voulant pas être plus désagréable qu’à l’ordinaire, elle se contenta d’un regard noir, d’une mauvaise mine accompagné des yeux au ciel, sans oublier un départ remarqué.

Enfin, pas autant remarqué que ce qu’elle avait imaginé. Il s’était fallut très peu de temps pour qu’ils plient tous bagage, en la lassant planter devant la maison, à plusieurs kilomètre de la ville, avec pour seul transport ces talons haut. Voici la preuve de sa transparence. Un air renfrogné sur le visage, un soupire, un coup de pied pour faire valser les quelques cailloux sur la route, et la voilà partit en direction de la ville.

La marche ne lui fessait pas peur. C’était même tout le contraire, sur une petite route de campagne comme celle-ci. Le paysage la laissait indifférente, mais le silence environnant l’enchantait. Silence qui se brisa quand le ronronnement d’un moteur se fit entendre. Une moto qui se dessinait au loin, se rapprocha à une vitesse folle. Surement un fou de vitesse qui vient de remplir sa carte de don d’organe.

- En effet, un véhicule ne serai pas de refus par ce temps.

- Johany Rosinbash, enchanté je présume. Nous n’avons pas l’air d’aller dans la même direction, si toutefois vous repasser par la en rentrant vous pourriez me prendre.

Elle ne sera pas plus mouillé il elle continue de marcher, ou si elle monte sur cet engin. Elle sera juste rentrée plus rapidement. Voulant continuer son chemin elle marcha en direction de l’endroit au était posé la moto.

 
 

On the road

Car, j'étais sur la route toute la sainte journée...

La réponse qui tomba ne l'étonna guère, autant dans le ton, que dans la manière de parler. À travers cette femme, c'était sans l'ombre d'un doute, celle qu'il avait connue. Retenant un sourire énigmatique, ses prunelles se teintèrent de remords, alors que la mélancolie et la douleur l'envahissaient, prenant le pas sur toutes les autres émotions. « — Enchanté, Johany. » Le prénom avait glissé, imperceptiblement entre ses lèvres, lourde de sens pour celui qui savait. Néanmoins, Riley ne pouvait point se permettre de se laisser submerger aussi aisément, à la vue de son interlocutrice qui ne le reconnaissait pas. Comment aurait-elle pu ? Et, si la surprise de la savoir vivante avait vibré un instant dans chacune des fibres de son corps, c'était presque avec nonchalance qu'il avait accepté le fait. Lui-même était un Dhampire et le temps n'avait que très peu d'impact sur son apparence.

Accompagnant la jeune femme jusqu'à son véhicule, il l'invita d'un geste, désignant son casque au passage. « — J'avais l'intention de revenir en ville d'ici peu. Alors, je vous en prie, si vous souhaitez éviter d'être davantage trempée... » C'était une simple suggestion de sa part, par courtoisie, mais pas seulement. Riley hésitait d'ailleurs, cela devait s'apercevoir, car il détaillait la demoiselle avec nostalgie. Un faible soupir lui échappa et ce fut avec un sérieux perturbant, se figeant face à Johany. Mentir n'était pas dans ses habitudes et le besoin de savoir, l'entravait.

Inspirant profondément, tout en triturant sa boucle d'oreille, l'artiste enleva sa veste, la tendant avec un sourire discret, incitant la demoiselle à la mettre pour se réchauffer. « — Elle vous protégera du vent. » Riley n'avait pas pour habitude de prêter son camarade cuir, mais c'était presque plus fort que lui. Hésitant à se détourner, il s'inclina brièvement dans un geste d'excuse. « — Je ne sais pas réellement ce qu'il s'est passé et il est certain que vous ne vous souvenez pas de moi. Mais, nous nous connaissons Johany. » C'était presque vrai, car il se doutait de ce qu'il s'était passé, mais ne souhaitait pas paraitre brusque.

Il aurait pu aussi ajouter qu'il était sincèrement désolé de l'avoir abandonné. Peut-être qu'ajouter que les remords la concernant ne cessaient pas de le ronger et qu'il s'était quelques fois laissées prendre par le chagrin de ses regrets. Mais, à quoi bon ? La peine engendrée suffisait comme punition et son état de Dhampire, assimilé à sa sensibilité, valait suffisamment comme châtiment. C'était simple, il l'avait laissé tomber. « — Excuse-moi. » Deux mots, qu'elle ne comprendrait surement pas, mais il les prononçait davantage pour lui-même, que pour la demoiselle.

Elle c’était mise en tête qu’elle rentrerait à pied, mais le geste de l’homme lui offrant son casque, lui fit accepter sans se poser de question. Elle n’avait pas grand chose à perdre. Elle ne croit même pas que cela pourrait lui être un brin positif. Elle avait tellement l’habitude d’ignorer le monde qui l’entoure qu’elle ne remarqua pas un seul instant l’insistant regard que l’homme portait sur elle. Elle ne fessant attention à personne, ne remarquant même pas la différence entre une foule et une rue déserte. Comment pourrait-elle se rendre compte d’une attention qu’on lui porte. Pour cela il faudrait qu’elle relève le menton, qu’elle ouvre les yeux, et qu’elle accepte de voir. A force de se forger une carapace tout autour d’elle, elle vit dans une forteresse, dont elle n’arrive plus à voir le monde tellement la muraille est haute.

Au moment où il lui proposa sa veste en cuir elle se rappela aussitôt que ce geste lui était familier. Son amour le fessait à chaque fois qu’elle avait froid. Une pointe de nostalgie vint lui pincer le cœur. Même si à chaque réincarnation elle s’efface complètement, les sentiments sincères qu’elle éprouvait pour lui ne sont jamais complètement partit. Elle ne peut qu’imaginer les moments qu’ils ont pu passer ensemble, à l’aide de ces carnets. Mais l’infime sentiment d’amour au fond de son cœur n’est pas le fruit de son imagination. Elle le sent, le sait.

Elle ne pouvait en aucun cas contredire cet homme qui semblait la connaître. Si son amour était encore vivant, elle ne saurrait pas le reconnaître. Son propre frère n’est qu’un nom sur un carnet.

- J’ai rencontré tellement de monde dans ma vie, je ne peux pas me souvenir de tout le monde.

Elle croise une personne dans la rue, et il croit qu’elle lui sautera dans les bras la prochaine fois qu’ils tomberont l’un sur l’autre. C’est mal la connaître. Disons plutôt que ce n’est pas vraiment son genre, pas dans cette vie. Elle ne revoit jamais les personnes de son passé. Elle n’a pas vraiment sut créer de lien. Les seules personnes qui ont compter dans sa vie sont tous mort. Elle ne sait pas comment se comporter devant une personne qui réapparaît, qui n’à rien oublier de leur moment passé ensemble.

C’est deux mots d’excuse ne l’atteignit pas. Non qu’elle n’ait pas de cœur, cela fait bien longtemps qu’il est enfouit à l’abri des souffrances. Elle n’a tout simplement pas entendu. Elle n’aurait pas compris de toute façon.

Sans perdre un instant elle enfourcha l’engin, n’attendant plus que le propriétaire pour partir.

- Il serait temps d’y aller, autrement votre geste n’aura pas servit à grand chose, lui fit-elle en lui montrant la veste qui commençait à lui tenir chaud. Bonne qualité au faite !

Elle ne savait pas trop si la réponse valait vraiment le coup d’être entendu mais elle posa tout de même la question. Est-ce un homme parmi tant d’autre, où a-t-il marqué son existence ? Si seulement elle pouvait se rappeler, tout serait plus simple.

- Comment nous sommes nous connus déjà ? Quand ?

Elle avait bien remarqué la jeunesse de cette homme, mais au vu de ce qu’elle même était, plus rien de l’étonnait. Elle était curieuse de savoir comment d’autre personne gérait ce genre de vie. Elle a toujours été persuadé ne pas être une exception. Mais elle n’a jamais rencontré quelqu’un comme elle. Où alors elle ne s’en rappelle plus.

L’histoire d’une personne est tout se qui la caractérise, tout ce qui fait d’elle ce qu’elle est. Sans ces carnets remplient de souvenir, elle ne serait qu’une personne qu’on réinitialise à l’infini. Elle ne se rappelle pas ces vie, mais elle sait au moins ce qu’elle en a fait. Dans les grandes lignes, c’est déjà sa.

 
 

On the road

Car, j'étais sur la route toute la sainte journée...

Les souvenirs étaient indissociables du temps s'écoulant doucement à ses yeux. Tel un fleuve assoupis dans son lit. C'était un chemin épineux semé de doutes et de remords. Parfois, d'espoir, mais surtout d'une envie. Une envie d'oublier. Mais, remettre ses choix sur le tapis, expier les mauvais qu'il avait pris, c'était transformé en routine. Un quotidien de mélancolie qu'il traînait comme sa carcasse. Le fantôme de Johany était apparu bien des fois devant ses mornes prunelles. À présent, elle se tenait devant lui. Égal à celle que le Dhampire avait soutenu avant de s'évaporer dans la nature. La délaissant, elle et la souffrance qui l'accaparait. « — Bien évidemment, ne vous soucier pas de ce que je viens de vous raconter. »

Se détournant, Riley se perdit dans l'observation du ciel nuageux, appréciant la fraicheur des gouttelettes venues se poser sur son visage. Quel était le nom de ce sentiment déjà ? C'était un malaise, de ceux qui vous font tanguer, allant jusqu'à étreindre votre cœur avec force. Vous enchainant à des images et marquant vos regrets au fer rouge sur la modeste âme qu'il possédait. Rejoignant son véhicule, il grimpa à son tour. « — Effectivement, et avant que nous ne ressemblions davantage à deux serpillières si possible. » Un brin d'humour et de sarcasme, qui lui était si caractéristique parfois. Pourtant, l'envie d'en faire et de se laisser tomber dans la dérision, n'était pas évidente en ce moment-même. « — Cette veste me suit partout, elle doit être de bonne facture pour tenir aussi bien le coup. » Inconscient, il poursuivait sur la route sinueuse d'un jeu de non-dit, de phrases retenues ou de réponses inutiles.

S'égarant un instant, le musicien espérant un instant ne s'être jamais arrêté. Que ce serait-il passé s'il était finalement resté chez lui ? Sans doute ne l'aurait-il jamais revu. Ou non. Le hasard était lié au destin, lui avait-on, lorsqu'il était un enfant. Des mots prononçaient par son paternel, peu de temps avant qu'il ne les abandonne à leur propre sort. Maudit. L'unique son revenant tel un disque rayé à ses oreilles. Une note significative et une vibration trainante, presque une lame émoussée qui ne se lassait jamais de lui rappeler sa faiblesse.

Tournant la clé sur le contact, Riley fit ronfler la Triumph, calculant ce qui devrait répondre à cette interrogation. S'intéressait-elle finalement à ce qu'il disait ou était-ce pour poursuivre ce début de conversation chaotique ? « — Tu souhaites réellement entendre une réponse ? » Le tutoiement était arrivé naturellement. Une chose était certaine, le barman ne pouvait être plus clair pour exprimer le fond de ses pensées. Néanmoins, alors qu'il s'apprêtait à prendre le trajet du retour, il baissa sa garde. « — Sur la route, se trouve un pub sympa. Discuter devant un café sera sans doute plus sympa qu'ici. » N'attendant pas réellement de réponse, il lui fit signe de s'accrocher et le véhicule reprit son petit bout de chemin.

***

Aucune parole ne fut prononcé pendant les dix minutes qui les menèrent aux abords d'un carrefour. D'un signe de main, le Dhampire désigna l'établissement dont il parlait, amenant la moto devant et coupant le moteur. Il attendit patiemment que la jeune femme descende, pour en faire de même. « — J'espère que cela ne te dérange pas de t'arrêter ici ? » Une question qui n'en n'était point une.

L'invitant à le suivre, Riley s'installa à une table dans le fond, préférant la discrétion et le mur rassurant derrière lui, que d'autres clients. Lorsqu'il fut rejoint, un sourire discret, mais franc, se glissa sur ses lèvres avant de disparaitre tout aussi rapidement. « — Nous nous sommes connus avant... ta disparition. » Il poursuivait la conversation, comme si cette dernière ne s'était jamais arrêtée. Soufflant, il releva les yeux vers une serveuse, s'adressant à celle-ci avec courtoisie, inconsciemment charmeur. « — Un... Irish Coffee et un... » Laissant à Johany le temps de répondre, il ne soucia que très peu de sa commande, peut-être surprenante en cet après-midi. Mais, il avait besoin de sentir cette boisson réchauffée sa gorge, lui rappelant son pays natif. « — Es-tu toujours psychologue ? » Par ces mots, il démontrait que ses propos étaient véridiques, qu'ils se connaissaient bel et bien d'avant.

Les chose s’était enchainées si vite. A peine avait-elle pris place sur la moto, qu’elle avait eu l’impression d’être déjà arrivée devant ce fameux bar. Elle n’avait pas vraiment eu le temps de répondre aux questions que lui posait Riley, mais il ne semblait pas en attendre non plus. Elle c’est laissé emmener, bercer par le ronronnement du moteur, sans réfléchir, elle à laissé son instinct prendre le dessus, lui dicter son chemin.

- Un café serré. C’est un peu tôt pour boire, enfin pour moi.

Sa disparition. Elle ne le formulerait pas de cette façon. Ma c’est délicat comme sujet, elle comprend que cela ne doit pas être évident d’en parler. Surtout pour une personne qui compte.

- Psychologue ? (rire) Non, pas vraiment. Je suis consultante auprès des forces de l’ordre. J’analyse les scènes de crime, je fais des profils. Parfois j’entre dans la tête des criminels.

La serveuse arriva au bon moment avec les boissons plus tôt commandé. En une gorgée elle sentit son corps se ranimer. Le froid, la pluie l’avaient coupée de tout ces sens. La chaleur était en train de les raviver, à son plus grand soulagement.

- J’y ai pensé, être psychologue, bien sûr. Mais j’ai préféré, prendre du recul, rester à l’écart. Vous vous souvenez assez bien de moi, pour me dire comment j’étais, à l’époque?

Elle l’a lut, dans sa seconde vie, elle était psychologue. D’après ce qu’elle a marqué, elle avait l’air d’apprécier son métier.

- Et vous, que faites vous dans la vie ? Que fessiez-vous sur une route de campagne par un temps pareil ?

Cet inconnu assis en face d’elle, lui procurait un sentiment étrange. Un sentiment qu’elle n’arrivait pas à identifier. Pour cause, elle ne l’avait jamais ressentie. Ce fameux sentiment que l’on qualifie de « déjà vu ». Ne pas pouvoir l’expliquer. Ne pas avoir de réponse à ce « pourquoi et comment ? ».Mais avoir la ferme conviction que cette personne est tout sauf un pur inconnu.

Elle sentait aussi une certaine aisance en sa compagnie. Chose qui lui était totalement inconnu jusqu’à présent, dans cette vie tout du moins. Elle commençait néanmoins à apprécier. Pouvoir discuter, être ainsi à l’aise avec une personne, pouvoir même se confier. Et chose importante pour elle, pouvoir parler de son passé, auquel elle se raccroche comme à une bouée de sauvetage.

- J’aimerais vraiment en savoir plus sur notre passé commun.

Une dernière gorgée et sa tasse de café est désormais vide. Un signe de la main à la serveuse, et elle tient une source de chaleur si réconfortante entre ces mains. C’est peu être cela, et la situation en elle même qui l’a rend moins revêche. Mais elle à l’air presque gentil vu de l’extérieur. C’est surement parce qu’elle est tout au fond d’elle, même si elle ne veut pas le montrer. Elle se préserve, s’isole intentionnellement pour éviter de souffrir. Ne sachant pas quoi faire d’autre pour se protéger un mal que l’on ne peut pas soigner. La douleur psychique. Malgré ces nombreuses qualifications, elle n’a pas trouvé le moins d’apaiser sa peine, quand elle arrive sans prévenir, qu’elle ravage tout sur son passage, qu’elle la ronge de l’intérieur.

 
 

On the road

Car, j'étais sur la route toute la sainte journée...

La nonchalance était son salut. Masquant le livre ouvert qu'il pouvait être lorsque ses émotions l'encerclaient. Elle le berçait de sonorité éphémère, mais rassurante. Un refuge ou une carapace, personne n'aurait pu dire. Seul le reflet azuré de ses prunelles, s'exprimait inconsciemment. Révélant ce qu'il souhaitait oublier. C'était un éclat électrisant et hypnotique, presque paralysant pour celui qui s'y perdait. Le miroir d'une âme meurtrie. Et, cette femme pouvait aisément faire ressortir l'image de celui qu'il reniait avec force.

Nul ne fut ajouté de sa part. Aucun geste ne fut esquivé. Seul un silence et des mots retenus. Des mots que Riley ne prononcerait sans doute jamais. Ses doigts vinrent entourer sa tasse, mais ne la saisissant pas plus. Laissant la chaleur se répandre, ne la ressentant pas réellement, le dhampire releva les yeux et l'ébauche d'un sourire vint effleurer ses lèvres. « — Je vois. Tu es restée égale à toi-même. » C'était une remarque murmurée davantage pour lui-même, qu'autre chose, mais elle était significative. L'écoutant poursuivre, quelques gorgées vinrent brûler sa langue, alors qu'une grimace se dessinait. La douleur lui donnait néanmoins l'impression d'être plus humains que jamais... Évincer ou non, l'interrogation ? Telle était le doute. Peut-être n'était-ce pas à lui d'en parler ?

Finalement, une autre question vint rompre le fil de ses pensées, alors qu'il commençait à pianoter sur la table, exerçant inconsciemment un rythme régulier bien défini. « — Je ne fais rien d'aussi exceptionnel que toi. Et, je t'en prie. Tutoie-moi, j'en fais déjà de même donc ne sois pas gênée. » Bien qu'il doutât fort que se fusse le cas. Avalant une énième gorgée, il reprit bien vite, avec une mimique presque embarrassée de l'aveu qu'il allait faire.

« — Je ne suis qu'un barman, artiste à ses heures perdues, qui ennuyé d'attendre chez lui, a décidé de mettre le nez dehors et de profiter du temps morne pour s'offrir une ballade loin de la ville. » Toujours cette pointe d'humour et des propos où il se dénigrait. Terminant sa tasse, ses bras se croisèrent, tendit que l'homme se laissait retomber contre son dossier, fixant le plafond et se remémorant ses propres souvenirs.

Incapable de déterminer combien de temps il laissa le silence alourdir l'atmosphère, bien qu'il ne fût pas gêné, ce fut un grognement presque animal, qui mit fin à son propre dilemme. S'ébouriffant les cheveux d'une main, Riley se décida à ouvrir la bouche. « — Je répondrais à toutes tes questions, si je le peux. » Levant un doigt, telle une annonce aux différentes étapes qu'il s'apprêtait à énumérer, il poursuivit avec sérieux. « — La première fois qu'on s'est rencontrée, tu étais... Hmm... Lumineuse, je dirais. Tu semblais baigner dans la bonne humeur, alors que je broyais du noir. »

Se mordillant nerveusement la lèvre inférieure, scrutant chacune des réactions de Johany. « — La relation qu'on avait, est assez compliquée à définir. J'ai été ton patient pendant un moment, pas le plus réceptif je pense, d'ailleurs. » Un ton presque plaisantin, avant qu'il ne reprenne avec sérieux. « — Puis, nos chemins se sont décroisés, avant que l'on se retrouve cinq ans plus tard, je crois. » Le temps n'ayant pas d'effet sur lui au même niveau que les Hommes, parfois le définir n'était pas aisé. « — Lorsque je t'ai revu, tu... avais changé. Et, j'ai été présent pour toi après la... disparition de ton... enfin de cet homme. »

Soupirant à s'en fendre l'âme, il s'inclina brièvement, avec sourire d'excuse sur le visage. « — Je suis désolé, j'ai disparu quand je pensais que tu allais mieux... Mais, ce n'était pas le cas. » Que pouvait-il dire de plus finalement ? Les regrets se lisaient à travers l'azur de ses iris et douter de la sincérité de ses mots, seraient impensables. « — Si tu as d'autres questions, je t'écoute Johany. Mais, tu semblais écrire dans un carnet ce que tu ressentais à un moment. As-tu toujours ce journal intime ? ... » Il n'était pas certain de ce qu'il avançait. L'unique chose qu'il savait, c'était que plus d'une fois, Riley l'avait observé silencieusement écrire dans un carnet, sans jamais poser de question ou chercher à en savoir plus. « — Si cela en est un bien-sûr. D'ailleurs, sans vouloir te paraitre indiscret... » Jetant un coup d'oeil autour d'eux, sa voix baissa de plusieurs octaves. « — Qu'es-tu réellement ? ... Même si je parierais assez facilement sur l'un plutôt que d'autres. » Restant très évasif sur ses paroles, ne préférant pas énoncer le fond de sa pensée. « — Tu n'es bien évidemment pas obligé de me répondre, mais si cela peut te rassurer, je suis... de ton côté. » Pour la première fois, il offrit un véritable sourire. L'un de ceux qui éclairaient son visage, lui rendant une expression enfantine et joyeuse.

Elle l’observait avec attention, ne voulant pas rater un seul de ces mots. Sa concentration se dirigeait exclusivement sur Riley. Elle avait hâte d’en apprendre d’avantage sur … elle même. De savoir comment elle avait été perçue, si elle avait été appréciée. Peu importait, car soudainement, en cet instant précis, son carnet ne lui suffisait plus. Elle avait besoin de plus que de simples mots sur des centaines de pages. L’unique chose qui fessait défaut dans sa vie présente, le contact humain. Ce rapport aux autres, ce dialogue, cet échange. Jusqu’à maintenant cela ne l’avait pas vraiment manquée, mais peut-on regretter une chose dont on n’a aucun souvenir ? C’est cette rencontre qui a déclenché cette envie.

Malgré tout cela, elle ne voyait pas le tutoyer de sitôt. Parce que, peu importe ce qu’il déclare. En ce qui la concerne, c’est un total inconnu qu’elle viens tout juste de rencontrer, sur le bord d’une petite route déserte. Comme le veut la politesse, on doit vouvoyer une personne que l’on ne connaît pas. Bien sûr ils ne disent rien sur le protocole à suivre quand cette dite personne vous à connue dans une autre vie, littéralement.

- Un artiste ?...

Son ton interrogateur signifiait qu’elle réfléchissait à tout ce qui lui traversait l’esprit en ce moment même.

- Quel genre d’artiste êtes vous donc, peintre, musicien, chanteur peut être bien ? Une voie rauque et puissante, ou enfantine à pleurer ?

Contrairement à ce que l’on pourrait croire en l’entendant elle n’avait rien contre les artistes, bien au contraire. Elle espérait en secret que ce jeune homme devant elle soit un dieu du pinceau. Par contre elle n’aimait qu’à moitié les soit disant chanteurs incapable d’aligner deux notes.

- Et dites moi Riley Cunningham, quel genre de personne êtes vous pour sortir par un temps pareil ?...

Elle était vraiment très désireuse de savoir à qui elle avait à faire. Elle n’avait pas vraiment d’idée précise en tête, mais était persuadé qu’en creusant un peu elle découvrirait bien une chose ou deux.

Pour la qualifier de « lumineuse » il a dût la connaître lorsqu’elle était avec son amour. Ce n’est que durant ces années là que ce mot lui sciait à la perfection. Au mot « patient » elle commença aussitôt à fouiller dans sa mémoire, ce qu’elle avait lu dans ces carnets. Il disait surement la vérité, elle en était désormais persuadée. Même si son prénom ne lui disait toujours rien, son regard débordait de sincérité Elle ne pouvait pas ce rappeler du nom de tout les patients qu’elle avait eu, surtout s’étendant sur autant d’années. En plus, dans ces lignes, elle n’a dût écrire, pour chacun d’entre eux, que leur initiale.

Elle n’en revenait pas. Comment était-ce possible ? Comment a-t-il put ? A-t-il sut ? Personne. Non, personne n’en avait jamais parlé. Elle resta figé, comme paralysée, de ces membres, ces pensées. Dans cette vie elle n’avait eu que de l’ancre noire sur des feuilles blanches en ce qui le concerne. Mais l’amour au fond de son cœur était si intense, puissant, intemporelle, inébranlable, qu’il avait survécut à sa mort. C’est grâce à ces carnets qu’elle avait compris son sens. Une larme perla sur sa joue, suivie par bien d’autres qu’elle essaya de balayer d’un revers de main, sans grand succès. Ces mots prononcés l’avaient ébranlé au plus haut point. Cela avait été si imprévu, si soudain, si inattendu. Alors bien évidemment si troublant, douloureux, et envahissant.

Les paroles suivantes de Riley s’enchaînaient sans qu’elle n’en perdre un seul mot. Même si sa concentration n’était plus aussi forte qu’au début de leur conversation. Elle essuya la dernière larme qui n’avait pas encore eu le temps de couler, puis répondit.

- Je ne l’appelle pas un « journal intime », ce sont plus des carnets, murmura-t-elle.

Quelques secondes passèrent.

- C’est une indiscrétion auquel je ne m’attendais pas. C’est si personnel, et puis je croyais que tu me connaissais ? Et toi qu’es-tu au juste ?

Ce genre de question ne fessait surement pas partit de son lot quotidien, mais la tentation était bien trop grande pour qu’elle passe à côté de cette occasion d’aborder le sujet. En parlant d’elle, elle en saurait d’avantage sur l’homme assis en face d’elle. Et c’était certain, elle en mourrait d’envie.
Regardant autour d’eux pour s’assurer qu’ils n’étaient pas écoutés, elle approcha son visage tout près du sien. Il n’était plus qu’à une quinzaine de centimètres l’un de l’autre.

- Je suis un phénix, murmura-t-elle dans un souffle.

Elle ne l’avait jamais dit à personne, mais personne ne lui avait demandé non plus. Elle en oublia presque leur passé commun, cette décharge d’adrénaline l’avait reboustée, tout en la déviant de la conversation originale.

- C’est à ton tour de te dévoiler, lui avait-elle susurré sans s’en rendre compte, comme pour le charmer, le séduire. Ce qui n’était pas du tout son intention. Elle souhaitait seulement savoir ce qu’elle avait sous les yeux. Elle voulait en découvrir plus sur cet homme.

Cette adrénaline lui donnait des ailes, elle se sentait se libérer. Chose dont elle n’avait pas l’habitude. Elle repris ces esprits avant de rajouter une absurdité, reprit sa place initiale sur son fauteuil, et fit signe à la serveuse qu’elle lui remette la même chose. En un quart de seconde elle reprit son regard impassible, son ton froid. Les larmes se remirent à lui monter aux yeux, mais cette fois-ci elles s’arrêtèrent là. Elles avaient assez coulées à son goût.

Ce sentiment qu’elle sentait continuellement en elle, prit une tout autre mesure, l’envahissant entièrement.

- Vous étiez mon patient … et puis vous êtes partit … pour revenir … pourquoi ?

 
 

On the road

Car, j'étais sur la route toute la sainte journée...

Le rictus délassé flottant sur ses lèvres se figea un instant, alors que l'amusement vint dérider imperceptiblement ses traits constamment renfrognés. Nulle réponse se fit entendre. Cette dernière tomberait plus tard. Pour le moment, l'homme optait pour poursuivre simplement, alignant néanmoins dans un coin de ses pensées, les questions le concernant. Questions auxquelles il devrait répondre. Pourtant, d'un geste bref, Riley acquiesça légèrement, démontrant par celui-ci, qu'il avait bel et bien entendu et qu'il n'ignorait pas ce que la jeune femme prononçait.

« — Je suis le genre de personne à fuir notre tendre et chaleureux astre solaire, pour des raisons de santé. » La curiosité n'était pas masquée et il savait lire à travers les lignes des expressions. C'était à la fois agréable et perturbant d'avoir enfin réussi à totalement capturer l'intérêt de Johanny. Agréable, car la sensation de revoir et pouvoir communiquer avec cette dernière l'égayer. Il retrouvait une amie. Perturbant, car c'était un fait : être le centre d'une conversation ne lui plaisait guère.

Poursuivant son maigre récit, évoquant ses souvenirs et offrant les réponses qu'il pouvait. Le dhampire guettait chacune des réactions traversant ce visage qui lui avait manqué. Apercevant un flot d'émotions à l'évocation du bien-aimé de la rousse, Riley serra les poings. Faisant ainsi blanchir les jointures de ses doigts, tendit que tout son être se raidissait. Aucun mouvement de sa part ne fut réalisé. Préférant simplement le silence reprendre son dû et se taire. Avait-il trop parlé ou manqué de considération ? Peut-être. Patientant calmement, ne cherchant en aucun cas à davantage brusquer la demoiselle, Riley détourna ses orbes azurés sur le paysage morne qui s'étalait à l'extérieur. La pluie ne semblait pas vouloir se calmer et le rideau gris qu'offraient les nuages, lui annonça qu'il pourrait rentrer chez lui sans craindre un rayon de soleil.

Observant du coin de l'oeil son interlocutrice se calmer, il reprit, terminant ce qu'il devait dire, rapidement. « — Je te connais plutôt bien, mais ni toi, ni moi, avons un jour évoquer ce sujet. Nous avions bien d'autres problèmes en vue pour voir un intérêt à parler d'un simple détail. Détail qui ne se posait par vraiment à ce moment-là en plus, car je n'imaginais pas une seule seconde que tu puisses être différente de la plupart des gens. » Car, effectivement, jusqu'à ce qu'il la revoie, jamais il ne s'était posé la question. C'était rare, mais aucune ironie ou tentation d'humour avait traversé ses propos.

La proximité naissante, lui arracha un mouvement de recul et inconsciemment, l'embarras vint s'inscrire sur son visage. Il n'était que trop peu habitué à présent à une approche aussi direct et lorsqu'il l'entendit, un léger rire finit par sortir de sa gorge. Surpris d'entendre un tel son venir de lui, Riley tenta de reprendre rapidement contenance. Le moment était donc venu. Grimaçant, il recommanda en même temps que la jeune femme. Alors, qu'il réfléchissait à ce qu'il pouvait évoquer et surtout, à ce qu'il souhaitait dire, une autre question vint à lui.

Pourquoi, n'est-ce pas ? Triturant sa boucle d'oreille, alors que les boissons étaient posées devant eux, il fixa la mousse recouvrant le liquide. « — Je ne suis pas réellement revenu. Nous nous sommes croisés par hasard... Et, je suis restée à vos côtés par envie. Peut-être que je voulais vous rendre la pareille, même si je n'ai jamais été un patient très loquace, vous m'aviez aidé. » Relevant les yeux, il observa les prunelles de Johany. Ces dernières brillaient de larmes, sans doute, retenues. Attrapant sa tasse, il fit jouer ses doigts autour du bord, avant de souffler.

« — Dhampire. » Un unique mot. Quelques lettres qui le définissaient. Savait-elle ce que s'était ? Il n'en avait pas la moindre idée, mais si besoin, l'homme lui expliquerait. Avalant une gorgée, Riley prit son temps avant de rouvrir la bouche, choisissant ses mots avec soins. « — À l'époque où l'on s'est connue, j'ai eu un accident. Qui était en grande partie de ma faute. Tu as d'ailleurs tenté plus d'une fois de me faire dire, ce que je ne pouvais pas prononcer. » Un brin de nostalgie, des images qui reviennent des méandres de sa mémoire. Sirotant doucement sa boisson, se faisant la réflexion, qu'il allait devoir avaler quelque chose, il reprit.

« — Si je te disais que j'ai une petite soixantaine d'année, me croiras-tu ? ... » Un léger sourire, l'amusement perçant sur son visage. « — Bref, je suis différent, comme toi et c'est d'ailleurs à cause de celle-ci qu'on m'a poussée à venir te voir. Tu étais en Irlande à ce moment-là et quand je suis partie, c'était uniquement pour des raisons personnelles. » Il avait recommencé à pianoter sur la table, fredonnant inconsciemment le début d'un air de vieux Rythm'n Blues. Son regard fut attiré par l'horloge. Comment le temps pouvait-il passer aussi vite parfois ?

« — Devrait-on poursuivre cette conversation ailleurs ? » Un peu charmeur, mais surtout séduisant, la question qui en résulta devint presque gênante finalement, bien qu'il fut inconscient de ce détail. « — Cette affiche... Te souviens-tu avoir écrit à propos d'un diner dans ce restaurant en France ? » Le prospectus l'avait interpellé alors qu'il fixait l'aiguille. Sous cette dernière, un fond obscur, dégageant l'ambiance d'halloween, mais le nom de l'établissent était identique à celui où ils avaient jadis mangé. « — Une atmosphère charmante et une intimité certaine. Des plats délicieux, je me souviens même d'un sourire et pourtant, ils étaient rares en ces temps-là. Devrions-nous, nous y rendre ? » Riley parlerait de lui plus facilement dans un endroit plus intime.

Le mot vampires ne lui était pas étranger. Elle avait lu suffisamment de livres, vu tant de films qui traitaient de ce sujet là. Mais pour elle cela restait une histoire. Enfin, cela en resterait une jusqu’à ce qu’elle en croise un. Ce genre de mythe ne lui a jamais fais peur. Elle s’est bien entendue demander s’ils existaient vraiment. Vu ce qu’elle même était, rien ne semblait impossible à ces yeux. Mais jamais durant ces trois vies elle n’avait rencontré de pareils êtres. Ou bien, elle ne s’en était pas rendue compte.

Elle a toujours été persuadé ne pas être la seule à avoir une différence de ce genre. Elle attendait ce moment avec impatience, celui de rencontrer une personne avec quelque chose de spécial. Et c’était le cas en ce moment même, il était en face d’elle.

L’intrigue était encore plus palpitante qu’elle n’avait jamais entendu parler de « dhampire ». Elle voulait tout savoir à ce sujet, mais aussi sur tous les autres mythes. Sont-ils tous réels ? Tant de questions lui traversant l’esprit qu’elle ne savait pas laquelle poser en première. Mais une pensée vint l’arrêté avant qu’elle ne prononce le moindre mot. Et si il ne voulait pas en parler ? Cette réflexion eu raison de sa curiosité, elle n’aborda pas le sujet, enfin, pas maintenant.

Cet indice, « l’accident », aurait pu l’aider à se rappeler de ce qu’elle avait écrit dans son carnet à ce sujet. Mais les détails sur les patients ce bousculait bien trop vite dans sa tête, pour qu’elle ne trouve le bon. Celui qui l’aiderait à situer cet homme dans sa vie.
Un rire retentit. Un de ceux qu’elle ne fait plus depuis bien longtemps.

- Je te croirais sans le moindre doute, je ne fais pas mon âge moi non plus ! Ce sourire lui resta un moment avant de s’estomper, mais pas entièrement.

L’Irlande ne pourra jamais lu être inconnu, un si beau pays ne peut être oublié. Même si son amour a sans doute rendu ce pays encore plus magnifique à ces yeux. L’Irlande est synonyme de beaux jours, de chaleur humaine, de grandes joies. La plus belle période de sa vie !

A la question de Riley, sa réaction fut immédiate. Elle se leva d’un bond, tout en grâce, prête à partir.

- Cela n’était pas dans mes intentions, mais si vous insister allons-y.

Elle n’eut pas le temps de poursuivre comme elle l’aurait voulut, tout en ironie et sous entendu. L’affiche qui attirait l’attention de Riley vint à son tour retenir son attention.

- Je me rappelle d’une vague annotation … un restaurant en France … un rire si rare … et toi.

Ce n’était pas vraiment de lui en particulier qu’elle se rappelait, mais d’une personne présente à ses côtés, sur qui elle était sûre de pouvoir compter. Alors, comme si elle venait de le reconnaître, un sourire se forma sur son beau visage, l’éclairant comme à la belle époque. Cette personne lui avait été si chère, qu’elle avait plus décrit sur ces si nombreux gestes de bienveillance envers elle, que son simple nom. Ravit d’avoir l’opportunité de pouvoir refaire sa connaissance une seconde fois, dans de meilleurs circonstances, elle accepta son offre et ils firent la route jusqu’au fameux restaurant.

Ce n’était pas celui de France mais le lieu n’en était pas moins agréable. Une table à l’écart, des banquettes confortables, une décoration aux couleurs de l’événement. Une ambiance propice au sujet qu’elle souhait aborder. Cela lui semblait le bon moment pour commencer à lui poser ces questions, qui pouvaient se résumer en une seule.

- Pourrait tu m’en dire plus sur ton statut de dhampire ? Et sur les autres différences que les gens peuvent avoir.

Une amabilité certes rudimentaire mais pour le moins surprenante venant de sa part. Certainement dut au faites de l’identité de son interlocuteur.